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«Future of jobs 2025» : quelles perspectives pour le marché du travail au Maroc ?

Les entreprises opérant dans le Royaume ont identifié la transition écologique et les conditions économiques incertaines comme les forces motrices qui façonneront la transformation du marché du travail d’ici à 2030. Les lacunes en matière de compétences et la résistance interne au changement sont perçues comme les principaux obstacles.

Changement technologique, fragmentation géoéconomique, incertitude économique, changements démographiques, transition verte… D’ici 2030, plusieurs tendances macroéconomiques devraient transformer le marché du travail mondial selon le rapport «Future of jobs report 2025» du Forum économique mondial qui a identifié cinq grandes tendances à l’origine de cette transformation.

Les auteurs du rapport ont recueilli le point de vue de plus de 1.000 employeurs représentant près de 14 millions de travailleurs dans 22 secteurs d’activité et 55 économies du monde entier dont le Maroc. Les entreprises opérant dans le Royaume ont identifié la transition écologique et les conditions économiques incertaines comme principales forces motrices du changement prévu à l’horizon 2030.

Les lacunes en matière de compétences et la résistance interne au changement sont perçues comme les principaux obstacles. Les employeurs marocains s’attendent à une demande croissante de compétences en IA et en big data, en pensée créative, en leadership et en influence sociale au cours des cinq prochaines années.

La disponibilité des talents pourrait bénéficier d’une plus grande concentration sur l’exploitation de viviers de talents diversifiés, une stratégie de main-d’œuvre envisagée par 24% des entreprises du pays, contre 47% à l’échelle mondiale.

En parallèle on apprend que 86% des entreprises prévoient de donner la priorité aux jeunes dans le cadre de leurs mesures de diversité, d’équité et d’inclusion, ce qui est significativement supérieur à la moyenne mondiale.

Une croissance nette de 78 millions d’emplois
Globalement, en extrapolant les prévisions de l’échantillon sondé au sujet de l’avenir de l’emploi et sur les tendances actuelles de la période 2025-2030, le rapport «Future of jobs 2025» table sur une croissance nette de 78 millions d’emplois à l’échelle mondiale d’ici 2030.

Cette croissance est le résultat de la création d’environ 170 millions de nouveaux postes, ce qui équivaut à 14% de l’emploi total actuel. Les mutations démographiques auront un impact direct sur l’offre d’emploi mondiale, puisque les régions géographiques avec un important dividende démographique, comme l’Inde et les pays d’Afrique subsaharienne, fourniront près des deux tiers des nouveaux entrants sur le marché du travail dans les années à venir.

Par ailleurs, la dynamique démographique en marche au Moyen-Orient et en Afrique du Nord inspire aux employeurs de ces zones beaucoup d’optimisme élevé quant à la disponibilité des talents. On enregistre ainsi des niveaux d’optimisme de 39% en Égypte, 38% au Maroc et 31% au Bahreïn, avec une amélioration des conditions de recrutement d’ici 2030. En revanche, les employeurs des économies européennes anticipent des difficultés croissantes en matière de disponibilité des talents.

Instabilité des compétences
En ce qui concerne les prévisions de création et de perte d’emplois qui sont basées sur les réponses des employeurs participant à l’enquête sur l’avenir de l’emploi et sur les données sur l’emploi de l’Organisation internationale du travail (OIT), les changements structurels sur le marché du travail concerneront les postes de première ligne qui devraient augmenter.

Il s’agit, notamment, des travailleurs agricoles et des ouvriers du BTP en plus des vendeurs et travailleurs de l’agroalimentaire. Les emplois de l’économie de soins, tels que les professionnels des soins infirmiers, du travail social et les professionnels du conseil et soins personnels et aide sociale, devraient également augmenter considérablement au cours des cinq prochaines années, aux côtés de l’éducation et l’enseignement supérieur.

Aussi, les emplois liés à la technologie sont ceux qui connaissent la croissance la plus rapide en termes de pourcentage, notamment les spécialistes du big data, les ingénieurs fintech, les spécialistes de l’IA et des logiciels en plus des développeurs d’applications. Les rôles liés à l’écologie et à la transition énergétique, y compris les spécialistes des véhicules autonomes et électriques, les ingénieurs de l’environnement et les ingénieurs en énergies renouvelables, figurent également parmi les postes à forte croissance.

Par ailleurs, les emplois de bureau et de secrétariat devraient connaître la plus forte baisse. Les entreprises s’attendent aussi à ce que les postes qui connaissent le déclin le plus rapide incluent le service postal, caissiers de banque et commis chargés de la saisie de données. En moyenne, les travailleurs peuvent s’attendre à ce que l’équivalent de 39% de leurs compétences actuelles soit transformé ou devienne obsolète au cours de la période 2025-2030.

Toutefois, cette mesure de «l’instabilité des compétences» a ralenti par rapport aux éditions précédentes du rapport, passant de 44% en 2023 à un point culminant de 57% en 2020, à la suite du contexte pandémique en 2020.

Cette constatation pourrait s’expliquer par le fait qu’une part croissante des travailleurs (50%) ayant suivi des mesures de formation, de requalification ou de perfectionnement, contre 41% dans l’édition 2023 du rapport. Dans ce sens, les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord prévoient que moins de 50% de leur main-d’œuvre aura besoin de formation d’ici 2030.

Aussi, les différences géographiques persistent car les entreprises ayant leur siège social au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont moins susceptibles d’effectuer des évaluations de l’équité salariale (23%).

Grand obstacle
Les lacunes en matière de compétences sont considérées comme le plus grand obstacle à la transformation des entreprises, puisque 63% des employeurs les considèrent comme un obstacle majeur pour la période 2025-2030. En conséquence, 85% des employeurs interrogés prévoient de donner la priorité à l’amélioration des compétences de leur capital humain et 70% d’entre eux prévoient d’embaucher du personnel alors que 40% prévoient de réduire le personnel le moins compétent et pertinent et 50% prévoient de faire passer le personnel d’un rôle en déclin à un rôle en croissance.

En effet, le soutien à la santé et au bien-être des employés devrait être l’une des priorités pour attirer les talents. En chiffres, 64% des employeurs interrogés considèrent qu’il s’agit d’un facteur décisif pour accroître la disponibilité des talents.

D’ici 2030, un peu plus de la moitié des employeurs (52%) prévoient d’allouer une plus grande part de leurs revenus aux salaires, et seulement 8% s’attendent à ce que cette part diminue. Les stratégies salariales sont principalement motivées par des objectifs d’alignement des salaires sur la productivité et les performances des travailleurs et par la concurrence pour conserver les talents et les compétences.

Enfin, la moitié des employeurs prévoient de réorienter leur entreprise en réponse à l’IA, les deux tiers prévoient d’embaucher des talents dotés de compétences spécifiques en IA, tandis que 40% prévoient de réduire leurs effectifs là où l’IA peut automatiser des tâches.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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