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Frédéric Oudéa : “Le Maroc, marché le plus sophistiqué de la région”

Frédéric Oudéa, DG du groupe Société générale revient sur la stratégie de son groupe bancaire au niveau de l’Afrique mais précisément sur le marché marocain. Détails.

Comment voyez-vous l’évolution de la Société Générale en Afrique et spécialement sur le marché marocain ?
La Société Générale est une des très rares banques à l’échelle internationale à avoir une présence forte et de longue date en Afrique. Nous sommes présents au Maroc depuis plus de 100 ans. Depuis plus de 50 ans en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Nous sommes présents également dans 19 autres pays du continent. Nous continuons de nous développer dans un certain nombre de pays nouveaux. Nous avons fait de ce développement à long terme un enjeu stratégique, d’autant plus différenciant que vous avez d’autres banques internationales avec une présence plus marginale qui aujourd’hui se retirent. Donc en effet, l’ancrage stratégique est clair. L’Afrique pour la Société Générale, c’est 12.000 personnes, 150.000 clients entreprises, 3 millions de clients particuliers, plus de 1.000 agences qui restent un dispositif de très grande ampleur. Nous avons aussi une présence dans chacun des pays qui est assez forte. Nous avons des positions de leaders dans certains pays. Nous sommes la première banque en Côte d’Ivoire, première ex-aequo au Sénégal, au Cameroun aussi et quatrième au Maroc. On entend encore se développer. D’ailleurs, nous avons lancé cette initiative très transversale que nous avons appelée «Croître avec l’Afrique» avec 4 axes : le financement des infrastructures, on sent le besoin de développement des infrastructures avec évidemment la démographie croissante et la création de villes de plus en plus grandes. Deuxièmement, l’accompagnement des PME avec des ambitions pour de fortes croissances de crédit et en créant des maisons des PME qui vont rassembler non seulement des compétences financières mais aussi des cabinets de consulting qui pourront accompagner les chefs d’entreprises dans leur parcours. Troisièmement, un travail un peu spécifique est mené sur la filière agroalimentaire et agricole pour voir comment on peut aider sur les financements et à mieux structurer ses filières qui restent très importantes dans les économies africaines et enfin l’inclusion financière. Nous avons lancé il y a au moins 2 ans dans 6 pays un portefeuille électronique dénommé «YUP». Celui-ci permet aux citoyens africains n’ayant pas de compte bancaires de faire des paiements, de retirer de l’argent, de déposer de l’argent et ceci avec des partenaires, des commerçants, des stations services qui permettent aussi à des chefs d’entreprises de développer des business modèles avec des fonds de paiements sécurisés par rapport au paiement liquide qui représente un certain nombre de risques et d’incertitudes. Nous avons beaucoup d’ambitions pour un dispositif de grande ampleur et Société Générale continue de faire la différence au quotidien.

Quelles sont vos perspectives sur le continent africain ?
Pour l’instant, nous sommes présents dans 19 pays. Cela reste une couverture intéressante. Nous avons ouvert il y a quelques années un bureau de représentation au Kenya. Nous avons acheté il n’y a pas très longtemps une banque au Mozambique ; Nous essayons donc d’identifier des pays dans lesquels on sent une nouvelle perspective de développement qui peut être liée par exemple à un grand projet de matière première, une transition politique qui s’organise de manière satisfaisante. Cela peut faire partie de nos perspectives des prochaines années. Ceci dit, nous venons aussi de signer un accord avec une banque sud-africaine Absa, très complémentaire sur le plan géographique puisque à deux nous couvrons 29 pays dans lesquels nous allons essayer de développer des produits en commun, notamment à destination des entreprises. Pour le cash management, devoir présenter une offre panafricaine à des entreprises internationales ayant une présence en Afrique est par définition quelque chose à très forte valeur ajoutée. Nous avons donc de fortes ambitions de croissance organique avec une seule sophistication croissante des modes de financement. Le marché évolue tout comme les activités de marché des capitaux et le financement des entreprises. Nous déployons aussi les ressources sur le terrain, proches des marchés. Cela concerne les ressources support comme l’informatique. Généralement, nous allons renforcer nos pôles de compétence pour avoir une meilleure compréhension de l’environnement et être le plus pertinent possible pour nos clients.

Avez-vous estimé l’impact de ces changements sur vos futurs résultats ?
Nous n’avons pas encore réactualisé nos perspectives chiffrées. Cela devrait se faire à l’échéance fin 2020-début 202, dans le cadre de la stratégie du groupe Société Générale relative à la croissance africaine. Nous avions d’ailleurs estimé un TCAM du PNB sur la période 2018 à 2020 qui varie d’environ 8% et ceci grâce aux investissements notamment dans le digital et le réseau bancaire. Dans le premier cas, nous essayons de renforcer la pertinence du digital dans tous nos pays de présence. Cela se développe rapidement et nous essayons de suivre. Dans le second cas, les ouvertures d’agences se multiplient dans certains endroits. Nous adaptons le maillage, nous changeons le format de l’agence, nous spécialisons le réseau. Au Maroc par exemple, nous spécialisons les centres d’affaires pour certains types d’entreprises. Et pour les particuliers, il y a un travail d’optimisation qui se fait autour de la qualité de service. Nous déployons aussi à côté une nouvelle génération de guichet automatique bancaire.

Comment voyez-vous l’évolution du marché des capitaux marocain ?
Le marché financier marocain est quand même le plus important de la zone, le plus sophistiqué aussi avec des acteurs marocains qui se sont déployés à l’international. il reste un marché compétitif. C’est un marché qui a un énorme potentiel de développement notamment dans le domaine de la gestion de l’épargne. Le Maroc est un marché particulier où nous accompagnons les entreprises marocaines dans leur expansion géographique. Il y a aussi tout ce processus d’intégration régionale au niveau de l’Afrique subsaharienne. Ce serait ainsi une sophistication progressive avec un marché solide des banques qui ont su faire face à un ralentissement. À un certain moment, certains risques ont été pris mais au final nous pensons que les entreprises marocaines sont capables de financer l’économie.

Pensez-vous que le marché est assez réactif pour se conformer aux exigences internationales ?
Nous sentons la volonté des autorités (de la Banque centrale marocaine) d’appliquer les règles internationales que ce soit au niveau prudentiel, de capital ou encore de conformité. Nous avons toujours considéré que cette évolution devait se faire. Aujourd’hui, nous voyons bien que les choses avancent dans la bonne direction. C’est notre souhait d’ailleurs puisque cela représente un gage de confiance et de réputation. Nous de notre côté, nous appliquons toutes les règles et nous soutenons tous les efforts faits par les autorités pour converger vers les standards internationaux.



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