«En 2017, le marché privé a pondéré la baisse enregistrée par les marchés publics»

Fraîchement nominé en tant que directeur général du Bureau Veritas Maroc, Youssef Adnani revient sur l’évolution de l’activité. Des services comme le bilan carbone ou les rapports RSE ont connu une réelle dynamique, après l’organisation de la COP22.
Les Inspirations ÉCO : Comment se porte l’activité du Bureau Veritas ?
Youssef Adnani : Nous détenons 40% des parts de marché de notre activité au Maroc. Presque un certificat sur deux est délivré par nos services. En 2016, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de plus de 60 MDH. Le début de l’année 2017 a été impacté par le retard dans la formation du gouvernement et dans la validation de la loi de finances par la première chambre, ce qui a eu un effet négatif sur les marchés publics. Heureusement, le marché privé a compensé ce manque.
Peut-on dire que la COP22 a été un tournant dans l’activité du Bureau Veritas ?
Effectivement, cet événement a marqué notre activité avant son début, pendant et après sa fin. Depuis la COP21 et la nomination du Maroc pour abriter la COP22, il y a eu de la part des entreprises un intérêt croissant à développer certaines activités. Certaines entreprises ont exprimé le besoin de communiquer davantage sur leur vocation environnementale. Cela a coïncidé avec notre lancement d’un service qui s’est développé en un département, de calcul des gaz à effet de serre (GES). C’est ce qu’on appelle communément le bilan carbone. À travers le département cité, nous avons collaboré avec plusieurs entreprises de différents secteurs d’activités. À titre d’exemple, nous avons réalisé le bilan carbone de Cosumar, de la BMCE, des Eaux minérales d’Oulmès et de plusieurs PME.
Qu’est-ce qui ressort de cette expérience ?
Nous avons compris que la fibre environnementale s’est réellement développée au sein des entreprises marocaines et qu’il y a un besoin de communication afférent. Preuve en est que ces entreprises sont toutes certifiées ISO 14001, la norme des systèmes de management environnemental. Ainsi, nous avons collaboré avec l’Association des producteurs de ciments (APC) pour la réalisation d’un bilan carbone pour les entreprises adhérentes. Nous avons donc développé ce service qui nous a permis de contribuer activement à la mise en place du pacte Qualit-air. Il s’agit d’un pacte signé entre la CGEM et la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, laquelle nous a mandatés pour la formation des entreprises au sujet des outils utilisés pour réaliser le bilan carbone.
Et au cours de l’événement ?
Pendant la COP22, nous avons contrôlé le salon de l’événement afin de vérifier s’il répondait aux normes de qualité et de sécurité. Nous avons également certifié la COP22 selon ISO 20121, norme spécifique aux événements responsables. Enfin, nous avons réalisé un bilan carbone de tout l’événement.
Quel impact cet intérêt a-t-il eu pour le bilan carbone sur l’activité après la COP22 ?
Toutes les entreprises ayant réalisé ce bilan une première fois, ce qui constitue désormais une référence, doivent le réaliser chaque année pour constater l’évolution de son empreinte sur l’environnement. Ce segment s’agrandit petit à petit au vu du nombre croissant d’entreprises qui ont entamé les démarches pour réaliser leur premier bilan carbone. Le développement de cette activité dépendra néanmoins de l’activation des outils financiers comme cela a été convenu lors de la COP22. Le franchissement de cette étape nous permettra d’évoluer vers plus de prestations d’audit et d’accompagnement de ces entreprises pour la réduction de l’impact de leur activité sur l’environnement.
L’activité RSE se développe également…
À l’instar du bilan carbone, cette activité se développe de deux manières. D’un côté, les entreprises qui ont déjà une activité RSE souhaitent désormais communiquer davantage, ce que nous leur permettons de faire. D’un autre côté, nous assistons à une demande grandissante d’opérateurs qui ont exprimé, pour la première fois, le besoin de mettre en place une activité RSE, ou au moins la structurer. De notre côté, en tant qu’organisme accrédité, nous évaluons déjà la démarche RSE des entreprises membres de la CGEM. En ce qui concerne les rapports RSE, c’est une activité qui a pris de l’ampleur après la COP22. Notre référence phare en la matière est la Banque centrale, pour qui nous rédigeons le rapport extra-financier RSE.
Comment gérez-vous le volet réglementaire ?
Les réglementations évoluent et nous sommes dans l’obligation de suivre de près ces évolutions afin d’être capables d’orienter et de conseiller nos clients. Notre département Veille en fait sa mission. Au Maroc, le nom du ministère de l’Environnement vient d’être changé. Le nom adopté, qui est celui du développement durable, correspond plus aux enjeux actuels de la lutte contre le dérèglement climatique. Par ailleurs, je pense que les entreprises attendent beaucoup en matière de réglementation, sachant que le Maroc n’est pas un grand pollueur, comparé aux pays de l’Europe, de l’Amérique et de l’Asie.
Vous avez eu dernièrement une nouvelle accréditation…
Bureau Veritas Maroc a été accrédité COFRAC (Comité français d’accréditation), une certification qui est passée à une nouvelle version (2015). La spécificité de cette étape est que nous sommes le seul organisme à avoir cette accréditation au Maroc. Les autres organismes ne possèdent que l’accréditation de leur maison mère. C’est un grand avantage concurrentiel.