Éco-Business

Ennakl Automobiles. Les investisseurs dans le doute

Les investisseurs ne savent plus quoi penser de la valeur Ennakl Automobiles. Le titre ne cesse de faire du yoyo depuis plusieurs semaines mais a perdu depuis le début d’année plus de 28,21% de sa valeur à la Bourse de Casablanca et 7,23% à la Bourse de Tunis. Le désarroi s’est accentué depuis la publication d’indicateurs en repli au terme du premier trimestre 2018. Trois mois plus tard, la baisse persiste.

Ennakl Automobiles fait face à une baisse chronique de ses indicateurs. Au terme du premier semestre, le bénéfice net du concessionnaire tunisien s’est déprécié de 16% à 58 MDH. Le chiffre d’affaires, quant à lui, s’est limité à 624 MDH enregistrant une baisse de 10,4%. Une baisse des revenus qui avait déjà été décelée dès le premier trimestre de cette année. Pour cause, le secteur de la concession automobile a été plombé par l’impact de la Loi de finances 2018 et les nouvelles taxes qui ont restreint l’accès au marché des voitures. Le tout couplé à la dépréciation du dinar et son impact sur les prix de vente des voitures. Il faut dire que le concessionnaire évolue dans un marché de l’automobile tunisien affichant un recul des importations de voitures de l’ordre de 20% sur les six premiers mois de l’année.

«La baisse des importations cette année, témoigne de la volonté de maîtriser l’équilibre de la balance commerciale, en préservant nos réserves en devises, à un moment où les cours du dinar tunisien suivent une tendance baissière alors que les prix des carburants sont de plus en plus élevés», expliquait Khaled Ben Abdallah, directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce.

Du coup, ce sont les quatre concessionnaires d’automobiles cotés à la bourse tunisienne (City Cars, UADH, ARTES et Ennakl Automobiles) qui ont vu leur chiffre d’affaires global régresser de 4,42% durant le premier semestre 2018. Pourtant, l’importateur et distributeur automobile nourrissait de nouvelles ambitions pour l’année en cours après avoir clôturé l’exercice précédent en bonne forme.

À travers son nouveau plan stratégique «H2020», le groupe souhaite confirmer sa présence sur le territoire tunisien grâce à un réseau plus dense. La société s’est également positionné sur le segment des véhicules d’occasion, en vue d’en faire un nouveau relais de croissance. Après avoir obtenu la certification en 2017, la société visait la vente de 100 à 150 véhicules d’occasion garantis du groupe Volkswagen en 2018. De plus, une construction d’usine de montage de pick-up et de camions de moins de 3,5 tonnes en Tunisie serait dans le pipe afin de booster le développement du groupe. À cela s’ajoute le projet d’Ennakl d’étendre son activité en Afrique subsaharienne via sa filiale baptisée AFCAR. Ce projet devait démarrer à partir de la Côte d’Ivoire avec la marque SEAT en premier lieu avant l’arrivée d’autres marques. D’autres pays sont dans le viseur dont le Sénégal notamment. La société vise ainsi à atteindre 5% de parts de marchés dans cette sous-région. Sur la place de Casablanca comme à Tunis, le titre affiche un net repli depuis le début d’année. «Les investisseurs n’arrivent pas à se projeter avec cette valeur», remarque un analyste. À titre d’exemple, depuis la publication des résultats du groupe au terme du premier semestre 2018, le titre ne cesse de faire du yoyo sur la Bourse de Casablanca en alternant les plus fortes hausses et les plus fortes baisses d’un jour à l’autre. Au terme de la séance du vendredi, la valeur a marqué un bond de 8,03% à 35,50 DH.


Ghada Jendoubi
Analyste chez Alpha Mena

La diversité de l’offre Ennakl et sa présence dans les segments les plus margés, permet au concessionnaire d’impacter, en grande partie, la montée de l’euro sur ses prix de vente. Jusqu’à présent, la hausse des droits de consommation et de la TVA continue à être également répercutée sur les prix de vente. En revanche, il ne faut  pas omettre le fait que le secteur soit sensible à la richesse des ménages qui se trouve altérée par une inflation galopante et une flambée des prix. La concession automobile en Tunisie demeure  réglementée et souffre  de la détérioration du contexte économique et des finances publiques de l’État tunisien (détérioration des réserves en devises, aggravation du déficit de la balance commerciale, un TND au plus bas…). En outre, les quotas d’importation ont été réduits de 20% en 2018 et qui sait, la Loi de finances 2019 pourrait réserver encore une fois de mauvaises surprises pour le secteur…Par ailleurs, nous savons tous à présent que le modèle des concessionnaires tunisiens, sous le régime des quotas, est un peu typique, essentiellement caractérisé par une forte génération de cash. D’ailleurs, depuis un peu moins d’un an, la structure d’actif du concessionnaire a changé suite au rachat d’une participation dans le capital de l’un de ses actionnaires, à savoir Amen Bank. Globalement, nous restons prudents quant à la croissance du secteur de l’automobile qui continue à être tirée uniquement par les prix. Néanmoins, pour Ennakl, les risques d’une croissance tirée par les prix et de marges contractées sont compensés par une capacité de génération de cash solide. Le yield devient également intéressant à 5,6% mais reste inférieur aux comparables tunisiens (ARTES et City Cars). Néanmoins, ce dividende ne semble pas être soutenable, notamment dans ce contexte de ralentissement de la demande et de resserrement de la rentabilité.


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