De la réflexion stratégique à la mise en oeuvre
Le département de l’Agriculture s’attelle toujours à la réalisation de la nouvelle réflexion stratégique pour donner un second souffle au développement agricole au Maroc.
Le jour même de la réception royale -le 19 octobre 2018- à Marrakech où le Roi Mohammed VI a chargé Aziz Akhannouch d’élaborer et de soumettre à la Haute attention royale une réflexion stratégique globale autour du développement du secteur agricole, l’évaluation du Plan Maroc Vert était activée. La rencontre de Marrakech avec les interprofessions agricoles, ce jour-là, a constitué la première étape du processus d’évaluation pour le suivi des contrats-programmes, alors que celle de Skhirat a porté sur le bilan des programmes transversaux et structurants relevant du Plan Maroc vert (PMV). Par ailleurs, d’autres rencontres ont porté sur le traitement des dimensions régionale et territoriale de ce plan. À cet égard, 12 bilans d’évaluation des plans agricoles régionaux ont été effectués, tandis que les réalisations ont été programmées dans le cadre de sessions des chambres régionales d’agriculture. Le département de l’Agriculture continue d’oeuvrer à la mise en place de cette nouvelle vision de développement du secteur agricole. Selon ce dernier, «les grands axes de cette nouvelle stratégie seront dévoilés le moment venu».
Mobilisation de 1 million ha :
passer du statut d’agriculteur à celui de propriétaire
Ces axes visent globalement à mobiliser 1 million d’hectares supplémentaires de terres collectives prioritairement dans les périmètres non irrigués et à proposer des schémas pour leur mise en valeur, notamment par les ayants droit. Cette mobilisation de 1 million d’hectares sera progressivement ouverte au processus de melkisation qui passera par l’identification des ayants droit d’une parcelle et la cession du titre de propriété en leur faveur. L’objectif est de permettre à l’agriculteur de devenir propriétaire afin de lui permettre une ascension sociale et d’accéder à des opportunités économiques qui pourraient renforcer l’émergence d’une classe moyenne. Il est à signaler que déjà dans le cadre du PMV, l’amélioration de l’accès au foncier figure parmi les axes transverses visant le renforcement de l’investissement et du Doing Business. Dans ce sens, près de 135.522 ha ont été contractés à fin 2018, dont près de 110.000 ha, soit 81% du domaine privé de l’État ont été mis à la disposition des investisseurs privés pour des locations longue durée à des prix attractifs dans un cadre de partenariat public-privé autour du foncier. Ceci constitue 80% de l’objectif de 2020 fixé dans le cadre du PMV. De plus, près de 24.870 ha, soit 18% de terres collectives, ont été mobilisées. À cet égard, et conformément aux directives royales de mobilisation de 1 million d’hectares supplémentaires de terres collectives, le département de l’Agriculture travaille actuellement avec ses partenaires, notamment le ministère de l’Intérieur, sur les possibilités de mobilisation du foncier potentiellement mobilisable pour booster l’investissement. Il est à signaler que les terres collectives représentent un potentiel de près de 1,566 million d’ha. Une opération pilote de melkisation de 67.000 ha de terres collectives situées dans les périmètres d’irrigation du Gharb et du Haouz a été récemment lancée. L’assainissement a été réalisé pour 80% des 67.000 hectares de ces terres collectives prévues dans le cadre de cette opération pilote. Elle a nécessité une durée de traitement de 14 mois. Les 20% restants seront traités dans un délai de 3 mois.
Jeunes
La promotion de l’entrepreneuriat agricole
Les autres axes de cette nouvelle stratégie viseront la promotion de l’entrepreneuriat agricole et le regroupement des agriculteurs en structures productives (coopératives, GIE, etc.) en consolidant à la fois les acquis de l’agriculture solidaire et en ciblant de nouvelles zones, en plus de favoriser l’émergence de nouveaux services agricoles et d’entreprises agricoles innovantes grâce à la mise en place de structures d’incubation des start-up agricoles. À cela s’ajoutent un moindre morcellement des terres, l’encouragement de l’investissement agricole privé, la favorisation de l’agrégation ainsi que le soutien permanent de l’amont agricole des filières. Ce soutien passera par l’accompagnement des filières, en amont et en aval, en encourageant l’émergence de fleurons agro-industriels et en améliorant l’attractivité du salariat agricole. Les axes de la nouvelle stratégie a aussi pour ambition l’organisation des marchés et la modernisation des circuits de commercialisation sur le territoire national, en l’occurrence la pérennisation des programmes de maîtrise de l’eau d’irrigation et sa rationalisation à travers l’utilisation conjuguée des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles. En effet, le recours aux ressources en eau non conventionnelles, notamment aux techniques de dessalement de l’eau de mer et au mix dessalement/énergies renouvelables, est un axe important de développement de l’irrigation des cultures à haute valeur ajoutée. Par ailleurs, l’introduction de la digitalisation et des nouvelles technologies comme leviers de développement est préconisée par cette nouvelle vision.
Revenus
Émergence d’une classe moyenne agricole
En ce qui concerne l’émergence d’une classe moyenne de jeunes agriculteurs, il est à noter que le PMV a amélioré les revenus des agriculteurs de 66% entre 2008 et 2018 ainsi que leurs conditions de vie. À cet égard, la nouvelle stratégie se fixe, selon le département de l’Agriculture et conformément aux directives royales, l’émergence d’une classe moyenne. Cette action passera par la promotion de l’entrepreneuriat agricole, l’émergence de start-up, de nouveaux services et d’entreprises agricoles innovantes. À cela s’ajoute le regroupement des agriculteurs en structures productives par la consolidation des acquis de l’agriculture solidaire et le ciblage de nouvelles zones, avec le passage des agriculteurs ayants droit des terres collectives, prioritairement dans les périmètres non irrigués, au statut de propriétaires grâce au processus de melkisation des terres collectives. D’autres mesures devraient contribuer à l’émergence de cette classe à travers l’amélioration des conditions économiques et sociales des agriculteurs par les emplois créés au niveau des chantiers d’irrigation, de production, de l’aval des filières, de digitalisation… ainsi que par l’amélioration des revenus à travers, notamment, l’assainissement des circuits de commercialisation et de distribution.