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Euphorie sur le marché actions : attention aux surévaluations !

Le marché Actions traverse une période de forte croissance, mais les signes de surévaluation des valeurs de croissance invitent à la prudence. AGR préconise un retour aux fondamentaux pour faire face aux risques de correction, tout en saisissant les opportunités de croissance offertes par les secteurs résilients.

Le marché Actions connaît une importante dynamique en 2024, marquée par une progression de l’indice MASI, qui a atteint un niveau historique de 14 449 points en septembre. Cette hausse, de 49% depuis les plus bas de janvier 2023, suscite des interrogations quant à la soutenabilité de cette performance.

Les analystes d’Attijari Global Research (AGR) soulignent, dans l’«AGR House View» de ce mois, la nécessité de revenir aux fondamentaux, alors que les valorisations des valeurs de croissance atteignent des niveaux inédits, à 30 fois les bénéfices attendus pour 2024. La question se pose désormais : le marché peut-il maintenir un tel élan sans risquer une correction brutale ? Selon le rapport d’AGR, la performance du MASI en 2024 s’explique en grande partie par un engouement des investisseurs pour les valeurs de croissance, traduisant une confiance renouvelée dans le potentiel de reprise économique. Les valeurs de croissance, en particulier dans le secteur des Industries et Services, affichent une prime de valorisation de +50% par rapport à la moyenne à long terme de l’indice MASI.

Cependant, AGR met en garde contre les risques associés à cette surévaluation, notamment si les bénéfices des entreprises ne progressent pas au même rythme que les cours boursiers. En effet, l’étude de la période 2022-2024 révèle un écart important entre la hausse de la capitalisation boursière et celle des bénéfices.

AGR note que la capitalisation du marché a crû à un rythme deux fois plus rapide que les profits des entreprises, avec un écart de 8,2 points par rapport aux tendances observées sur la dernière décennie. Ce décalage pourrait rendre le marché plus vulnérable à une correction, particulièrement dans un contexte de volatilité accrue.

Une performance sectorielle contrastée
AGR met également en lumière les disparités de performance entre les différents secteurs du marché marocain. Alors que les Banques et les Télécoms se négocient à des niveaux de valorisation en dessous de leur moyenne historique, les secteurs des Industries et Services atteignent des multiples de 30x les bénéfices de 2024, soit bien au-dessus de leur moyenne de long terme.

Cette situation pose la question de la soutenabilité de tels niveaux de valorisation, en particulier face à la hausse des taux d’intérêt et à la possibilité d’un ralentissement de la demande. Les secteurs tels que l’Énergie et les Mines se démarquent par leur capacité à générer des marges d’EBE élevées, respectivement de 34%, ainsi qu’une génération de cash-flow opérationnel robuste, allant jusqu’à 34% de leur chiffre d’affaires.

À l’inverse, le secteur du Ciment, bien que stable, présente une marge d’EBE de 20% et une capacité de génération de cash-flow plus modeste à 15%. Ces différences mettent en avant la nécessité pour les investisseurs de diversifier leurs portefeuilles, en privilégiant les valeurs offrant des fondamentaux solides et une meilleure résilience.

AGR recommande la prudence
Face à la montée en flèche des valorisations, AGR recommande une approche prudente, en mettant l’accent sur la qualité des bilans et la capacité des entreprises à maintenir des marges solides. Pour AGR, les périodes euphoriques sur les marchés actions appellent à une réévaluation des fondamentaux. Les investisseurs sont ainsi incités à se tourner vers des valeurs plus attractifs en termes de «valorisation» et de «profil risque» et présentant une «marge de sécurité» plus importante en cas de retournement de marché.

En outre, les analyses d’AGR soulignent l’importance de prendre en compte la rentabilité des fonds propres (ROE), la capacité à générer du cash-flow et la soutenabilité des marges. À cet égard, les secteurs comme le Ciment, l’Énergie, et les Mines, qui affichent un bilan solide et une capacité de génération de cash-flow supérieure à 20%, sont jugés mieux positionnés pour résister à une éventuelle correction du marché.

Ajuster les stratégies pour 2025
En anticipant une normalisation des multiples de valorisation d’ici 2025, AGR recommande aux investisseurs de privilégier les secteurs offrant un meilleur rapport risque/rendement. Les valeurs cycliques, bien que plus vulnérables à un ralentissement économique, pourraient bénéficier d’un rebond si la conjoncture s’améliore.

De même, les titres offrant des rendements attractifs et une valorisation raisonnable, tels que certaines banques et entreprises du secteur de la Télécommunication, pourraient représenter des options défensives intéressantes. La période actuelle pourrait ainsi constituer un moment opportun pour rééquilibrer les portefeuilles, en allégeant les positions sur les valeurs de croissance les plus surévaluées et en augmentant les expositions sur des titres à valorisation plus attrayante.

AGR insiste sur la nécessité d’intégrer les risques de bilan et de cash-flow dans les décisions d’investissement, afin de mieux anticiper les phases de correction et de profiter des opportunités offertes par un retour à la moyenne des valorisations.

La résilience face aux incertitudes macroéconomiques

AGR met également en avant les risques macroéconomiques qui pourraient affecter le marché. La hausse des taux d’intérêt, l’inflation persistante et les incertitudes géopolitiques sont autant de facteurs qui pourraient peser sur la rentabilité des entreprises et, par conséquent, sur les attentes des investisseurs.

Dans ce contexte, la résilience des secteurs à fort potentiel, tels que l’Énergie et les Mines, apparaît comme un atout pour les portefeuilles d’investissement.

AGR estime qu’un retour aux fondamentaux, combiné à une sélection rigoureuse des titres, pourrait permettre de limiter les risques tout en saisissant les opportunités de croissance sur le long terme.

Cette approche repose sur la conviction que la qualité des bilans et la capacité à générer des flux de trésorerie demeurent des critères essentiels pour naviguer dans un environnement boursier complexe.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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