Ecosystèmes pharmaceutiques : Quatre nouveaux projets dans le pipe
Reconduit il y a quelques jours à la tête du ministère de la Santé, Haussine Louardi était hier assis aux côtés de l’un de ses prédécesseurs, Mohamed Cheikh Biadillah. Ils ont tous deux suivi avec beaucoup d’attention un «cours magistral» sur «l’Éthique au service du citoyen», prononcé par le professeur Gabriel Malka, directeur de l’Institut de formation et de recherche en biotechnologie et ingénierie biomédicale à l’Université Mohammed VI polytechnique de Ben Guerir. C’était dans le cadre de la deuxième édition de l’Amip Pharma Days, organisée sous le thème : «Industrie pharmaceutique : Modèle 2.0».
Dans son oral, Gabriel Malka a insisté sur l’humanisme des soins face à la montée en puissance des applications thérapeutiques. Il a plaidé pour une éthique universelle favorable à une santé citoyenne. L’éthique, selon ce spécialiste international de la chirurgie maxillo-faciale, repose sur quatre piliers: le respect de la vie et de la dignité humaine, la bienfaisance, l’autonomie et, enfin, la compétence du corps médical. Gabriel Malka finit son intervention en soulevant deux interrogations lourdes de sens devant les acteurs de l’industrie pharmaceutique, marocains et étrangers. «Quelle médecine pour l’Homme de demain? Quel Homme pour la médecine d’aujourd’hui ?».
Médicaments à prix bas
Les opérateurs de l’industrie pharmaceutique doivent s’en réjouir. Les deux ministres, Moulay Hafid Elalamy et El Haussine Louardi, respectivement en charge de l’Industrie et de la Santé, ont été reconduits dans leurs fonctions. D’autant plus que ces derniers n’ont pas de temps à perdre pour se familiariser avec les dossiers de leurs départements. L’on s’attend ainsi à accélérer la mise en œuvre des deux écosystèmes de l’industrie pharmaceutique, aussi bien celui des «Médicaments» que celui des «Dispositifs médicaux», en vue de réaliser dans les délais les objectifs tracés par le Plan d’accélération industrielle.
En effet, parmi 40 projets ciblés, seul celui de Sothema a été concrétisé à ce jour, portant sur la fabrication de médicaments biosimilaires, et dont le contrat d’investissement a été signé en juillet 2016. D’autres projets seront annoncés incessamment, apprend-on en marge de Amip Pharma Days. Louardi donne un avant-goût en annonçant le lancement imminent de nouveaux investissements pour la fabrication des médicaments traitant l’hépatite B. «Douze autres médicaments anticancéreux seront fabriqués localement à un coût nettement abordable», ajoute le ministre qui compte bientôt recevoir les industriels pour discuter des problèmes persistants. «Le ministère continuera à agir avec volontarisme, force, cohérence et agressivité s’il le faut, pour le bien des industriels et des consommateurs», a rappelé Louardi.
Ayman Cheikh Lahlou
Président de l’AMIP
Les Inspirations ÉCO : Que représente le modèle 2.0 pour l’industrie pharmaceutique ?
Ayman Cheikh Lahlou : Le modèle pharmaceutique marocain 2.0 signifie une plus grande production locale du médicament. Près des deux tiers des médicaments consommés par les Marocains sont fabriqués localement. L’objectif est d’atteindre un niveau d’autosuffisance à hauteur de 80%. Nous devons fabriquer les biens que nous importons aujourd’hui, notamment les matières premières, les médicaments biosimilaires, ceux traitant le cancer, les produits de contraception, les aérosols et inhalateurs, etc.
Un seul projet, parmi les 40 ciblés, a été concrétisé à ce jour. Quid du bilan des écosystèmes pharmaceutiques?
Un seul projet a certes été signé, mais il y en a 4 à 5 autres projets dans le pipe, dont deux seront bientôt concrétisés. Ils devront déboucher sur la fabrication des médicaments traitant le cancer, la contraception, l’asthme, etc. Des produits que nous importons aujourd’hui de l’étranger, nous allons désormais pouvoir les fabriquer mois cher localement, avant de les exporter vers d’autres marchés.
Qu’attendez-vous de l’Amip à travers la nouvelle charte d’éthique ?
La charte de l’éthique consiste à dire que nous sommes bons, mais nous aspirons être excellents dans la qualité de notre travail et de nos relations avec les pharmaciens, les médecins et les autorités. Nous devons désormais intégrer une démarche «Compliant», d’ordre éthique et déontologique avant d’aller chercher de nouveaux marchés en Afrique et au Moyen-Orient. Nous allons désormais inclure la dimension éthique dans les relations commerciales, tout en préservant minutieusement les informations scientifiques se rapportant aux données personnelles des citoyens. Les autorités doivent veiller à l’application de la loi pour éviter les dérives.