Elalamy appelle à maintenir la cadence
L’avantage conjoncturel du retrait progressif de la Chine du marché ne doit pas être considéré comme acquis. Le secteur a réalisé un CA record à l’export en 2017 avec plus de 36 MMDH.
Nous sommes aujourd’hui loin de la crise textilienne des années 2000 au Maroc qui a failli saborder tout un secteur. En 2017, le textile a réalisé plus de 36 MMDH à l’export, un record. Jusqu’en 2015, le secteur peinait pour atteindre les 30 ou 31 MMDH d’exportation mais cette performance inespérée est moins le résultat d’une mise à niveau que d’une conjoncture internationale propice marquée par la hausse du coût de la main-d’œuvre en Chine, en ce sens que les facteurs de production sont devenus plus avantageux au Maroc et dans d’autres pays de la région. Ce constat, Moulay Hafid Elalamy n’a eu de cesse de le mettre en évidence depuis au moins 2015. Le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique l’a encore une fois rappelé vendredi dernier à Casablanca lors de l’assemblée plénière de l’AMITH.
L’association des industriels du textile, souvent piquée au vif pour n’avoir pas su déjouer la fuite des commandes vers d’autres pays plus compétitifs, semble aujourd’hui plus détendue mais si l’embellie revient, ce n’est pas une raison pour dormir sur ses lauriers. S’adressant aux professionnels en fin de semaine, il les a exhortés à fournir davantage d’efforts pour monter en gamme et satisfaire un client européen de plus en plus exigeant. Certes, la Chine continuera à se retirer progressivement du marché, ce qui donne encore quelques années de répit à l’industrie nationale, mais il faut entre-temps se positionner par rapport aux concurrents, principalement la Turquie. Sur ce registre, il y a lieu de noter le cadeau d’Elalamy aux textiliens en suspendant les exonérations de droits de douanes sur les importations turques malgré l’ALE avec la Turquie. En fin négociateur, le ministre du Commerce n’est jamais à court d’arguments pour faire entendre la voix du Maroc.
En février 2015, il a réussi à faire fondre le glace entre son ministère et les professionnels du secteur à travers les écosystèmes textile. Un accord a été scellé en vertu duquel les industriels s’engagent à créer 100.000 emplois à l’horizon 2020 et le ministère à garantir 95 hectares en foncier. L’on a alors tablé à terme sur une croissance du CA de 9MMDH dont 5 réalisés à l’export. Cet objectif tracé en 2015 du moins en CA à l’export est concrètement atteint, aux industriels de monter en régime et créer de l’emploi car le HCP avait dans l’un de ses rapports critiqué le secteur à ce sujet en soutenant que les pertes en termes d’emploi étaient de 32.000 postes entre 2013 et 2014 malgré une bonne performance à l’export. Pourtant Elalamy a toujours été confiant quant à la bonne perspective qui s’annonçait pour le secteur. Le temps de l’assistanat était révolu avait-il lancé une fois devant les textiliens, seules les entreprises sérieuses vont pouvoir compter sur le coup de pouce de l’État. Le ministre a souligné à cet égard que son département soutiendra les sérieux auprès des banques dans leurs efforts d’investissements.