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Dattes : Après la baisse de production, le défi de la valorisation

La décroissance de la filière, principalement due à la rareté des ressources hydriques, pousse les professionnels et la tutelle à réfléchir à des alternatives de stockage et de diversification.

Le festival Sidattes 2017 a été riche en enseignements, à commencer par la légère baisse de production annuelle de la filière. Cette dernière a atteint durant l’année en cours 112.000 tonnes seulement, contre le record de 128.000 tonnes en 2016, une baisse due à la rareté des précipitations dans les régions productrices des dattes. C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Aziz Akhannouch, en marge du Salon. Ainsi, le pays compte plus de 5 millions de palmiers dattiers répartis sur 50.000 ha, ce qui lui permet d’occuper la 3e place au niveau des pays du Maghreb et la 7e au niveau mondial. Dans le cadre du programme de restauration et de restructuration des palmeraies marocaines, le Maroc s’est fixé comme objectif de planter trois millions de palmiers d’ici 2020. «De nos jours, 1,8 million de palmiers ont été plantés jusqu’à présent», explique Aziz Akhannouch. Notons que cette filière a bénéficié d’une attention particulière dans le cadre du Plan Maroc vert à travers la mise en place d’un contrat-programme de mise à niveau signé entre le gouvernement et les organisations interprofessionnelles (Fimadattes et Fenaprod) et qui mobilise près de 7,7 MMDH entre 2010 et 2020. Malgré ces efforts, la consommation annuelle moyenne du Marocain en dattes est de 3,25 kg. Un niveau qui est élevé par rapport à la consommation européenne (300 g pour un Français par exemple) mais qui ne suffit pas à placer le Maroc parmi les grands pays en termes de dattes.

En effet, le pays est un petit producteur de cette denrée, cela au contraire de ses pays voisins : Algérie (12% de parts du marché mondial), Tunisie (3%) et Égypte (premier producteur mondial avec 19% de PDM). Paradoxalement à ces constats, les oasis marocaines sont pourtant réputées pour le savoir-faire de leurs habitants en matière de gestion et de préservation des ressources locales, notamment la datte. Ceci découle non seulement des raisons religieuses, culturelles et sociales, mais aussi et surtout parce que ces fruits constituent une ressource alimentaire et médicinale importante pour la population oasienne. En effet, la palmeraie marocaine dispose d’un savoir-faire ancestral de conservation et de transformation de la datte en divers produits (jus, sirop, vinaigre, farine, pâte, etc.), développé au fil des temps par les populations oasiennes. Ces produits se caractérisent, en plus de leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques par des vertus thérapeutiques dues à l’utilisation dans leur préparation de plantes aromatiques et médicinales.

À cela on ajoute la diversité de la palmeraie marocaine qui dispose de variétés se caractérisant par des aptitudes très intéressantes à la transformation et à la conservation. Des aptitudes dues à la diversification de leurs caractéristiques morphologiques et de composition (variétés molles, demi-molles et sèches, goûts et arômes différents, etc.). Des efforts ont été fournis par la population oasienne depuis fort longtemps afin de valoriser une partie, même minime, de leurs productions ou du moins satisfaire leur propre consommation sous différentes formes à travers un savoir-faire ingénieux.

Le Plan Maroc vert a donc réservé une place de choix au développement de la filière phoénicicole et au niveau de la région du Tafilalet, un programme ambitieux a été tracé pour la filière et comporte deux axes principaux, à savoir la réhabilitation des palmeraies traditionnelles et la modernisation du secteur par l’encouragement de l’investissement et la création d’exploitations performantes répondant aux exigences du marché. Sur ce total, 4 unités de valorisation des dattes ont fonctionné au cours de la campagne 2015 et 4 autres seront mises en marche incessamment pour le stockage de la production actuellement sur pied. Ces projets, réalisés par l’État et gérés par des Groupements d’intérêt économique (GIE) constitués de coopératives exerçant dans la filière, s’inscrivent dans le cadre de la valorisation des dattes dans la région. D’autres unités plus ou moins traditionnelles, au nombre de sept, gérées par des coopératives agricoles procèdent à la transformation des dattes en produits dérivés tels la pâte, le sirop, la confiture et les tartines.  


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