Éco-Business

Engagements climatiques. Les contributions nationales sous la loupe

Le Maroc, qui engage des milliards de dollars en investissements climatiques et de mise à niveau énergétique, veut plus d’engagement de la communauté internationale. Il s’agit désormais d’accélérer la mise en œuvre des contributions nationales et d’intégrer les différents acteurs de manière démocratique.

Il faut de la persévérance et beaucoup de lobbying et de travail pour faire respecter les engagements climatiques issus de la COP 21 de Paris, confirmés lors de la COP 22 de Marrakech. C’est le cas pour les contributions déterminées au niveau national (CDN). Conditionnées par l’Accord de Paris, ces contributions représentent l’effort en matière d’engagement, de mesures et de procédures mis en œuvre ainsi que les moyens financiers de chaque pays signataire afin de faire avancer les projets liés à la réduction des émissions de CO2 et aux énergies renouvelables. Il y a eu tout un débat sur la base de calcul des CDN qui se fait au niveau national. Mais, les procédures et les lois sont perfectibles avec des efforts sporadiques depuis 2015.

Pour jeter toute la lumière sur cette problématique, les membres du réseau Climate Action Network Arab World (CAN Arab World) ont souligné, dimanche à Rabat, la nécessité de mobiliser et fédérer les efforts des différentes parties prenantes. Objectif, arriver à plus d’engagement concernant la mise en œuvre des CDN. C’est en juin 2015 que le royaume a présenté au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) la version améliorée de sa contribution.

En respect de l’article 3 de l’accord de Paris, la CDN du Maroc présente les efforts du royaume dans la lutte contre le changement climatique en matière d’adaptation et d’atténuation pour l’ensemble des secteurs économiques du pays. À titre d’illustration, les engagements du Maroc dans le domaine forestier portent sur la lutte contre l’érosion de 1.500.000 hectares, dans 22 bassins prioritaires, avec un budget de 260 millions de dollars, et le reboisement de 600.000 hectares pour un montant de 46 millions de dollars. Mais de manière générale, le Maroc s’engage à une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030. Cela aura nécessité un investissement de 50 milliards de dollars en 20 ans entre 2010 et 2030.

Toutefois, le Maroc, comme d’autres pays concernés, n’est pas très satisfait de la part consacrée par la communauté internationale à l’adaptation aux changements climatiques. En effet, alors que le royaume a consacré 64% de ses dépenses climatiques à l’adaptation, soit 9% des dépenses d’investissement nationales, la communauté internationale n’y a prévu que 5% de son financement climatique. Mais outre l’appui financier, le Maroc veut bénéficier d’un accompagnement en matière de renforcement des capacités techniques et institutionnelles. Cela doit couvrir un large éventail de besoins liés à la création de données et le partage des connaissances, ainsi que les aspects juridique, financier et d’ingénierie pour la conception et la mise en œuvre de projets à l’échelle régionale et locale. Rappelons dans ce sens qu’un plan d’investissement vert porte sur une trentaine de projets à réaliser dans les secteurs eau, énergie, forêt, agriculture, villes, transport et déchets, dont la réalisation nécessite 38 milliards de dollars sur 15 ans.La rencontre de dimanche, organisée en partenariat avec la Fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung, a donc tenté de dresser le tableau de l’état actuel des plans de mise en œuvre par les gouvernements arabes des CDN en matière de climat, mais aussi d’élaborer un plan d’action commun qui peut contribuer à renforcer leur mise en œuvre.

Dans ce sens, Moussa Elimane Sall (photo), président de CAN Arab World, a mis les choses dans leur contexte en soulignant que cette rencontre, qui intervient après deux ans de travail, a pour finalité d’échanger sur la possibilité des acteurs à impulser un changement au niveau des pays arabes et africains avec notamment les acteurs étatiques, les collectivités territoriales ainsi que les secteurs privés. Une dynamique susceptible de créer un cadre d’action pour la mise en œuvre des contributions nationales déterminées lors de la COP 21. Il s’agit d’exhorter les États arabes à avoir plus d’ambition concernant les émissions de GES. Car en 2018, le réseau a pu répertorier des pistes pouvant mener vers une dynamique de changement véritable, comme notamment investir massivement dans les énergies renouvelables et accélérer la cadence sur la question de l’eau. Mais cela est difficilement réalisable en l’absence d’un engagement ferme de toutes les parties prenantes. C’est la raison pour laquelle un plan d’action conjointement concocté par les secteurs publics et privés ainsi que les ONG permettra de lancer des projets et de solutionner des problématiques de manière cohérente sur les deux prochaines années. Cette réunion, qui se tient pour la première fois au Maroc, vise également à évaluer les actions mises en œuvre jusqu’ici et de prioriser les actions à mener en Afrique et dans le monde arabe pour être au diapason des engagements climatiques. Il s’agit d’un cadre démocratique d’échanges sans a priori intégrant le maximum d’acteurs, surtout de la société civile.



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