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Endettement : le Maroc pris dans les filets !

Selon le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, «l’endettement des États est le lot aujourd’hui de tous les pays. Mais, celui du Maroc se situe à des niveaux encore gérables et des solutions sont donc encore possibles pour en réduire le poids sur notre potentiel de croissance». Lahlimi invite à se pencher rapidement sur la question. En attendant, le taux d’endettement global du pays monte crescendo et tel un poisson, le royaume est pris dans ses filets.

Le Haut-commissariat au plan (HCP) vient de sortir une note sur la situation économique en 2021 et ses perspectives en 2022. Il ressort de ce document que le Maroc aura encore du mal à se défaire de l’endettement où il est complètement englué, à l’instar des autres États. En effet, de l’avis du Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami, «l’endettement des États est le lot aujourd’hui de tous les pays». Mais, tempère-t-il, «le nôtre reste, selon nous, à des niveaux encore gérables. Des solutions sont donc possibles pour en réduire le poids sur notre potentiel de croissance, ou tout au moins, en innovant sur son mode de gestion». Pour réfléchir à ces solutions et innovations ainsi qu’à leur mise en œuvre, Lahlimi souhaite qu’un débat soit ouvert rapidement sur la question. En attendant qu’il soit entendu et suivi, les statistiques confirment, en effet, que malgré la crise sanitaire le Maroc a encore une petite marge, qui se rétrécit, quand même, d’année en année. Son taux d’endettement global s’est, en effet, situé à 92,5% de son PIB en 2020. Il connaîtra, malheureusement, une légère hausse de 0,2 point à la fin de l’année en cours et une brusque montée de 1,2 point en 2022 où il atteindrait 93,9%. Inquiétant non ?

Tendance haussière de l’endettement
Selon le HCP, cette tendance haussière de l’endettement sera entretenue par la persistance du niveau élevé du déficit budgétaire. En effet, bien que celui-ci sera en allègement par rapport à son niveau de 2020 où il s’est situé à 7,6%, il demeurera quand même à 6,3% du PIB en 2021. Ce qui devrait entraîner une nouvelle augmentation de la dette publique qui serait couverte en 2021 principalement par le recours au marché domestique et dans une moindre mesure par la mobilisation des financements extérieurs.

À cet égard, indique le HCP, l’État envisage la mobilisation de l’épargne des ménages en complément de ses sources de financement. Cette opération d’emprunt national devrait générer en 2021 des recettes de 5 MMDH. Globalement, le financement du Trésor sur le marché des adjudications, devrait porter la dette intérieure à près de 58,2% du PIB. S’agissant de la dette extérieure du trésor, elle devrait atteindre 19,1% du PIB en 2021 au lieu de 18,3% en 2020 et 24,8% de l’endettement global du Trésor, approchant pour la première fois son Benchmark de référence, soit 25%. Dans ces conditions, l’encours de la dette du Trésor continuerait d’augmenter pour frôler le seuil de 77,3% du PIB en 2021 après 76,4% en 2020.

Dans ces conditions, et tenant compte de la part de la dette extérieure garantie qui devrait afficher en 2021 une légère atténuation pour se situer à 15,4% du PIB comparativement à la moyenne de 16,2% durant la période 2015-2020, le ratio de la dette publique globale devrait s’accentuer pour passer de 92,5% du PIB en 2020 à 92,7% en 2021.

Un vrai poids sur les finances publiques
Les perspectives en 2022 ne seront pas meilleures. Loin de là ! L’endettement continuera, malheureusement, à peser sur les finances publiques. Selon le HCP, les recettes fiscales devraient atteindre 18,2% du PIB en 2022 au lieu de 17,9% en 2021. Tenant compte du maintien des recettes non fiscales à 2,4% du PIB, les recettes ordinaires devraient se maintenir à près de 20,8% du PIB en 2022. Parallèlement, les dépenses ordinaires devraient s’alourdir davantage en liaison avec la consolidation des efforts déployés pour la dynamisation de l’activité économique. Ainsi, pâtissant de la rigidité à la baisse des charges de fonctionnement, ces dépenses devraient atteindre 20,9% du PIB au lieu de 21% attendus en 2021. Sous l’hypothèse du maintien de l’effort d’investissement du Trésor à près de 6,2% du PIB, les finances publiques devraient connaître un déficit budgétaire élevé malgré sa légère atténuation, pour se situer à 6% du PIB en 2022 au lieu de 6,3% attendus en 2021. Face à cette situation déficitaire, le taux d’endettement du Trésor devrait poursuivre sa tendance haussière, passant de 76,4% du PIB en 2020, à 77,3% en 2021 puis à 79% en 2022. Tenant compte de la dette extérieure garantie, qui devrait se limiter à 14,9% du PIB en 2022, la dette publique globale serait portée à hauteur de 93,9% du PIB au lieu de 92,7% attendu en 2021.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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