Filière sucrière : grand-messe des opérateurs mondiaux à Casablanca
Capitalisant sur le succès des précédentes éditions, la Conférence internationale du sucre, rendez-vous biannuel de tous les principaux acteurs mondiaux du secteur sucrier, s’est ouverte ce mercredi 10 mars à Casablanca.
Et de quatre pour la Conférence internationale du sucre. Plateforme de rencontres et d’échanges qui couvre toute la chaîne de valeur de la filière sur le plan mondial, le rendez-vous qui s’est imposé comme un évènement incontournable pour l’ensemble de la région et pour le marché sucrier a eu lieu ce mercredi à Casablanca. Revêtant un format hybride en raison de la situation sanitaire, elle a réuni 50 personnes en présentiel sur le plateau 1200 de la chaîne nationale 2M. Pour offrir un cadre privilégié qui favorise fortement le dialogue et le partage d’expériences entre professionnels, en tenant compte de la situation actuelle marquée par la Covid-19, la conférence a été simultanément retransmise en direct sous forme de webinar. Instituée par l’Association professionnelle sucrière (APS) et l’Organisation internationale du sucre (OIS) en 2015, elle est l’occasion pour les professionnels de débattre des défis auxquels le secteur fait face, d’où la thématique: «Secteur sucrier mondial : quels chemins de croissance ?» Tour à tour, intervenants et experts régionaux et internationaux ont mis l’accent sur les défis de la diversification en amont et en aval, ainsi que sur l’impact de l’épidémie de la Covid-19 sur la situation du marché du sucre, l’innovation et la R&D. La logistique et la distribution ont également été au cœur des sujets figurant au menu du programme, décliné en plusieurs sessions, toutes animées par d’éminents experts régionaux et internationaux. «La Covid-19 a montré la place centrale de la sécurité alimentaire et la valeur du sucre qui est un aliment de base consommé à grande échelle», a commenté Mohammed Fikrat, président de l’Association professionnelle sucrière, pour qui le secteur a su faire face aux nombreux défis imposés par la pandémie grâce notamment à l’appui étatique et à la collaboration des institutionnels avec les agriculteurs répartis dans cinq régions.
80.000 agriculteurs répartis dans cinq régions
Pour rappel, le secteur clé contribue non seulement à la sécurité alimentaire du royaume, mais il joue également un rôle moteur en matière de création d’emplois et de pôles de développement régionaux. La filière génère près de 5.000 emplois permanents directs et indirects. Elle garantit des revenus réguliers à 80.000 partenaires agriculteurs de betterave et de canne à sucre. Dès lors, poursuit Mohammed Fikrat, le choix porté sur le Maroc pour l’organisation de cet événement ne relève pas du hasard. Depuis 1971, date de la création de l’APS, le secteur sucrier national a connu une série de réformes qui ont permis d’augmenter le rendement et la productivité de ses acteurs. En 2007 est créée la Fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre), qui regroupe les acteurs agricoles et industriels. Fimasucre paraphera avec l’État un contrat-programme 2008-2013 qui sera destiné à dynamiser le secteur sucrier et à améliorer le taux de couverture des besoins nationaux en sucre. Ce contrat programme a mobilisé un investissement de 7,5 MMDH, en grande partie destiné à moderniser l’amont agricole et l’outil industriel et de porter à 5 millions de tonnes la capacité annuelle de traitement des sucreries. Pour atteindre une capacité industrielle annuelle de plus de 2 millions de tonnes de sucre blanc, la filière sucrière nationale a dû conduire toute une série de programmes d’extension de ses capacités et performances. Dans le même temps, le secteur a réussi à moderniser son amont agricole pour atteindre, en 2020, un rendement de 11,4 tonnes de sucre/ha pour la betterave à sucre et de 8,8 tonnes de sucre/ha pour la canne à sucre.
Le Maroc et le spectre du stress hydrique
De cette manière, il a réussi à s’assurer 50% des besoins en sucre produits localement au Maroc. Toutefois, malgré toutes ces belles performances, la filière fait face à de nombreux défis tels que le manque d’eau, d’où la nécessité d’être innovant et créatif, insiste Mohammed Fikrat, soulignant que ces dernières années, le Maroc a opté pour l’agriculture de précision tout en encourageant l’installation d’irrigations localisées. Bien que l’adoption de ces innovations par les agriculteurs en soit encore à un stade embryonnaire, la R&D, qui joue un rôle stratégique dans l’amélioration des performances des cultures sucrières, constitue un axe prioritaire pour la filière au Maroc. La filière a ainsi conduit de nombreuses actions avec, en premier lieu, la modernisation des sites industriels et l’introduction de nouvelles technologies, la création, par Fimasucre et le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, du entre de recherche des cultures sucrières (CRCS).q
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco