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Fonds de service universel des télécommunications : le modèle économique s’inspirera-t-il des pays avancés ?

La remise au congrès, le 15 août dernier, du rapport de la Federal Communications Commission (FCC) sur l’avenir des subventions consacrées au service universel des télécommunications relance, aux Etats-Unis, le débat sur la participation ou non des fournisseurs de contenus comme Google, Facebook ou Netflix aux coûts de déploiement des infrastructures télécoms. Au Maroc, des voix plaident pour s’en inspirer. 

Mettre à contribution, à travers une nouvelle taxe, les grands fournisseurs de contenus fortement consommateurs de bande passante, pour financer le développement des infrastructures télécoms.

Telle est l’évolution de modèle économique que les Etats-Unis pourraient implémenter pour renforcer le financement de leurs infrastructures télécoms, comme recommandé par la Federal Communications Commission (FCC).

Concrètement, cette taxe devrait s’ajouter au fonds pour le service universel pour aider au financement de ces infrastructures-clés et également réduire le prix de l’accès au très haut débit pour les populations défavorisées, tout en assurant la couverture de l’ensemble du territoire par des infrastructures haut débit.

Quand des pays avancés optent pour un tel modèle économique, pourquoi le Maroc n’en ferait-il pas autant? «Le Maroc devrait s’inspirer de ce nouveau modèle économique pour financer le 4e opérateur d’infrastructures télécoms national qui devrait être lancé dans le cadre du nouveau plan NOG 2023 publié par l’ANRT», soutient Khalid Ziani, expert IT et télécom.

Ceci, d’autant que l’enjeu derrière un tel projet est celui de connecter davantage de communautés, assurer l’inclusion numérique du plus grand nombre et réduire la fracture numérique.

Pour Danial Mausoof, responsable des ventes et des solutions de réseaux mobiles pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Nokia, «avec plus du tiers de la population marocaine vivant dans des zones urbaines, il est encore nécessaire de connecter davantage de communautés pour que le pays soit à la pointe de la technologie numérique et pour soutenir le plan national de haut débit, qui vise à équiper l’ensemble de la population en haut débit fixe ou mobile d’ici à la fin 2022».

Comme indiqué plus haut, le rapport de la Federal Communications Commission (FCC), le régulateur des télécoms américain, recommande de taxer les revenus publicitaires des grandes entreprises technologiques et les fournisseurs de streaming pour financer l’accès aux réseaux télécoms des zones rurales et des publics défavorisés.

Aux États-Unis aussi, les opérateurs télécoms aimeraient bien que les géants du web mettent la main à la poche pour financer leurs réseaux.

Alors que l’UE explore des projets en ce sens et que la France s’est déclarée favorable à une taxe, le lobby des télécoms américain dispose d’un relai très actif à la Federal Communications Commission (FCC).

La maîtrise du coût total de possession et le retour sur investissement sont déterminants
Si l’exploitation des infrastructures télécoms en milieu urbain permet aux opérateurs d’obtenir un meilleur retour sur investissement (ROI), cela n’est pas si évident en milieu rural.

C’est d’ailleurs l’un des freins au déploiement du très haut débit hors des grandes villes.

Abordant les pistes de solution au problème de la maîtrise du coût de la connectivité, Danial Mausoof soutient que réduire le coût total de possession -ou TCO- des opérateurs va permettre d’obtenir un meilleur retour sur investissement (ROI) en matière de connectivité rurale.

«Plus les opérateurs tireront parti de solutions qui réduisent le coût total de possession pour connecter les communautés rurales, plus ils bénéficieront d’une réduction de leurs coûts».

Et d’ajouter : «la connectivité comprend plusieurs niveaux de technologie.

La technologie requise du point de vue de la connectivité rurale est largement axée sur les technologies 2G, 3G et 4G, qui peuvent évoluer vers la 5G, grâce à l’introduction de modules baseband et RF à la fois légers et compacts.

