Éco-BusinessTable ronde

Délais de paiement : les startups marocaines n’y échappent pas

On assiste actuellement à une véritable dynamique en ce qui concerne l’accompagnement des startups innovantes, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour le développement économique du royaume. Dans ce sens, Les Inspirations Éco, en partenariat avec Tamwilcom, a tenu un évènement le 21 mars à Casablanca, afin d’effectuer un décodage de la situation au Maroc, histoire d’identifier les ambitions à atteindre et les challenges à relever.

Les intervenants: Hicham Zanati Serghini, DG de Tamwilcom ; Youssef El Alaoui, membre du conseil d’administration de Réseau Entreprendre Maroc ; Ghita Hannane, responsable Maroc de la Société Financière Internationale ; Dounia Boumehdi, présidente de la Commission amorçage de l’AMIC et Ali Sami, dirigeant de la Startup Blink Pharma.

Les startups marocaines font face à des défis majeurs sur le plan de l’accès au marché même s’il faut reconnaitre que ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui, grâce aux efforts soutenus menés au cours des cinq dernières années. Cependant, elles se trouvent désormais confrontées à un nouveau défi, celui des délais de paiement. Selon Dounia Boumehdi, directrice générale de MITC Capital et présidente de la Commission Amorçage de l’AMIC, «les délais de paiement représentent un obstacle majeur pour les startups marocaines. Elles ne disposent pas de la stabilité financière nécessaire pour supporter des délais de paiement qui peuvent parfois dépasser les 12 mois, mettant ainsi en danger leur survie. Certes, le délai moyen de règlement est de six mois, mais certaines startups ont connu des retards allant jusqu’à 13 mois».

Pour les aider à surmonter ces obstacles, les intervenants de la table ronde «Éco Décodage» appellent à des solutions innovantes. Dounia Boumehdi suggère un régime fiscal incitatif pour les investisseurs et les fondateurs de startups, ainsi qu’un régime de charges sociales allégées pour les recrutements. En outre, les intervenants ont souligné la nécessité d’un statut spécifique qui faciliterait les processus et les procédures pour les entreprises en démarrage. Un tel statut permettrait, par ailleurs, d’alléger leurs charges administratives et réglementaires. Le recrutement est également un obstacle majeur pour les startups nationales, en particulier pour ce qui est des postes techniques tels que les développeurs. Pour y remédier, les intervenants ont suggéré la conception de programmes de formation en vue de développer les compétences nécessaires chez les candidats locaux.

En résumé, les startups font face à de nombreux défis, allant du financement à l’accès au marché en passant par les délais de règlement. Cependant, elles disposent d’un potentiel leur permettant de contribuer de manière significative à la croissance économique du pays. Pour cela, il est nécessaire de créer un environnement favorable à leur développement en mettant en place des politiques publiques adaptées. Et cela passe, notamment, par la mise en place de mesures fiscales incitatives pour les investisseurs et les fondateurs de startups, ainsi que par la création d’un statut spécifique pour ces dernières, susceptible de leur faciliter le recrutement et l’accès au financement.

Le gros défi de la rétention des talents
Parallèlement aux recommandations de l’IFC, Ali Sami, dirigeant de la startup Blink Pharma, met le doigt sur plusieurs autres points importants liés aux difficultés rencontrées par les startups au Maroc. Il mentionne, en premier lieu, la nécessité d’accélérer certaines démarches administratives et de fluidifier les processus afin de gagner du temps et de réduire les coûts, chaque jour de retard engendrant des coûts supplémentaires pour une entreprise. Il souligne également le volet des charges élevées auxquelles les startups doivent faire face, telles que les cotisations et la TVA, même en l’absence de chiffre d’affaires effectivement généré. Il évoque également le défi de la rétention des talents, notant que la concurrence pour attirer les ingénieurs est intense et qu’il est difficile pour les startups marocaines de rivaliser avec les salaires offerts en France ou ailleurs.

Sami mentionne également les difficultés liées à l’hébergement des données, soulignant que les coûts sont élevés et que les startups ont besoin de solutions abordables pour maintenir leur activité. Enfin, il évoque certains problèmes liés au modèle comptable actuel, qui ne leur permet pas de valoriser leurs actifs intangibles, tels que les données et la propriété intellectuelle. Il cite aussi les goulets d’étranglement rencontrés par les organismes de réglementation comme la CNDP, qui ne sont pas assez équipés pour répondre efficacement aux demandes. Sami propose plusieurs pistes pour améliorer la situation, dont l’octroi de moyens supplémentaires à cet organisme de manière à accélérer le traitement des dossiers ainsi qu’un changement de modèle comptable pour permettre une meilleure valorisation des actifs intangibles des startups.

Encore du chemin à parcourir pour ériger le Maroc en un hub d’innovation

Il y a lieu de souligner que les startups marocaines ont déjà prouvé leur capacité à innover et à s’adapter aux nouvelles technologies. Des success stories comme celles de Chari, SOWIT, Cloud Fret, et bien d’autres, montrent que le potentiel est là. Cependant, pour que ces success stories se multiplient, il est crucial de renforcer l’écosystème des startups en soutenant les incubateurs et les accélérateurs, en facilitant l’accès au financement et en développant les compétences des entrepreneurs. En fin de compte, l’avenir des startups dans le Royaume dépendra de sa capacité à mettre en place un environnement favorable à leur développement. Le pays dispose de nombreux atouts pour réussir dans ce domaine, notamment une situation géographique stratégique, une main-d’œuvre qualifiée et une forte volonté politique de développer l’entrepreneuriat. Cependant, le chemin est encore long pour faire du Maroc un hub d’innovation et de startups en Afrique.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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