CTM : conjoncture en berne mais moral au beau fixe
Dans un contexte de crise difficile et une régression des performances financières au titre de l’année 2020, CTM a réussi à maîtriser sa trésorerie et amortir le choc causé par la pandémie. Par ailleurs, aucun emploi n’a été supprimé et les salaires ont été maintenus.
Les autocars de la Compagnie de transports au Maroc (CTM) ont regagné les routes depuis quelques mois, après la levée du confinement général. Le groupe a, en effet, repris son activité petit à petit, mais la cadence n’est pas encore effective à 100%, eu égard aux restrictions sanitaires toujours en vigueur dans plusieurs villes du royaume. En tout cas, et comme plusieurs secteurs, le transport routier a été fortement impacté par la crise sanitaire. Cet état de fait, CTM l’a bien constaté au niveau de ses performances financières pour l’année 2020. Suite à la publication de ses principaux indicateurs financiers pour l’exercice écoulé, le transporteur routier national a annoncé un chiffre d’affaires social en baisse de 50,8% s’établissant à 262 MDH, à fin 2020.
Cette dégringolade s’explique par «les répercussions de la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus», explique CTM dans son communiqué financier. «À partir du 20 mars 2020, le confinement total a été généralisé sur tout le territoire national. Nous avons subi trois mois d’arrêt total de notre activité. Suite à la reprise de l’activité partielle, à partir de juin de la même année avec un plafonnement du taux de remplissage des autocars à 50% puis à 75%. L’activité a pâti pendant toute la saison de l’été considérée comme la haute saison en termes de chiffres d’affaires. Les principales villes émettrices étaient sous restrictions de déplacements», affirme Réda Douihri, directeur des activités support de CTM.
Par ailleurs, le chiffre d’affaires consolidé de CTM a connu une baisse moins importante que le social, de 43,1% par rapport à 2019, s’établissant à 373 MDH. «l’activité de CTM messagerie n’a pas été aussi impactée par les répercussions de la pandémie, que l’activité transport routier du groupe. Celle-ci a réalisé une croissance que nous estimons très importante vue la situation engendrée par la crise sanitaire. Elle a en effet, pratiquement, réussi à maintenir ses performances réalisées en 2019», précise Douihri.
Performances
S’agissant des indicateurs bilanciels, le CAPEX (Capital expenditure, ou dépenses d’investissement), qui correspond aux dépenses d’investissement de capital, a diminué de 86,6% à 18 MDH en 2020, fait savoir le directeur des activités support de CTM, précisant que le groupe a gelé l’ensemble de ses investissements à cause de la crise. Notre interlocuteur explique que cette décision a été prise «pour maintenir une situation de trésorerie qui nous permette de contenir la crise et amortir le choc». D’ailleurs, les actionnaires de CTM ont même renoncé à leurs dividendes annuels au titre de l’année 2019, pour justement, préserver la trésorerie de l’entreprise. CTM, Cotée à la Bourse de Casablanca depuis juin 1993, a en effet, émis un emprunt obligataire dans l’optique de restructurer sa dette par rapport à ces charges financières. «Malgré la crise, les investisseurs ont gardé confiance en la santé financière de CTM. Nous avons réussi à lever 150 MDH avec des conditions d’intérêts très avantageuses», assure Douihri. Ainsi, l’endettement a augmenté de 4,8% à 189 MDH durant l’année écoulée.
Engagement envers les collaborateurs
En dépit de cette conjoncture, CTM a tenu à maintenir ses emplois et n’a procédé à aucun licenciement. «Nous avons maintenu les salaires de nos collaborateurs. Nous n’avons d’ailleurs procédé à aucune ponction de salaires», assure Douihri. Néanmoins, d’un point de vue psychologique, 2020 a été très difficile pour les collaborateurs de CTM. «L’arrêt total des autocars a duré trois mois, pendant les 102 ans d’existence du groupe, nous n’avons jamais vécu pareille situation. Cette période a été difficile pour nos chauffeurs et le personnel du réseau, mais aujourd’hui, ils sont plus sereins, avec la reprise graduelle de l’activité», continue le responsable.
Pas de visibilité
Côté perspectives, l’horizon de la reprise n’est pas encore totalement dégagé pour 2021. Réda Douihri affirme qu’«il est difficile de prévoir un retour à la normale, que ce soit sur le moyen ou long termes. J’imagine que c’est le cas de plusieurs autres opérateurs. Nous ne disposons d’aucune visibilité ni au niveau national ni international». Cependant, avec le lancement de la campagne de vaccination, les perspectives auront tendance à s’améliorer. CTM s’attend, en effet, à un retour à une période normale dès l’été prochain.
Sanae Raqui / Les Inspirations Éco