La solution peut fonctionner à travers ces technologies au plus faible niveau de consommation d’énergie.

C’est un des éléments relatifs au coût de la connectivité que nous abordons chez Nokia grâce à nos nouvelles technologies».

L’autre défi réside dans la construction d’un système d’alimentation électrique autour de la solution pour améliorer le coût total de possession ou TCO.

Sur ce volet, «notre solution rurale s’appuie sur des innovations uniques telles que les modules RF à 3 secteurs et les basebands extérieurs, compacts, qui offrent la solution la plus légère (couvrant toutes les générations, de la 2G à la 5G) du marché en termes de poids et d’encombrement.

De plus, la solution est dotée de mesures de sécurité robustes pour assurer la continuité du service et protéger les actifs des opérateurs télécoms», fait-il valoir.

Les solutions capables de fonctionner hors réseau électrique viennent changer la donne
L’un des défis auxquels doit faire face le déploiement des réseaux dans les zones reculées est la difficulté de raccordement au réseau électrique.

Pour relever ce défis, les opérateurs télécoms sont très ouverts aux solutions d’alimentation hors réseau électrique qui réduisent la consommation totale et utilisent par exemple des batteries et technologies solaires.

De telles solutions ont l’avantage de réduire leurs coûts et d’améliorer leur retour sur investissement (ROI).

En la matière, cela saute aux yeux que les solutions d’alimentation hors réseau électrique pour la connectivité rurale vont changer la donne en réduisant le coût de la construction d’infrastructures rurales et en permettant aux opérateurs de maximiser leur retour sur investissement, tout en relevant les défis de l’électrification.

«Notre solution ne comprend pas seulement la radio, mais aussi le backhaul sans fil et sans visibilité directe plutôt que le satellite.

Puis nous examinons comment nous pouvons gagner en efficacité, à travers une meilleure gestion des OPEX en utilisant d’une part des batteries et des solutions solaires et d’autre part en permettant à l’opérateur de gérer la partie radio et la partie alimentation par le biais d’un système de gestion à distance.

Ainsi, nous sommes à même de fournir une solution complète aux opérateurs qui cherchent à investir dans la connectivité rurale», fait valoir le cadre de Nokia.


FSUT, un outil stratégique en appui à des projets-clés

Pilier central du développement du digital au Maroc, le Fonds de service universel des télécommunications (FSUT) est alimenté par les contributions des opérateurs de télécommunications à hauteur de 2% de leur chiffre d’affaires pour financer la démocratisation de l’accès aux nouvelles technologies.

Il joue un rôle majeur dans l’accès au service Internet en apportant un appui financier à des projets-clés tels que celui de la modernisation de l’état civil, le Registre national de la population ou encore la feuille de route pour la transformation digitale.

Il contribue aussi à la mise en marche de la couverture Internet.

Dans le cadre de projets de connexion à Internet de certaines localités et sites via des liaisons par satellite, le fonds a contribué entre 2018 et 2021 à hauteur de 70 MDH.

Dans le même sens, le projet du Registre national de la population bénéficie d’un soutien financier de 100 MDH de la part de ce même fonds.

Visant la dématérialisation des services publics, la feuille de route pour la transformation digitale a reçu un premier versement de la part de ce fonds atteignant 200 DH au profit de l’Agence de développement du digital.

Concernant le développement du Portail national de l’administration, un financement de 120 MDH en 2021 a été attribué à ce projet.

Du côté du programme de couverture 4G au titre de la deuxième année du Plan national du haut et très haut débit (PNHD1), 5.

000 localités ont été déclarées couvertes par les services 2G/3G/4G en mars 2021.

Par ailleurs, il est prévu que 3.

000 localités non couvertes bénéficient du service de la 4G dans le cadre d’un nouveau programme (PNHD2) dont le coût global atteint 350 MDH étalé sur la période 2021-2023.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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