Flexibilité des changes : Les cambistes s’inquiètent, BAM rassure
Les bureaux de change s’interrogent sur les conséquences de la flexibilité du régime de change sur leur activité. Des actions de sensibilisation seront programmées pour les accompagner, indiquent des responsables de Bank Al-Maghrib.
Quelle sera l’implication des bureaux de change face au futur régime de change flexible, dont le lancement est prévu au cours de cette année ? Pourquoi les cambistes n’ont-ils pas, jusqu’ici, été associés aux rencontres de formation et de sensibilisation initiées récemment par les autorités concernées (Banque centrale, Office des changes, ministère des Finances) ? Seraient-ils déjà concernés par le système de cotation qui se profile à l’horizon proche ? La flexibilité devra-t-elle affecter le modus operandi des bureaux de change ? Quid de la valeur des stocks de devises lors du basculement ? Certes, l’on sait que l’amplitude de variation du taux de change passera de 0,3% actuellement (aussi bien à la baisse qu’à la hausse, soit un total de 0,6%) pour atteindre un nouveau palier qui ne sera annoncé que le jour J, date de lancement officiel du nouveau régime.
Il est tout à fait logique et raisonnable que les autorités tiennent à garder secrète la hauteur du nouveau couloir de variation pour éviter justement toute forme de spéculation. Autant de questions déterminantes qui taraudent les esprits des professionnels du change manuel. «Nous n’avons aucune visibilité quant à la mise en pratique de la flexibilité du dirham. Nous n’avons pas de réponses aux questions de nos clients», nous confie un membre de l’Association professionnelle des bureaux de change du Maroc. D’aucuns, les MRE pour la plupart, ajoute-t-il, pariant sur une future dépréciation du dirham, préfèrent ne pas échanger la totalité de leurs avoirs en devises face au flou qui règne encore sur la situation. Au siège de l’Office des changes à Rabat, on tient à bien délimiter le territoire de responsabilité de chaque institution impliquée dans ce processus. En tant qu’organisme chargé de l’élaboration des mesures relatives à la réglementation des changes, entre autres, l’office, dirigé par Hassan Boulaknadel, a annoncé, tout récemment, la sortie imminente de l’Instruction générale des opérations de change 2017 (qui remplacera celle de 2013) avec de nouvelles dispositions assouplissant et encadrant les instruments de couverture contre le risque de change. Ces changements, tient à préciser un responsable de l’Office des changes, devraient intéresser a fortiori les entreprises exportatrices et importatrices qui, à travers leurs échanges avec le reste du monde, animent le marché des transferts (virements) de devises.
Le champ d’intervention des opérateurs du change manuel, quant à lui, se limite, faut-il le rappeler, à l’échange des billets de banque (espèces). Face à la concurrence des banques, des opérateurs de transfert de fonds et des entités dites sous-délégataires (hôtels, agences RAM, casinos, etc.), les bureaux de change, au nombre de 620, selon les statistiques recueillies hier auprès de l’Office des changes, s’appuient jusqu’ici sur une force de frappe commerciale impressionnante avec des tarifs relativement compétitifs. Les clients ont la possibilité de négocier le prix à l’intérieur d’une fourchette fixée chaque matin par la Banque centrale, entre le cours minimum d’achat et le cours maximum de vente de chaque devise. L’atteinte du système-cible du processus de flexibilisation des changes suppose un chamboulement de ce mode opératoire et de la manière de faire le change chez les cambisates. Comment alors sera le futur du change manuel ? Joint par Les Inspirations ÉCO, un responsable de la Banque centrale s’est montré rassurant en s’adressant aux opérateurs concernés. «Des actions de sensibilisation seront programmées pour accompagner les bureaux de change dans le cadre du passage progressif vers le régime flexible», a-t-il annoncé, sans donner plus de détails sur les modalités techniques de ce basculement. Comme quoi, chaque chose en son temps et chacun son tour.