Dr. Abyaba Ibtihal : “Les IT, la Green Tech et le e-commerce sont les principaux secteurs qui attirent les jeunes entrepreneurs africains”
Aujourd’hui, l’entrepreneuriat n’est plus un effet de mode, il est désormais un levier de développement économique et un vrai indicateur de performance en Afrique et dans le monde. Tel est le point de vue de Dr. Abyaba Ibtihal, directrice de l’Incubateur Sup Innov Africa. Selon elle, les IT, la Green Tech et le e-commerce sont les principaux secteurs qui attirent les jeunes entrepreneurs africains. Interview.
Selon-vous, en quoi l’entrepreneuriat peut-il être un véritable débouché pour les jeunes africains ?
Dans un environnement international de plus en plus orienté vers la globalisation, les jeunes africains font face à un marché de l’emploi particulièrement saturé, sectoriel et compétitif. L’entrepreneuriat constitue une vraie alternative d’insertion professionnelle pour les jeunes du continent africain après le salariat. Il permet la création de valeur ajoutée, la génération de profit localement et à l’international. Aujourd’hui, l’entrepreneuriat n’est plus un effet de mode, il est désormais un levier de développement économique et un vrai indicateur de performance en Afrique et dans le monde.
Quels secteurs attirent le plus les jeunes entrepreneurs ?
Principalement, le secteur IT (Information technology), Green Tech et le E-commerce, le fait d’entreprendre via le digital donne un accès direct à des marchés internationaux avec une optimisation pointue des coûts et des charges. Cela étant, le jeune entrepreneur gagne une marge significative sur le produit ou la prestation de service 2.0 dans une communication online et offline à la fois.
Quels outils mettre en œuvre à l’actif des jeunes africains pour mieux réussir le défi de l’entrepreneuriat ?
Réussir à entreprendre en Afrique comme à l’international est une question de positionnement. Le dispositif des outils pour entreprendre est directement lié au contexte macro et micro économique du porteur de projet lui-même. L’accès aux programmes d’accompagnement, d’incubation et de financement est primordial pour une meilleure visibilité sur le marché.
Ce dernier est «un marché de compétences» essentiellement axé sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Ce même marché a besoin de quelques éléments clés pour aboutir comme le Réseau ou Network professionnel, le Personal Branding, la création de contenu web 2.0 ou encore la maîtrise des techniques de Pitch devant les «Investisseurs» ou les «Business Angels».
Pensez-vous que l’accompagnement et les formations sont suffisamment au niveau pour faire de nos jeunes de vrais entrepreneurs ?
Dans le cas des pays émergents comme le Maroc, des efforts considérables sont mis en route pour faciliter l’accès à tous types d’accompagnement via les structures de financement, les autorités locales ainsi que les médias. Aujourd’hui, on s’oriente vers des programmes étatiques et privés en vue de promouvoir l’entrepreneuriat, et ce, en consolidant les statuts respectifs de toutes les parties prenantes.
Pouvez-vous nous citer des cas, par exemple, au Maroc, qui favorise le financement des jeunes entrepreneurs ?
Au Maroc, le feu vert a été donné pour le soutien financier des jeunes porteurs de projets à travers différents programmes de financement et de relance en post Covid comme «Intilaka» et/ou «Intilak Al Mouqawil». En effet, les banques marocaines ont accompagné les autoentrepreneurs pour une meilleure résistance au sein du tissu économique national en période de crise.
En 2022 est nouvellement lancé le programme national «Forsa» (opportunité) avec un accès direct au financement s’élevant à 100.000 DH pour la création de projet potentiel. Aujourd’hui, le Maroc se dirige vers la mise en œuvre effective du Nouveau modèle de développement économique -NMDE- sous les directives de SM le Roi Mohammed VI en vue de libérer le potentiel de la jeunesse marocaine et africaine.
Avez-vous des retours sur l’insertion des étudiants d’origine étrangère chez eux une fois leur formation terminée au Maroc ?
Il y a plusieurs cas de figure. Nous trouvons des profils de confrères subsahariens qui, après avoir acquis cette valeur ajoutée au niveau de la formation en dehors du pays d’origine, rentre chez eux pour justement réussir leur stratégie d’insertion professionnelle.
Généralement, ils sont mieux informés et formés pour réussir leur passage directement dans les entreprises de leur choix. Il y a un autre cas de figure, où ces compétences choisissent de rester au Maroc afin de gagner en expérience en intégrant le marché du travail francophone marocain, pour faire un premier essai. Nous avons également un troisième cas de figure qui privilégie l’entrepreneuriat, à travers la création d’entreprises et la création de valeur sur le marché.
Nous avons, au Maroc, une belle communauté qui engendre plus que les objectifs professionnels, mais qui participe à cette croissance économique plurielle en Afrique. Ce sont des cas qui cherchent à multiplier leur expérience pour ensuite la partager avec le reste du continent, au profit du renforcement des liens multiformes entre les pays africains.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO