Énergies renouvelables et hydrogène vert. Une dualité innovante pour un avenir inclusif et durable
L’énergie associée à un système est en gros liée à sa capacité à fournir un travail. Elle est considérée comme ‘‘potentielle’’, tant qu’elle n’est pas appelée à développer ce travail. Cette définition nous aide à comprendre pourquoi l’énergie constitue un vecteur transversal pour dynamiser les processus de développement, et pourquoi la question de son stockage est cruciale. Quant aux énergies renouvelables , elles enrichissent cette fonction, par d’autres atouts, tels que leur capacité d’intégration dans le mix énergétique, leur durabilité et la flexibilité de leur déploiement dans des réseaux électriques locaux isolés, interconnectés entre eux, ou reliés au réseau national. De plus, elles peuvent constituer des solutions personnalisées et adaptées aux spécificités territoriales et à la taille des besoins communautaires en matière d’énergie électrique.
Par ailleurs, les importants écosystèmes de production de l’énergie électrique à partir de sources renouvelables – solaire et éolienne – dont dispose actuellement le pays, rappellent l’omniprésence de la dimension verte de l’énergie, dans les visions stratégiques du Roi Mohammed VI, et ce, depuis les premières initiatives mondiales qui tentaient de généraliser l’insertion des énergies renouvelables dans les processus de développement.
De même, cet engagement envers cette dimension verte a été réaffirmé lors du discours royal prononcé à l’occasion du 25e anniversaire de l’accession de Sa Majesté au trône. Ainsi, après 25 ans de grands chantiers structurants, transformants et inclusifs, les énergies renouvelables et leurs nouvelles perspectives demeurent une des priorités nationales pour renforcer la dynamique du processus de développement économique, humain et territorial du pays.
Naissance d’une dualité innovante
Pour renforcer l’exploitation de ses potentialités en matière de sources d’énergies renouvelables, notamment par l’ouverture des nouvelles perspectives économiques et sociales qu’elles offrent, le Maroc s’est engagé sans retour, sous la conduite éclairée de Sa Majesté, dans une politique énergétique audacieuse. Une politique qui s’articule autour de l’innovation au sens large du terme, et qui permet au Royaume de piloter sa transition énergétique en harmonie avec les principes de développement durable.
À ce titre, le Roi a présidé le 22 novembre 2022 une séance de travail, dédiée au développement des énergies renouvelables et leurs nouvelles perspectives, en matière de transition énergétique propre : «Par ailleurs, la montée en compétitivité des énergies renouvelables ouvre de nouvelles perspectives prometteuses pour le Royaume, en particulier dans les domaines de dessalement de l’eau de mer et de la filière émergente de l’hydrogène vert et de ses usages», indique le communiqué du Cabinet royal diffusé à cette occasion. Effectivement, en exploitant des propriétés intrinsèques à l’hydrogène, nous pouvons relever les défis qui s’opposent à l’expansion de l’utilisation des énergies renouvelables. Ainsi, l’avenir du secteur de l’énergie au Maroc pourrait être meilleur par le couplage des énergies renouvelables avec l’hydrogène vert et ses dérivés. Mais pour apprécier la profondeur de la vision stratégique et proactive du Souverain, le rappel de deux éléments est nécessaire :
- L’absence de supports de stockage directs, efficients et rentables, limite l’utilisation des énergies renouvelables. À ce propos, il est à noter que malgré la disposition par le Maroc d’énormes potentiels énergétiques, en matière de diversité et de puissance, leur exploitation reste loin de l’optimal.
- La production de l’hydrogène vert n’est pas mondialement assez compétitive, principalement par le coût élevé de l’énergie nécessaire à sa production.
Mais par le couplage des deux éléments, nous comprenons clairement que la contrainte liée auparavant au coût élevé de la production de l’hydrogène vert se transforme en une solution pour le problème lié au stockage de l’énergie renouvelable.
En effet, en produisant l’hydrogène vert en grande quantité en période d’excédent énergétique qu’on exploite ultérieurement, on réalise en quelque sorte un stockage de cette énergie excédentaire sous une nouvelle forme : l’hydrogène vert et/ou ses dérivés. C’est une innovation remarquable qui permet notamment de contourner le problème lié au stockage des énergies renouvelables. Il est à rappeler aussi que l’hydrogène se trouve partout dans la planète, notamment dans les eaux des mers et des océans, et que les atouts de notre pays résident dans ses potentialités énergétiques renouvelables nécessaires à sa production et dans sa ligne politique en matière d’énergie.
