Gestion d’actifs : l’industrie toujours résiliente
La gestion d’actifs tient tête à la pandémie liée à la Covid-19. Alors que le marché actions continue à en faire les frais, la gestion d’actifs, elle, devient de plus en plus performante.
L’industrie de la gestion d’actifs brave la crise sanitaire et continue de prendre de l’ampleur. Avec plus de 492 fonds gérés par 17 sociétés de gestion, l’encours net des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) a atteint 493,31 MMDH au terme de la séance du 09 octobre 2020, marquant ainsi une croissance de 8,52% en glissement annuel, selon les dernières données de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM). L’actif sous gestion s’est même accru de 4,83% depuis le début d’année, ce qui équivaut à une collecte nette en hausse de près de 20 MMDH. Une performance qui a été portée essentiellement par les fonds monétaires, mais surtout par les OPCVM Obligation moyen et long termes (OMLT). Ces derniers se sont bonifiés de 9,63% par rapport à la fin de l’année 2019 (l’équivalent de 23 MMDH) portant ainsi l’encours total à plus de 301 MMDH. Sur la même période, l’actif géré par les OPCVM monétaires, s’est, de son côté, apprécié de 5,27% à 62,61 MMDH. Certes, les OPCVM contractuels enregistrent des progressions à deux chiffres, mais leur pondération reste très marginale en termes d’actifs gérés (environ 2,65 MMDH). Face à eux, les OPCVM actions continuent à se détériorer. Ces derniers ont cumulé un encours de 34,18 MMDH au terme de la séance du 09 octobre 2020, contre 37,97 MMDH enregistrés à fin 2019, soit une perte de près de 10%. «Ce repli fait écho à la situation actuelle du marché actions qui subit de plein fouet les effets de la crise sanitaire», souligne un analyste de la place. À noter également que des rachats ont été effectués par des investisseurs institutionnels pour mobiliser les liquidités nécessaires à leurs contributions au Fonds de solidarité Covid-19.
Face à cette situation, quelques réajustements ont été réalisés au niveau du marché et aussi dans les portefeuilles. Entre la décision de resserrement des seuils de variation maximale applicables aux instruments financiers inscrits à la cote (4% pour les actions les plus liquides au lieu de 10% et 2% pour les autres titres au lieu de 6%) et les accommodations de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), les gestionnaires ont pu s’adapter au contexte en attendant que les investisseurs – pris de panique au départ – puissent retrouver le chemin du marché des capitaux. L’industrie a fait ainsi preuve de résilience face à la crise.
Ceci a «démontré la capacité des fonds à honorer les demandes de rachats reçues dans un contexte de tensions», avait expliqué l’AMMC dans son rapport RSF.
Les résultats d’un premier stress test exigé par l’autorité durant la période de confinement (au cours du mois de mai 2020) ont mis en lumière un risque de liquidité et un risque de crédit maîtrisés, ainsi qu’une capacité notable à honorer les demandes de rachat reçues, conséquences de stratégies d’investissement globalement prudentes et d’expositions conservatrices. Les estimations établies par les sociétés de gestion ont fait ainsi ressortir que les OPCVM seraient capables, à hauteur de 82%, de liquider 50% de leurs actifs en moins de 10 jours. Aussi, 68% d’entre eux disent disposer d’actifs pouvant être liquidés immédiatement représentant plus de 50% de leur portefeuille. Seuls 5% des actifs de 83% des OPCVM ont été jugés «illiquides». Néanmoins, la courbe des taux est également pointée du doigt par les professionnels du marché. Ayant atteint des niveaux très bas en début d’année, les taux obligataires ont poursuivi leur chute avec la crise sanitaire. Cette baisse du taux a été anticipée par les marchés. La partie courte de la courbe des taux poursuit sa baisse, mais la partie moyen et long termes de la courbe résiste encore. Mais pour certains analystes, cet enlisement représente un véritable casse-tête pour les gestionnaires de fonds puisqu’à chaque nouvelle baisse, les portefeuilles doivent être revalorisés à la hausse. «Le maintien à un niveau très bas des taux d’intérêt à long terme pourrait entraîner l’irréversibilité des politiques monétaires», remarquait un analyste. Or, une remontée brusque des taux provoquerait également des pertes massives sur les portefeuilles obligataires valorisés avec des taux faibles.
Aida Lo / Les Inspirations Éco