Éco-Business

E-sport au Maroc : un business en croissance

Le secteur de l’e-sport gagne du terrain auprès de la génération Z. Cette activité, encore naissante au Maroc, nécessite toutefois de se professionnaliser et de se structurer davantage.

De par le monde, le sport électronique (e-sport) n’a cessé de gagner en popularité, les plateformes de streaming ayant atteint des records d’audience durant la pandémie de la Covid-19. C’est aussi le cas au Maroc. De fait, cette tendance haussière se confirme avec plus de 3 millions de passionnés de e-sport, dont 1 million de joueurs actifs à travers 3 catégories : le sport, le tir et les jeux de stratégie.

«Aujourd’hui, l’e-sport est un marché stratégique. Les recettes de cette filière devraient atteindre 139 millions de dollars en 2020 avec un taux de pénétration de 22,4%», affirme Tarik Belghazi, président-directeur général de MCES Africa.

Cette structure dédiée à la promotion et au développement des activités e-sportives auprès des amateurs et des professionnels, au Maroc et en Afrique, a été créée en décembre 2019. À noter que les statistiques présentées proviennent de diverses sources, notamment la plateforme allemande Statista.com qui suit de près l’activité Mobile Gaming au Maroc. Il faut préciser également que ces données ne concernent que la partie Mobile Gaming, sachant que les jeux sur PC sont largement pratiqués. Pour ce qui est du taux de pénétration, «il est cohérent si on le met en perspective avec les données communiquées par l’ANRT relatives au parc des smartphones en circulation au Maroc. Ainsi, ce taux est étroitement lié au nombre de smartphones, à l’âge des utilisateurs et à la nature des applications mobiles téléchargées sur les différentes plateformes. Ce chiffre exprime plutôt le taux d’utilisation d’application de jeux sur les smartphones», détaille Tarik Benghazi. Ainsi, l’ensemble des données convergent vers la confirmation que l’activité gaming émerge dans notre pays.

Pour rappel, le Maroc a hébergé par le passé une activité de développement informatique de jeux électroniques d’un éditeur majeur (ndlr : Ubisoft). «Ceci a donné naissance à une véritable success story dans le développement de l’industrie des jeux électroniques qui cherche à être valorisée. Son impact s’en ressent aujourd’hui, et cela explique en partie cette culture marocaine du gaming», affirme le PDG de MCES Africa. Le secteur de l’e-sport a connu une certaine dynamique depuis 2015 grâce à l’engagement d’une communauté très active et à l’accompagnement de sponsors sur le long terme. Beaucoup d’efforts et d’investissements ont été consentis depuis lors, ce qui a permis au Maroc de se hisser parmi les premières nations africaines du e-sport. De même, la production de contenus digitaux gaming s’est beaucoup enrichie ces deux dernières années grâce aux médias spécialisés et à l’éclosion de plusieurs talents, créateurs de contenus numériques de qualité.

Un marché en croissance
L’e-sport se développe de façon considérable, partout dans le monde, depuis quelques années grâce à une génération Z qui n’a connu que l’ère digitale. Belghazi explique que «l’e-sport est vecteur d’une culture numérique beaucoup plus vaste que ce que nous pouvons imaginer, et les périodes de confinement nous ont démontré le rôle prépondérant du gaming dans la vie sociale numérique des jeunes». Selon lui, il est naturel que la jeunesse marocaine exprime le même engouement pour le gaming. Unengouement qui s’est renforcé en cette année de crise sanitaire. «Le développement des jeux sur mobiles (Mobile Gaming) a fortement contribué à la croissance de l’activité gaming au Maroc», souligne le PDG de MCES Africa. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire car, au Maroc la situation est différente. Le développement du e-sport nécessite une professionnalisation du secteur grâce à une scène compétitive très dynamique. «Nous dénombrons peu de compétitions, ce qui ne donne pas l’opportunité aux joueurs marocains de se développer sur les différents jeux et différentes scènes régionales ou internationales», déplore Tarik Belghazi.

Une structuration s’impose
Étant un secteur balbutiant, et malgré sa croissance et son taux de pénétration de plus en plus importants, le e-sport au Maroc nécessite plus de structuration. «En effet, on ne peut pas encore parler de marché e-sport au Maroc, car l’absence de ligue professionnelle et de compétition régulière ne permet pas au secteur e-sport d’éclore. Les conditions générales ne sont pas encore réunies», martèle le PDG de MCES Africa. Toutefois, le Maroc, considéré comme un marché émergent pour le gaming de façon générale, présente un potentiel très intéressant. Il faut dire que le développement du parc des appareils mobiles favorise cette activité : «Il représente aujourd’hui 65% du marché du divertissement ludique numérique. Les PC et les consoles se partagent les parts de marchés restantes», développe Belghazi dans ce sens. En tout cas, le secteur du e-sport, tel qu’il s’organise aujourd’hui, offre une solution digitale crédible aux entreprises et aux marques souhaitant rester connectées à une génération Z, dont les codes de communication s’inscrivent dans la culture numérique.

Attention à l’addiction !

Vigilance est le mot d’ordre pour le gaming. En effet, sa pratique s’est rapidement et massivement généralisée, au point que cette situation commence à exacerber les tensions au sein des familles . Cela s’explique par l’explosion de la consommation en jeux électroniques des plus jeunes, pendant la période de confinement, suite à la suspension de toutes les activités extra-scolaires en extérieur. Il faut donc être vigilant quant à l’exposition des enfants aux jeux électroniques, car leur forte consommation, en dehors d’un encadrement parental ou institutionnel, les expose à des risques addictifs assez sérieux.

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco


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