En s’appuyant sur les hautes directives royales données lors de la réunion de travail du 22 novembre 2022, notamment pour l’élargissement de la chaîne de valeur de la nouvelle filière d’hydrogène vert, et sur ce principe directeur qui découle de la dualité «énergies renouvelables – hydrogène vert», le Maroc se positionnera comme un leadership reconnu mondialement en matière de transition énergétique.
Dans cette dynamique et avec cette ambition, «le Souverain a donné Ses Hautes Instructions à l’effet d’élaborer, dans les meilleurs délais, une offre Maroc opérationnelle et incitative, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière de l’hydrogène vert au Maroc. Elle devrait comprendre, outre le cadre réglementaire et institutionnel, le schéma des infrastructures nécessaires», ajoute le communiqué du Cabinet royal du 22 novembre 2022.
Une offre compétitive et inclusive
L’offre Maroc en hydrogène vert, élaborée selon les hautes directives du Souverain, a été validée à l’occasion du 24e anniversaire de son accession au trône. «Faisant suite à la réunion que Nous avons présidée à cette fin, le gouvernement a élaboré le projet «Offre Maroc» pour l’hydrogène vert», est-il souligné dans le discours prononcé à cette occasion.
L’offre Maroc, fondée sur six piliers, est à la fois compétitive, prometteuse et inclusive. Elle vise la création d’un écosystème complet pour la production et la transformation d’hydrogène vert, permettant l’accompagnement des projets intégrés de bout en bout : depuis la production de l’énergie électrique à partir de sources renouvelables pour les électrolyseurs, jusqu’à la transformation de l’hydrogène en d’autres dérivés comme l’ammoniaque vert et le méthanol.
Par son large spectre d’activités et la nature de ses projets intégrés, l’écosystème d’hydrogène vert constitue à la fois un espace pour l’incubation des nouveaux métiers associés aux systèmes d’énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique et à l’hydrogène vert et à ses dérivés d’un côté, et un véritable moteur de développement socioéconomique et socioprofessionnel local et national, de l’autre. Effectivement, il favorisera la création de valeur, et renforcera des activités industrielles et économiques dans des créneaux prometteurs, tels que celui de la production d’éléments pour les éoliennes, pour l’électronique de traitement des énergies renouvelables et pour le conditionnement de l’hydrogène vert et de ses dérivés.
D’autres secteurs, considérés comme énergivores, tels que le transport professionnel, la mobilité, et l’agriculture, bénéficieront des services de l’hydrogène vert et de ses dérivés. De plus, l’insertion de l’hydrogène vert comme source d’énergie dans les processus industriels, constitue également une orientation déterminée vers une industrie à faible empreinte de carbone. Ceci vient aussi renforcer la promotion d’emploi local et national. Quant à la mise en œuvre rapide et qualitative de l’offre Maroc, elle devrait être faite «de manière à valoriser les atouts dont dispose Notre pays en la matière et à répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse», précise le Roi dans son discours.
En tenant compte des atouts du Royaume, lors de son élaboration, tels que la proximité avec l’Europe considérée comme un marché à forte demande énergétique, la diversité géographique, un littoral de 3.500 km, notre expérience et expertise dans le domaine des énergies renouvelables et de la formation, notre capital humain qualifié, l’offre Maroc constitue une base de négociation opérationnelle, pragmatique et compétitive à l’échelle mondiale. Dans ce cadre, notre pays dispose d’important atouts, notamment en matière d’incitation pour les porteurs de projets et leaders mondiaux dans le domaine de l’hydrogène vert, et aussi en matière de gouvernance et de cadre législatif et réglementaire.
L’offre Maroc, un accélérateur des engagements internationaux du pays
Par cette même dualité innovante énergies renouvelables – hydrogène vert, les hautes directives de Sa Majesté visent l’instauration de projets de développement plus inclusifs et plus verts pour permettre au Maroc, notamment l’accomplissement de ses engagements internationaux, tels que les Objectifs de développement durable (ODD-2030), l’organisation de la Coupe du monde par la FIFA en 2030 et la réduction du taux de carbone lors de la production d’électricité vers 2050.
À ce sujet, le discours royal adressé au Sommet mondial sur l’action climatique (COP-28) à Dubaï rappelle : «La profonde conviction du Maroc, dont l’engagement climatique est précurseur, se concrétise à travers plusieurs leviers stratégiques et politiques … Notre Stratégie nationale de développement durable est pensée et déclinée dans une perspective de forte inclusion. Au Maroc, l’essor des énergies renouvelables et durables, le développement des filières d’hydrogène vert compétitif, notre connectivité grandissante avec les marchés mondiaux et l’organisation d’une Coupe du monde de football entre deux continents sont autant de preuves de la vision d’intégration régionale que nous portons».
El M’kaddem Kheddioui / Les Inspirations ÉCO