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Externalisation logistique : le rendez-vous manqué ?

L’externalisation logistique au Maroc reste limitée, avec seulement 20% des grandes entreprises et 5% des PME qui l’adoptent. Ce modèle permet de réduire les coûts logistiques d’au moins 10%, grâce aux économies d’échelle et à la digitalisation des processus. Toutefois, les freins culturels, tels que la réticence à perdre le contrôle des opérations et la gestion patrimoniale des installations, ralentissent son adoption. La mutualisation des ressources, bien implantée en Europe, reste difficile à appliquer au Maroc.

L’externalisation logistique est un sujet stratégique qui soulève de nombreux enjeux pour les entreprises marocaines. Si cette pratique est courante dans de nombreuses régions du monde, au Maroc, elle reste un véritable défi.

Le taux d’externalisation dans le pays est encore faible, avec seulement 20% des grandes entreprises et 5% des plus petites qui externalisent leur logistique. En Europe, il est de 50%.

Pourtant, ce processus pourrait offrir des avantages significatifs, notamment en termes de réduction des coûts, d’efficacité et de compétitivité.

«L’externalisation logistique n’est pas seulement une option, mais une véritable nécessité pour réduire les coûts et optimiser les processus. Une économie de 10% est garantie, sans même analyser les détails des opérations», précise Anass Moutaoukil, directeur général de BLS.

Obstacles de taille
L’externalisation, qui consiste à sous-traiter les opérations logistiques à un prestataire extérieur, se heurte à plusieurs obstacles au Maroc. Cependant, de plus en plus d’entreprises commencent à réaliser les avantages d’externaliser leurs activités logistiques. Le principal bénéfice reste la réduction des coûts.

Selon des experts du secteur, une entreprise peut économiser au moins 10% de ses coûts logistiques simplement en externalisant ces opérations. Cela est particulièrement vrai grâce aux économies d’échelle réalisées par les prestataires externes, qui peuvent mieux négocier les prix des carburants, des matériaux et des services.

L’externalisation permet également de mieux gérer la complexité des opérations logistiques, notamment dans le domaine du transport. Grâce à la digitalisation et à la traçabilité des camions, les entreprises peuvent optimiser leurs flux de marchandises, suivre en temps réel les livraisons, et ainsi mieux satisfaire leurs clients.

L’enjeu de la digitalisation
L’un des leviers clés de l’externalisation logistique au Maroc réside dans la digitalisation des processus. L’intégration de technologies modernes permet une gestion plus fine et plus transparente des flux logistiques. Des solutions comme les plateformes de suivi en temps réel et les systèmes d’information intégrés facilitent la mutualisation des ressources et des coûts, tant dans l’entreposage que dans le transport.

«La traçabilité des camions et des flux permet d’optimiser les opérations et de mieux répondre aux attentes des clients», indique Anass Moutaoukil, directeur général de BLS.

La mutualisation est d’ailleurs un concept essentiel pour optimiser les coûts, mais elle reste difficile à appliquer pour de nombreuses entreprises marocaines. Beaucoup hésitent à partager leurs installations de stockage ou à transporter leurs produits avec ceux d’autres entreprises, même non concurrentes.

Toutefois, en Europe, ce modèle est couramment utilisé, et il a prouvé son efficacité en termes de réduction des coûts et d’optimisation des espaces. «L’acceptation de la mutualisation des ressources est un grand pas à faire, mais c’est un modèle qui peut transformer le secteur et rendre les entreprises marocaines beaucoup plus compétitives. La logistique du futur, c’est celle où plusieurs produits de différentes entreprises cohabitent dans le même entrepôt et sont transportés ensemble, tout en respectant les règles de confidentialité», souligne Hicham Mellakh, président de la Commission logistique et foncier à la CGEM.

Entre défi et opportunité
La situation commence à évoluer, mais un long chemin reste à parcourir. Pour les entreprises de taille plus petite, souvent moins matures sur le plan des systèmes d’information, il est difficile de mesurer avec précision les coûts logistiques.

Sans cette connaissance précise, elles peinent à justifier l’externalisation et à en apprécier les avantages financiers. C’est pourquoi la pédagogie est un aspect essentiel dans la démarche de sensibilisation. De nombreuses entreprises, après avoir expérimenté des solutions à petite échelle, commencent à comprendre l’importance de la logistique externalisée.

Elles peuvent commencer par louer des espaces de stockage, puis sous-traiter progressivement le transport et l’entreposage, avant de passer à une solution totalement externalisée. On l’aura compris, l’externalisation logistique au Maroc représente un défi, mais aussi une opportunité.

En surmontant les freins culturels et structurels, et en misant sur la digitalisation et la mutualisation, les entreprises marocaines peuvent réduire leurs coûts, améliorer leur efficacité et se positionner plus favorablement sur le marché international.

Hakim Belmâachi
Président de Disway

Le défi majeur réside dans la maturité des entreprises marocaines en termes de systèmes d’information. Sans une vision claire des coûts logistiques, elles peinent à saisir l’intérêt de l’externalisation. Il est difficile de convaincre une entreprise de réduire ses coûts si elle n’a même pas une idée précise de ce que lui coûte réellement sa logistique.

Anas Moutaoukil
Directeur général de BLS

L’externalisation commence par la pédagogie. La clé pour démocratiser l’externalisation au Maroc réside dans l’accompagnement des entreprises, pas à pas, pour qu’elles saisissent pleinement les bénéfices du processus.

Hicham Mellakh
Président de la commission logistique et foncier à la CGEM

Les grandes entreprises mondiales ont depuis longtemps franchi le pas de l’externalisation, avec des taux supérieurs à 50%. Le Maroc doit se réformer pour ne pas rester à la traîne.

Des freins culturels

Un des principaux freins à l’externalisation au Maroc est culturel : beaucoup d’entrepreneurs et de responsables d’entreprises préfèrent garder le contrôle de leurs opérations logistiques.

Cette réticence est souvent liée à une absence de confiance envers les prestataires externes, qu’ils jugent incapables de gérer leurs opérations avec la même efficacité et transparence. Une autre barrière importante est l’approche patrimoniale adoptée par certaines entreprises. Ces dernières souhaitent conserver la propriété de leurs dépôts et installations logistiques, par crainte de perdre des actifs stratégiques.

En outre, le secteur informel, très présent au Maroc, complique également la mise en place d’une externalisation logistique réglementée.

Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO



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