Déploiement de l’IA en entreprise : un investissement clé pour la rentabilité
L’intégration de l’Intelligence artificielle (IA) peut être coûteuse, mais elle offre de nombreux avantages pour les entreprises de toutes tailles, y compris les PME et les TPE. Cela peut permettre d’améliorer l’efficacité, d’automatiser des processus et d’augmenter la productivité, des enjeux essentiels pour rester compétitif sur le marché.
Les experts sont aujourd’hui convaincus que l’Intelligence artificielle (IA) influencera l’évolution des fonctions dans divers domaines. D’un autre point de vue, on peut se demander quels facteurs déterminent la profitabilité d’une entreprise qui intègre l’IA dans les différents processus de sa chaîne de valeur. En d’autres termes, est-ce que l’IA apporte une réelle valeur ajoutée à la profitabilité d’une entreprise ? Prenons l’exemple du secteur bancaire où Adil Lachhab, directeur du Pôle digital & data Groupe au sein de Bank of Africa, explique que le calcul de la profitabilité ne repose plus uniquement sur des estimations. «Nous utilisons des cas d’affaires bien définis avant de lancer un projet. De plus, nous suivons la profitabilité en utilisant des indicateurs chiffrés tels que la rétention des clients et la réduction des opérations frauduleuses».
Aujourd’hui, la banque est également capable de segmenter les clients en fonction de leur profil et de leur comportement, ce qui lui permet de personnaliser ses stratégies marketing. «Contrairement à l’époque où nous envoyions des millions de SMS génériques, aujourd’hui, nous adaptons nos messages en fonction du destinataire. Cela nécessite l’utilisation d’outils de catégorisation avancés», détaille Adil Lachhab. Dans le secteur financier, la profitabilité est cruciale. Cette industrie dépend de plus en plus d’entités spécialisées en données, comprenant des ingénieurs, des architectes de données et des data scientists. Ces investissements sont substantiels et nécessitent une infrastructure technologique solide, principalement basée sur le Big data. La rentabilisation de ces investissements en intelligence artificielle constitue un élément essentiel du plan stratégique à long terme, généralement étalé sur cinq ans dans le secteur bancaire.
Les avantages de l’IA
Pour sa part, Aziz Knina, vice-président trésorier général de l’AUSIM, affirme qu’il n’existe pas de secteur spécifique où l’IA serait intrinsèquement plus profitable que d’autres. Les avantages de l’IA dépendent des cas d’utilisation et des investissements réalisés.
Dans le secteur financier, par exemple, d’importants investissements en infrastructure technologique et en ressources humaines sont nécessaires pour garantir que l’IA devienne un atout stratégique à long terme pour les institutions bancaires. Un autre exemple illustrant ce point concerne l’industrie. Grâce à l’IA, il est possible de prédire, dans certaines circonstances, quand une machine pourrait s’arrêter, permettant par exemple une anticipation d’éventuelles interruptions.
Le vice-président de l’AUSIM souligne que «l’arrêt d’une machine équivaut à un arrêt de la production, ce qui peut avoir un impact significatif sur le retour sur investissement». Il ajoute : «Nous sommes à un moment où l’IA est devenue essentielle, et tous les collaborateurs au sein des entreprises devraient disposer des outils nécessaires en IA pour augmenter leur productivité au quotidien». Par ailleurs, l’IA peut contribuer au développement humain dans divers secteurs, notamment dans l’éducation, où elle permet une personnalisation avancée de l’apprentissage. C’est à ce titre que l’experte Maha Gmira recommande une évolution du modèle éducatif actuel vers des parcours éducatifs plus individualisés. L’IA peut également influencer d’autres formes d’intelligence, comme l’intelligence émotionnelle, la créativité et l’empathie, en plus de la rationalité. Dans ce cadre, le rôle des enseignants évoluera, passant de la simple transmission du savoir à l’accompagnement et au coaching des apprenants.
Il faut saisir l’opportunité !
À présent, il devient impératif de saisir tous les enjeux d’un déploiement plus global de l’IA et de se préparer à cette évolution. Zouhair Lakhdissi se montre confiant pour les potentialités marocaines en la matière : «Nous vivons un moment exceptionnel dans l’histoire du Maroc, où nous avons l’occasion de devenir un leader en IA», estime-t-il. Les préalables sont là, ajoute Lakhdissi, soulignant que «nous possédons le potentiel, avec de nombreux chercheurs et développeurs talentueux. Il est essentiel d’investir dans l’IA pour permettre à chaque individu, entreprise et organisation de progresser. Si nous n’y parvenons pas, la destruction d’emplois sans création suffisante d’emplois ou de richesses à redistribuer pourrait mettre en péril notre modèle social».
Qu’en est-il du coût?
L’intégration de l’IA aujourd’hui implique, du point de vue de l’investissement, plusieurs étapes. «Tout d’abord, cela exige un changement culturel significatif. Cela demande un effort considérable en termes d’acculturation et de modification de la perception des avantages et des contributions de l’IA», estime Mohamed Benali, Chief technology and information officer chez Orange Maroc. Dans cette optique, une démarche pédagogique est indispensable pour impliquer l’ensemble de l’organisation, y compris les collaborateurs et la direction. Une fois que tous les collaborateurs sont alignés sur cette voie, il est primordial de définir des objectifs clairs. Chaque secteur a des besoins spécifiques, ce qui rend nécessaire de choisir des objectifs stratégiques précis. Mohamed Benali ajoute qu’«il est essentiel de réaliser une évaluation des ressources requises pour mettre en œuvre ces objectifs. Cela implique l’investissement dans des plateformes et la mise en place d’une méthodologie progressive de déploiement, qui doit être accompagnée d’une boucle de feedback et d’évaluation permettant d’étendre progressivement le déploiement de l’IA et de créer de la valeur».
«L’une des étapes cruciales de l’intégration de l’IA dans la stratégie d’une entreprise est de s’ouvrir à son écosystème. Il est nécessaire d’établir des partenariats et de participer activement à la création d’un véritable écosystème autour de l’IA. Orange Maroc est justement très active dans ce sens. Cela inclut des collaborations avec des startups et le soutien des jeunes talents. Créer des compétences sur le marché est un objectif important, et cela peut se faire par le biais de programmes de formation, d’accompagnement pour le prototypage, et d’autres initiatives. Le développement d’un écosystème de startups et de jeunes talents est une partie essentielle de cette stratégie».
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