Emploi : Le tissu associatif appelé à s’impliquer

Le ministère délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement et la société civile lance une opération de concertation avec les ONG pour recueillir leurs propositions en matière de création d’emplois au sein des associations.
L’annonce faite par le département de Mustapha El Khalfi intervient dans le cadre de l’application de la circulaire du président du gouvernement relative au cadre de préparation du PLF 2019 qui met en avant «dans son 4e alinéa la nécessité de faire de l’emploi une priorité horizontale de toutes les politiques publiques», selon le nouveau cadre de concertation annoncé par le gouvernement, lequel continuera à recueillir l’avis des associations jusqu’au 12 septembre prochain. «Le gouvernement fera du secteur associatif un levier pour l’emploi à travers des associations entre le public et les ONG ainsi que les conseils des régions, spécialement dans les secteurs sociaux et à travers le renforcement du rôle des associations en matière d’amélioration de l’employabilité», indique la feuille de route du département chargé des Relations avec le Parlement et la société civile. L’implication des représentants de la société civile en matière d’absorption du chômage est actuellement l’une des grandes priorités des acteurs associatifs, qui est citée dans le dernier discours royal comme composante essentielle permettant de faciliter l’intégration des jeunes dans le circuit de la production. Les propositions des associations devront se focaliser sur les modalités pratiques à même d’aider les chercheurs d’emploi à intégrer les associations, ce qui sera de nature à améliorer le rendement des acteurs associatifs et en même temps assurer l’emploi pour les jeunes qui ont de grandes difficultés à pénétrer sur le marché du travail.
Le potentiel existant
Entre 2015 et 2017, le tissu associatif s’est élargi de manière spectaculaire pour atteindre plus de 150.000 ONG, dont 20.000 créées durant les deux dernières années. L’appel à consultation a été lancé alors que le gouvernement est en train de finaliser un nouveau cadre de financement des associations, qui devra remplacer la circulaire de 2003, toujours applicable. Le principal fait marquant durant les deux dernières années a été surtout la montée en puissance des acteurs civils qui opèrent dans le champ de la protection de l’environnement et du développement durable, avec 28.960 associations, ce qui représente 22% du tissu associatif reconnu. Un nouveau cadre des relations avec l’État est actuellement en cours de préparation, lesquelles seront axées sur la garantie d’indépendance des ONG, les critères convenables pour avoir la reconnaissance d’utilité publique, le respect des droits des membres et le renforcement de la transparence. Il est à noter aussi que la collecte de fonds étatiques s’est également intensifiée avec un total de 6,4 MMDH qui ont été déboursés au profit des associations et qui englobent aussi les fonds en provenance des comptes spéciaux du Trésor et les aides qui sont transférées à partir des ressources fiscales. Le potentiel des associations devra donc former un pan crucial en matière de lutte contre le chômage et devra également améliorer les modalités de soutien public aux associations qui s’inscrivent dans la nouvelle dynamique enclenchée par le gouvernement. Pour les domaines d’interventions, l’état des lieux qui a été dressé par le département chargé des Relations avec le Parlement et la société civile laisse dégager une nette domination des œuvres sociales avec 24% des associations qui travaillent dans ce domaine, soit un nombre de 31.110 ONG. En bas du tableau se trouve essentiellement les domaines de la santé et de la communication. Le tissu associatif a devant lui un long chemin à parcourir dans le domaine de la défense et la sensibilisation des citoyens en matière de droits sanitaires, avec un nombre de 1.290 associations qui travaillent au sein de ce segment, ce qui ne représente que 1% au sein des domaines d’intervention. Le gouvernement s’attend à ce que l’appel à consultation puisse améliorer de manière très nette l’intervention des associations dans ce domaine, ce qui sera synonyme de renforcement de leurs ressources humaines.
Quel bilan pour le département de l’Emploi ?
En août 2017, le département directement concerné par la problématique de l’employabilité des jeunes avait lancé un appel à contribution à l’intention d’une multitude d’acteurs pour établir une liste des mesures urgentes qui devront faciliter l’application du Plan national de promotion de l’emploi. Il s’agit de fédérer l’ensemble des intervenants dans la lutte contre le chômage autour d’une batterie de mesures qui devront accompagner le plan national 2017-2021. L’appel à contribution concerne les partenaires sociaux regroupés au sein du dialogue social mais aussi les instances et organismes chargés soit de la mise en œuvre du programme du gouvernement, soit de celles qui sont habilitées à évaluer l’impact des mesures qui ont été lancées depuis avril 2017, date de l’investiture du gouvernement. Les axes qui ont fait l’objet de débats concernent les modalités d’application de 3 orientations majeures prévues par le programme du gouvernement (travail décent, égalité et l’emploi des jeunes) mais aussi le volet relatif à l’encouragement de l’investissement générateur de postes de travail. Les exigences du gouvernement concernent ainsi «le rapprochement du système d’éducation et d’alphabétisation de l’emploi, avec l’adaptation des programmes de formation aux offres et aux opportunités et l’amélioration de l’employabilité des lauréats». En ligne de mire se trouve la généralisation des espaces d’emploi numériques en milieu rural et le développement des services à distance au niveau des villes, des universités et des communes, accompagnés de la mise en place de programmes régionaux basés sur un dispositif régional de promotion de l’emploi.
L’engagement des régions sera décisif
La répartition géographique des acteurs associatifs montre que 5 régions abritent 63% du tissu subventionné, avec à leur tête la Région de Casa-Settat qui compte 19.562 associations, soit 15%. Les acteurs de la société civile restent particulièrement actifs au sein de la Région du Souss-Massa avec 15.879 associations, suivie de celle de Marrakech-Safi, qui compte 15.710 ONG. Par secteur, les ministères contribuent à hauteur de 22% des financements accordés aux associations, soit un montant de 1,4 MMDH, suivis des entreprises publiques qui ont débloqué en 2016 plus de 15% des financements, soit un montant qui dépasse 982 MDH. La part de l’INDH reste aussi importante dans le budget des associations avec un montant de 260 MDH qui ont été distribués durant la même période, tout comme les collectivités territoriales qui ont participé à hauteur de 11% dans le budget des associations, soit un budget de 700 MDH. Le ministère de la Solidarité vient quant à lui en tête des départements qui se sont les plus impliqués dans le renforcement des dotations budgétaires des associations, avec 201 ONG subventionnées pour un montant qui dépasse 34 MDH, suivi du ministère chargé des MRE et des affaires de la migration qui a soutenu 107 associations pour un montant de subvention qui avoisine 24 MDH. Les associations culturelles ont été aussi en tête des priorités du gouvernement, selon les données recueillies par la Commission de contrôle des finances publiques dans son dernier rapport, avec 427 ONG financées par le département de la Culture.