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Exploitation minière : une expertise avérée

Une bonne appréhension de la situation actuelle et l’élaboration d’une vision dynamique et innovante concernant la région minière du Tafilalet et de Figuig doivent s’inspirer, entre autres, d’une «diligence» historique pour prendre connaissance des faits saillants ayant marqué le déroulé de l’activité minière artisanale.

Si la Centrale d’achat et de développement de la région minière du Tafilalet et de Figuig (CADETAF) a vu le jour en vertu du Dahir du 1er décembre 1960, il importe de préciser que l’activité minière a débuté, bien avant cette date, dans la région. Le point de départ étant l’année 1912, durant laquelle la prospection et la recherche minière ont commencé dans le Haut Atlas oriental et permis la découverte de l’important gisement manganésifère de Bouarfa mis en exploitation en 1922. À cette époque, il y a intervention des diverses sociétés privées, à savoir la Société minière de l’Adrar, la société du Haut Guir (1909), la Compagnie minière de l’Afrique du Nord (CMAN) (1923), la société Penarroya (1923-1961), la Société minière de l’Atlas marocain (SMAM) (1925) et la Société des mines d’Aouli (1926), qui avaient bénéficié de concessions minières et de 500 permis de recherche. À noter que la région du Tafilalet, qui était réservée et strictement interdite à toute prospection ou recherche minière, n’a été réglementairement ouverte à la recherche et à l’exploitation minière qu’à partir de 1951.

Cette extension a été opérée dans le cadre du dahir du 3 août 1951 qui a étendu le règlement minier à la zone de Tafilalet, ce qui a ensuite donné lieu à des exploitations semi-industrielles sur les filons exploités auparavant par les autochtones. Pendant la période 1950-1960, qualifiée d’époque de grande activité, les principaux filons explorés ont été ceux de Méfis, Tadaout, Chaib Er-Rass, Bou Maïz, l’Adrar et Boulaadam. Au cours de cette période, 65.680 T de minerai de plomb représentant environ 5% de la production nationale ont ainsi été extraites de ces gîtes à des profondeurs atteignant parfois 30 m. Dans le Haut Atlas, des centaines d’indices et gîtes ont été exploités de manière artisanale, et certains ont pu atteindre le stade semi-industriel comme le cas de la mine d’Aït Labbas au nord de Rich, et de Ksar Moghal au sud-est de Boudhar.

Après l’Indépendance et le départ des sociétés étrangères, l’activité minière ne s’est pas arrêtée : les habitants et les anciens ouvriers ont continué l’extraction par leurs propres moyens en utilisant des procédés artisanaux. Des droits coutumiers se sont instaurés et la commercialisation était assurée par des commerçants intermédiaires installés à Erfoud. Si les productions de manganèse, de cuivre et de fer n’ont pu être maintenues en raison des conditions peu favorables du marché international et de la faible qualité des minerais extraits, celles de plomb et de zinc sont cependant restées très actives. En dépit de son impact considérable sur le développement économique et social de la région, l’activité minière qui s’est développée dans cette région était non conforme à la réglementation minière. Cette situation a poussé, en 1960, le législateur à envisager pour la normaliser la promulgation d’un dahir pour régir ce type d’activité minière, d’où la promulgation du Dahir portant création de la région minière de Tafilalet et de Figuig et de la CADETAF, établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, en charge de la supervision de l’AMA et de l’accompagnement des artisans. Le constat qu’on peut faire actuellement est que l’AMA est arrivée à essoufflement pour plusieurs raisons. Premièrement, les minéralisations sont de plus en plus profondes, nécessitant des moyens et des méthodes de mise en valeur avancés dépassant largement la capacité technique et financière des artisans. Deuxièmement, un important retard a été constaté en matière de recherche et développement miniers dans la région de Tafilalet et de Figuig. Troisièmement, des restrictions juridiques imposées par le Dahir du 1er décembre 1960 pour permettre l’accès des investissements sont venues s’ajouter à cette liste.

Compte tenu de ce qui précède, il est devenu impératif de procéder à une restructuration de l’AMA et de réussir le passage d’un modèle limité à la commercialisation des minerais extraits vers un nouveau paradigme visant le boost des investissements en matière de R&D miniers.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco Docs


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