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Forsa : un bilan prometteur et plusieurs défis à relever

Les résultats du programme Forsa ont de quoi faire changer d’avis les plus sceptiques. Toutefois, l’initiative gouvernementale qui entre dans sa deuxième édition gagnerait mieux à améliorer un certain nombre de pratiques afin d’impacter davantage les porteurs d’idées, ainsi que les jeunes entrepreneurs.

Lancé en grande pompe en avril 2022, le programme Forsa a déjoué tous les pronostics de ses pourfendeurs. Alors que beaucoup prédisait une mort prématurée de ce vaste chantier de promotion de l’entrepreneuriat et de la création d’emplois au Maroc, les résultats ont de quoi convaincre les plus sceptiques à propos de la pertinence de l’initiative gouvernementale.

En effet, en termes d’accompagnement et de financement, le projet a dépassé toutes les attentes. Sur un total de 168.225 candidats, 73.333 dossiers ont été reçus, tandis que le nombre de projets qui ont été accompagnés est d’environ 40.645 après 28.929 entretiens. Mieux, près de 14.888 bénéficiaires ont été formés grâce aux outils de formation électroniques «e-learning». Si Casablanca s’est taillée la part du lion, avec 16% de projets financés, les autres villes ont été également servies. Juste derrière la capitale économique, Rabat s’est vue accorder 12% des projets financés. La région Fès-Meknès a eu la même part, tandis que les autres régions se partagent le restant des financements.

Quelques bémols
En termes de répartition sectorielle, 31% des financements sont allés aux services, 22% au secteur du commerce, 17% aux tourisme et à l’artisanat et 16% à l’agriculture. Les secteurs tels que l’industrie, l’innovation et la technologie, l’énergie, la logistique et l’environnement ont été en revanche très peu irrigués. Ce n’est pas l’unique bémol du programme Forsa qui gagnerait mieux à accorder beaucoup plus d’attention aux femmes, selon les spécialistes. Celles-ci ne représenteraient que 20% de l’ensemble des bénéficiaires du programme, qui a tout de même contribué au basculement de nombreuses activités informelles vers le formel. Il est également souhaitable d’associer les microcrédits à ce programme. Réputés proches des couches défavorables avec une connaissance pointue de l’écosystème entrepreneurial, ils pourraient jouer un grand rôle dans la réussite de la deuxième édition du programme Forsa pour l’année 2023, laquelle visera l’accompagnement et le financement de quelque 10.000 projets en 2023.

Tout un programme pour 2023
Pour ce faire, il est prévu une enveloppe budgétaire globale d’une valeur d’un milliard et 26 millions de dirhams avec des seuils de 100.000 dirhams pour les prêts d’honneur, et une subvention pouvant aller jusqu’à 10.000 dirhams. Les spécialistes recommandent une augmentation des prêts d’honneur jusqu’à au moins 200.000 DH, soit le double du montant actuel octroyé aux bénéficiaires.

S’agissant de la gouvernance du programme, le gouvernement a promis une plus grande vigilance aux niveaux local et régional. Prévue pour le mois en cours, la deuxième édition du programme intervient dans un contexte où la situation du marché de travail connaît une relative amélioration en milieu urbain et demeure impactée par les effets de la sécheresse en milieu rural, selon une récente note du Haut-commissariat au plan pour le compte de l’année 2022. Toutefois, avec une création de 150.000 postes d’emploi en milieu urbain et une perte de 174.000 en milieu rural, l’économie nationale a ainsi perdu, au total, entre 2021 et 2022, 24.000 emplois, après en avoir perdu 432.000 dans les conditions de la pandémie de Covid en 2020 et créé 230.000 postes en 2021.

Le taux de chômage est ainsi passé de 12,3% à 11,8% au niveau national, de 16,9% à 15,8% en milieu urbain et de 5% à 5,2% en milieu rural. Il reste plus élevé parmi les jeunes de 15 à 24 ans (32,7%), les diplômés (18,6%) et les femmes (17,2%). Le volume du sous-emploi est, de son côté, passé, durant la même période, de 1.003.000 à 972.000 personnes au niveau national, de 550.000 à 520.000 en milieu urbain, et de 453.000 à 452.000 en milieu rural. Le taux de sous-emploi, qui était de 9,3%, s’est infléchi à 9% au niveau national, de 8,8% à 8,1% en milieu urbain et de 10% à 10,4% en milieu rural. Dans ce contexte, le financement de 10.000 nouveaux projets pour l’année 2023 ne serait pas de refus.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO

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