Economies africaines : la cybercriminalité, une préoccupation importante
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Selon une récente enquête menée par KnowBe4 Africa, 58% des personnes interrogées sont très préoccupées par la cybercriminalité, un chiffre qui a presque doublé par rapport aux 29% enregistrés en 2023. La peur de la fraude en ligne et la perte d’argent restent leur principale préoccupation.
C’est une étude qui en dit long sur la peur des acteurs économiques africains envers les risques de cybercriminalité. En effet, une enquête menée chaque année, depuis 2019, dans sept pays africains, dont le Maroc, en dit long sur cette réalité. Réalisée par le cabinet «KnowBe4», elle a porté sur 800 adultes.
«L’objectif était d’évaluer la sensibilisation à la cybersécurité, les habitudes numériques et les pratiques de sécurité en ligne des répondants», explique Anna Collard, vice-présidente principale de la stratégie de contenu chez KnowBe4 Africa.
Et la conclusion est très claire : les Africains sont plus préoccupés par la cybercriminalité qu’ils ne l’étaient auparavant.
Il y a deux ans, le pourcentage de personnes interrogées se disant «très préoccupées» par la cybercriminalité a presque doublé pour atteindre 58% en 2024, contre 29% en 2023. La peur de la fraude en ligne et de la perte d’argent restent leur principale préoccupation.
Services bancaires
Un autre élément important est que l’utilisation des services financiers mobiles, tant pour les paiements que pour les opérations bancaires, a considérablement augmenté, passant de 63% à 85% au sein de la population couverte par cette enquête.
«L’essor des services bancaires et des paiements mobiles indique une plus grande inclusion financière grâce aux moyens numériques, ce qui est généralement positif pour le développement économique de l’Afrique», fait-on savoir auprès des commanditaires de l’étude.
«Cependant, l’augmentation des services bancaires et des paiements mobiles augmente également la surface d’attaque des cybercriminels, ce qui souligne l’importance d’une éducation à la sécurité centrée sur le mobile», note Anna Collard.
Quelles applications ?
S’agissant de la dernière enquête, elle visait à identifier les principales vulnérabilités qui devraient être une priorité pour les individus, les organisations et les décideurs politiques. Ainsi, on apprend que 93% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles utilisaient Whatsapp pour leur travail. Les autres applications professionnelles populaires utilisées par les répondants étaient le courrier électronique : Facebook, Instagram, LinkedIn et Zoom.
«L’utilisation de Whatsapp à des fins professionnelles montre une frontière encore plus floue entre la vie personnelle et professionnelle des utilisateurs», commente Anna Collard.
«Cela peut entraîner des risques accrus, car les appareils personnels peuvent ne pas avoir le même niveau de sécurité que les appareils gérés par l’entreprise», poursuit-elle.
Fake news
Par ailleurs, 83% des personnes interrogées ont exprimé leur confiance dans leur capacité à reconnaître un incident de sécurité s’ils en voyaient un. Même si une confiance accrue est généralement positive, il est important de s’assurer que cette confiance est bien fondée. 53% d’entre elles ont admis qu’ils ne savaient pas ce qu’était un ransomware, 37% ont déclaré être tombées dans le piège de fausses nouvelles ou d’une campagne de désinformation et 35% des personnes déclarent avoir perdu de l’argent à cause d’une arnaque.
Les problèmes de confidentialité s’estompent
Une tendance inquiétante qui a émergé concerne la facilité avec laquelle les utilisateurs africains divulguent leurs informations personnelles. Le pourcentage de personnes interrogées «très peu susceptibles» de divulguer des informations personnelles a presque diminué de moitié, passant de 29% en 2023 à 14% en 2025.
En effet, l’enquête a révélé que 14% des personnes interrogées sont à l’aise pour partager des informations personnelles, et 8% déclarent qu’elles sont susceptibles de le faire, s’ils peuvent obtenir quelque chose en retour, comme une réduction, et 6% déclarent partager des informations personnelles à tout moment.
«Il s’agit d’une tendance inquiétante qui révèle la nécessité de davantage de formation sur la sécurité personnelle», affirme Collard.
«Ceci est encore souligné par le manque de compréhension parmi les personnes interrogées sur ce qui constitue un mot de passe fort et une authentification multifacteur».
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO