Fatima Zahra El Khalifa : «Les entreprises de la filière solaire doivent monter en gamme»
Le Cluster solaire, en collaboration avec Masen, a initié une série de groupes de travail mettant à contribution les acteurs de la filière solaire au Maroc. Dans ce cadre, plusieurs réunions ont été tenues récemment au siège du Cluster à Casablanca, portant sur les secteurs de la métallurgie-montage industriel, électrique-électronique, BTP-génie civil et ingénierie. Au menu, une série de thématiques ayant pour objet de renforcer le rôle joué par les entreprises nationales dans les grands projets menés au Maroc.
Les Inspirations ÉCO : Parlez-nous des réunions de travail que le Cluster solaire organise …
Fatima Zahra El Khalifa : En tant qu’association à but non-lucratif, notre objectif est de créer une filière compétitive, capable de répondre aux besoins énergétiques nationaux et de contribuer à la mise en place d’une puissance électrique installée à base d’énergies renouvelables, représentant 52% du mixe énergétique national, à l’horizon 2030. Un objectif qui suppose la réalisation de plusieurs centrales solaires, éoliennes et hydroélectriques. Pour atteindre ce but, il est primordial que les entreprises marocaines puissent renforcer leurs compétences, monter en gamme et intégrer au mieux les projets lancés sur le territoire national.
Quel est l’objet du groupe de travail «électrique- électronique» tenu le 17 mai par exemple ?
L’objet est de partager un retour d’expérience des projets Noor d’Ouarzazate et d’échanger autour, des opportunités que représente le projet Noor Midelt pour les entreprises nationales. Il faut rappeler que depuis 2014, nous collectons les expériences des industriels; notamment de la part de Masen qui accorde un intérêt particulier à la question de l’intégration industrielle. Nous faisons ainsi en sorte que les entreprises aient suffisamment de temps pour se préparer, de manière plus efficace, au projet Noor Midelt. Le but étant de renforcer leur présence dans ce grand projet. Nous nous sommes ainsi organisés en quatre groupes de travail sectoriels. Nous avons déjà eu un premier groupe en relation avec la métallurgie et le montage industriel. Nous avons ensuite enchaîné avec le secteur du BTP, la construction et le génie civil. Le troisième atelier sur l’électrique et l’électronique dans les centrales solaires a eu lieu le 17 mai. Le dernier groupe de travail se réunit demain et aura comme objet les études, l’ingénierie et les services, toujours dans les centrales solaires.
Quelles sont vos impressions par rapport à la réunion du 17 mai ?
Plus de trente opérateurs ont pris part à ce groupe de travail. Ils représentent l’ensemble des entreprises, grandes, de moyenne et de petite taille, actives dans les domaines électrique et électronique en relation avec le secteur solaire. Ce détail de taille de l’entreprise est très important, car il est représentatif du Cluster dont la mission est de créer justement une synergie entre les différents membres, indépendamment de leur taille. À ce propos, les grands groupes sont encouragés à créer leur propre écosystème afin de développer la sous-traitance. C’est l’intérêt essentiel de cette diversification de taille.
Y a-t-il un lien organisationnel entre le Cluster solaire et Masen ?
Masen est un membre fondateur très actif. Son lien avec le Cluster n’est pas organique ou organisationnel mais plutôt fonctionnel. Aux côtés de Masen, acteur institutionnel des énergies renouvelables au Maroc, nous comptons aussi parmi nos membres l’AMEE et l’ONEE. La spécificité de Masen en tant que membre est qu’elle est responsable du développement des EnR dans le royaume, d’où sa contribution à l’animation de cette initiative.
Votre rôle, se limite-t-il à se positionner en tant que force de proposition ?
Pas seulement. Nous agissons pour maîtriser le plus possible la réalité sur le terrain du secteur solaire. Justement, le but de ces groupes de travail consiste à trouver les bonnes démarches afin de maximiser la présence des entreprises marocaines dans les projets futurs. Des mesures seront présentées par la suite au développeur et aussi aux «EPCistes». Un autre volet très important sur lequel nous agissons est le renforcement des compétences. En tant qu’association, nous réalisons des études dans le but d’identifier le taux d’intégration (TI) par composant et non seulement par filière. Ceci nous permet d’orienter les entreprises vers les composants où le TI est encore faible et qu’ils peuvent exploiter. À titre d’exemple, dans l’ingénierie, les entreprises marocaines sont capables de réaliser la quasi-totalité du volet études. Ce qui leur manque est de développer une connaissance des technologies, notamment dans le CSP. Nous organisons donc des formations techniques et un accompagnement pour l’obtention de certifications et labels afin de contribuer à combler ce «gap».
Quel est l’avantage de cette démarche ?
Le but est que nos opérateurs soient capables de se positionner sur l’ensemble de la chaîne de valeurs des projets solaires. D’autres actions menées par la Cluster permettent de mettre la lumière sur l’ensemble des applications des technologies solaires, contribuer au développement de ces marchés et en faire profiter les entreprises.
Peut-on espérer un TI du solaire marocain, plus important que les 35% actuels ?
Il ne faut pas oublier que le secteur solaire est encore à ses débuts au Maroc. C’est une industrie nouvelle en cours de développement. Malgré cela, cette industrie a dépassé les attentes. Maintenant l’enjeu des entreprises marocaines consiste à développer l’investissement et répondre à de nouvelles spécifications techniques. Aussi, le marché se développe petit à petit et il est judicieux de savoir exploiter nos forces en se concentrant sur les maillons de la chaîne des valeurs qui sont économiquement viables.