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Delivery Unit. Le Maroc cherche à muscler son modèle

C’est dans ce dessein que le cabinet du chef de gouvernement a organisé, en partenariat avec le BOS et avec le concours de plusieurs partenaires, un atelier technique de renforcement de capacités des DU africaines, vendredi dernier à Marrakech.

Le Maroc cherche à insuffler une nouvelle dynamique à sa jeune Delivery Unit (D.U) lancée il y a trois ans au sein du cabinet du Chef du gouvernement. C’est dans ce dessein que la ville de Marrakech a abrité, vendredi dernier, un atelier technique de renforcement de capacités des D.U africaines. Un atelier organisé par le cabinet du Chef du gouvernement marocain, en partenariat avec le BOS (Bureau opérationnel de suivi du plan Sénégal émergent), et avec le concours de plusieurs partenaires dont la BAD, la Banque mondiale, l’OCDE et le Secrétariat stratégique du cabinet du premier ministre du gouvernement de Finlande. «La delivery unit marocaine remplit convenablement la mission qui lui a été confiée depuis sa création. L’objectif de cet atelier technique est toutefois de voir comment elle peut améliorer ses process et son fonctionnement, notamment en regardant de plus près ce qui se fait ailleurs dans d’autres pays et en interpellant des spécialistes», a notamment déclaré Lahbib El Idrissi Lalami, Secrétaire Général du Département du chef du gouvernement, dès l’entame du séminaire qu’il a présidé. «Notre objectif est de faire de la delivery unit marocaine un outil utile, efficace et créatrice de valeur ajoutée», a renchéri par la suite Ahmed Khalid Benomar, Chef de la D.U marocaine.

Un programme gouvernemental de 435 mesures
Plus connue sous le nom d’unité de suivi-évaluation du programme gouvernemental, la D.U locale s’occupe donc du suivi-évaluation du programme du gouvernement marocain qui porte actuellement sur cinq (5) axes, à savoir : le soutien à l’option démocratique et aux principes de l’Etat de droit et la consécration de la régionalisation avancée ;  le renforcement des valeurs d’intégrité, la réforme de l’Administration et la consécration de la bonne gouvernance;  le développement du modèle économique et la promotion de l’emploi et du développement durable; le renforcement du développement humain et de la cohésion sociale et territoriale et le renforcement du rayonnement international du Maroc et la promotion, dans le monde, de ses causes justes. Ces axes sont déclinés en 435 mesures, qui sont majoritairement des réformes, sur lesquelles le Chef du gouvernement doit avoir en temps réel une vue précise, notamment en termes d’état d’avancement de leur élaboration et de leur mise en œuvre. Pour ce faire, Saâdeddine El Otmani s’appuie actuellement sur 30 commissions interministérielles qui appuient la prise de décision du Conseil du Gouvernement sur les chantiers stratégiques et assurent le suivi stratégique et la facilitation de l’implémentation des projets, des réformes et des mesures prévus par le programme gouvernemental. Malheureusement, ces commissions interministérielles ne se réunissent qu’une fois par six mois, soit deux fois par an.

Un dispositif à alléger
Dès lors, il faut œuvrer à alléger le dispositif, comme ce qui se fait, par exemples, au Sénégal ou en Finlande, deux pays qui ont présenté leur modèle respectif lors de l’atelier. Au Sénégal, modèle plus accessible au Maroc, la D.U locale, plus connue sous le nom de BOS (Bureau opérationnel de suivi du plan Sénégal émergent), ne travaille que sur 27 projets phares déclinés en 108 composantes et 17 réformes à mener dans le cadre du Plan Sénégal Emergent 2013-2035. Chaque semaine, elle fait un reporting qu’elle remonte chez le Chef de l’Etat. Muni de ce tableau de bord, élaboré sur le terrain par une équipe de 50 personnes épaulée par des points focaux au niveau des Départements ministériels, le président est ainsi capable de suivre hebdomadairement en Conseil des ministres l’état d’avancement de la mise en œuvre des projets phares du PSE.

En Finlande, la D.U locale est un Secrétariat chargé de la stratégie gouvernementale qui agit très en amont du processus décisionnel de mise en place des projets stratégiques. En effet, c’est lui qui gère tout le processus de mise en place de la stratégie gouvernementale. Il soutient tout le travail déployé pour sa mise en place et assure le suivi-évaluation de sa mise en œuvre en coopération avec d’autres ministères à travers la coordination de projets clés et autres processus décisionnels horizontaux. Il soutient aussi la réforme des méthodes de travail du gouvernement et du système de gouvernance dans son ensemble.

Du coup, c’est tout un système de programme gouvernemental stratégique qui y est déployé. Un système qui s’appuie sur des ministères forts et indépendants qui renforcent la fonction de coordination de la D.U locale. Bref, le nouveau processus de stratégie a fourni au Cabinet dans son ensemble un espace et une réserve de temps pour l’adoption d’informations sur l’état d’avancement de ses politiques prioritaires. Celui-ci a aussi la possibilité de centrer le suivi sur les objectifs prioritaires les plus importants par ordre de priorité au niveau du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement. Il a également la capacité de surveillance et d’établissement de rapports par l’intermédiaire du Secrétariat de la stratégie gouvernementale.Chaque ministère est responsable d’un suivi plus détaillé dans ses secteurs respectifs. A signaler que l’atelier a été également mis à profit pour examiner deux points très sensibles chez les D.U: la communication en général et la communication digitale en particulier. Deux domaines qui ont donné lieu à un débat de haut niveau, après le passage de professionnels de la communication.


Me Ousseyni Kane
Directeur du BOS et président du Réseau africain des DU

«Une DU doit éviter de se positionner en police»

Quelles sont les spécificités du BOS, la DU sénégalaise ?
Il s’agit d’abord de l’ancrage institutionnel directement au niveau du président de la république. Cela permet une prise de décision rapide et des arbitrages stratégiques efficaces. Par ailleurs, le BOS intervient dans toute la chaîne de mise en oeuvre de la vision du président de la république avec notamment l’assistance desministères sectoriels dans la structuration des projets et réformes complexes pour permettre leur maturation rapide afin de mobiliser les financements nécessaires, puis le suivi opérationnel et la résolution des problèmes à cheval entre plusieurs ministères et enfin dans l’évaluation socio-économiques de la mise en oeuvre des projets

Quels sont les travers dans lesquels une DU doit éviter de tomber ?
Une DU doit surtout éviter de se positionner en censeur ou police de la mise en oeuvre des projets et réformes dans son périmètre de suivi. Une DU assure le suivi pour un centre de gouvernement qui peut être le président de la république ou une autre haute autorité. Il doit se contenter de fournir à la haute autorité des informations pertinentes et crédibles, outils importants d’aide à des prises de décisions stratégiques. Il doit aussi avoir un apport notable pour les ministères sectoriels, les accompagner et les conseiller, mais ne jamais exécuter à la place des structures d’exécution.

Faut-il une équipe consistante pour remplir les missions d’une DU ?
Le suivi opérationnel rapproché exige une présence continue. La consistance dépend du périmètre de suivi du DU. On admet qu’un opérateur doit suivre au maximum une dizaine de composantes pour permettre un suivi rapproché. Je vais surtout insister sur la qualité du personnel qui doit être de grande compétence pour challenger les projets et tous les acteurs dans le cadre de la mise en oeuvre. 


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