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Financement : le Trésor devrait continuer à bénéficier du soutien des bailleurs de fonds

Malgré les dépenses exceptionnelles liées au contexte actuel, la Banque centrale et certains analystes se montrent optimistes quant à la capacité du gouvernement à stabiliser le déficit budgétaire à 6,3% du PIB. Les légères tensions à la hausse sur la partie longue de la courbe des taux, en ce début d’année, seraient davantage liées à la poussée de l’inflation qu’à la situation des finances publiques, relèvent certains experts. Dans l’ensemble, les conditions resteraient favorables. 

Les résultats exceptionnels du Groupe OCP vont octroyer une bouffée d’oxygène aux finances publiques. Avec l’impôt sur les bénéfices et les dividendes, la contribution du géant du phosphate aux recettes publiques s’élève à au moins 12,3 milliards de DH. Le groupe pourrait reproduire ces performances record si, notamment, le contexte de prix reste favorable comme anticipé par les analystes.

Par ces temps difficiles, c’est tout bonus pour le Trésor, le gouvernement devant faire face à de nouvelles dépenses exceptionnelles en raison de la sécheresse et de la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. La Banque centrale et certains analystes se montrent optimistes sur la capacité des autorités monétaires à stabiliser le déficit budgétaire à 6,3% du PIB. Sinon, le Trésor devra être très actif sur les marchés pour financer le déficit. Une situation qui pourrait entraîner une hausse des taux.

La semaine dernière, Bank Al-Maghrib a maintenu le taux directeur inchangé à 1,5%, à l’issue de sa réunion de politique monétaire. En face d’une inflation importée, l’arme du taux directeur n’est pas vraiment utile. En outre, l’économie a besoin que la politique monétaire reste accommodante pour consolider la reprise post-covid. En revanche, la perspective d’une dégradation du déficit budgétaire risque de provoquer une hausse des taux longs. «À un moment donné, les mécanismes de marché vont faire en sorte que les taux vont probablement évoluer à la hausse.

Les investisseurs peuvent anticiper un déficit budgétaire plus important et exiger une rémunération plus élevée», relève un gérant de fonds. CDG Capital anticipe une légère hausse des segments moyen et long terme de la courbe des taux.

Sur les deux premiers mois de l’année, les levées du Trésor ont été effectuées à des taux d’intérêt légèrement supérieurs à ceux de fin 2021. Toutefois, les conditions demeurent très intéressantes comparées à l’historique. Les emprunts sur 10 ans et 15 ans ont été souscrits, respectivement, à 2,43% et 2,69% contre une moyenne de 3,03% et 3,45% en 2019, par exemple.

Malgré les besoins exceptionnels nés de la crise du Covid-19, les conditions de financement du Trésor s’étaient nettement détendues avec des baisses entre 34 et 51 points de base sur les maturités moyenne et longue, entre 2019 et 2020. Le Trésor avait couvert plus de la moitié de ses besoins à l’extérieur, permettant d’alléger la pression sur le marché domestique.

Aujourd’hui, la remontée des taux américains et la hausse des spreads des pays émergents réduisent les opportunités de sortie sur le marché financier international. CDG Capital ne prévoit qu’une exécution partielle du programme de financement externe.

De façon générale, l’orientation des taux obligataires ne fait pas consensus, certains analystes anticipant une stabilité de la courbe. «La maîtrise du déficit budgétaire en 2022 est un scénario réaliste et crédible. Nous ne prévoyons pas une tension particulière sur la courbe des taux», indique l’un d’eux. Tout dépendra de la façon dont le gouvernement jugulera les pressions sur les finances publiques et de la manière dont sera gérée l’inflation.

«De légères tensions haussières sur la partie longue de la courbe sont normales, étant plus liées à la poussée de l’inflation qu’à la situation des finances publiques. Sur l’ensemble de l’année, les taux devraient ressortir stables par rapport à 2021», prévoit un expert.

Frank Fagnon / Les Inspirations ÉCO


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