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Croissance : l’OCDE revoit ses prévisions à la hausse

Selon les experts de l’OCDE, le PIB mondial devrait augmenter de 5,75% en 2021 et avoisiner 4,5% en 2022, contre 5,6% et 4% précédemment, en mars dernier. Plusieurs facteurs expliquent ces perspectives rassurantes qui sont néanmoins entourées de deux importants risques de révision des projections, à la hausse comme à la baisse : l’évolution de la pandémie et celle de l’épargne des ménages. Les détails.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est apparemment plus optimiste que les autres conjectureurs en matière de croissance économique pour l’année en cours. En effet, l’institution intergouvernementale vient de revoir à la hausse ses prévisions de croissance pour 2021 et 2022. Selon ses experts, le PIB mondial devrait augmenter de 5,75% en 2021 et avoisiner 4,5% en 2022, contre 5,6% et 4% précédemment, en mars dernier.

Qu’est-ce qui explique cet optimisme soudain ? Plusieurs facteurs. L’activité économique mondiale a désormais retrouvé son niveau d’avant la pandémie, affirment ses experts. Mais elle restera, fin 2022, inférieure aux projections pré-crise. Dans la zone OCDE, la croissance pourrait atteindre 5,25% en 2021, tirée par le redressement vigoureux des États-Unis, avant de refluer à 3,75% en 2022, le dynamisme des dépenses privées contribuant à rapprocher le niveau du PIB de la trajectoire attendue avant la pandémie dans la plupart des pays.

La Chine déjà hors de la zone rouge
En Chine, la production a déjà retrouvé cette trajectoire et devrait s’y maintenir en 2021 et 2022 (Voir graphique). Dans d’autres économies de marché émergentes, dont l’Inde, le PIB pourrait continuer à diverger considérablement des projections antérieures à la pandémie, et leur croissance ne devrait s’accélérer que lorsque les effets de celle-ci se dissiperont.

Pour justifier leur propos, les experts de l’organisation affirment également que, certes, des signes de fortes tensions sur les coûts des intrants sont apparus au cours des derniers mois, mais l’ampleur des capacités excédentaires dans le monde devrait empêcher une remontée sensible et durable de l’inflation sous-jacente. Selon eux, la récente hausse des taux d’inflation globale est due à l’appréciation des prix du pétrole et d’autres produits de base, à une augmentation des coûts de transport, au retour à la normale des prix dans les secteurs durement touchés suite à l’assouplissement des restrictions et à des facteurs ponctuels comme des modifications de la fiscalité ; elle devrait se modérer à court terme.

Par ailleurs, ajoutent-ils, comme les taux de chômage et d’emploi ne retrouveront probablement leurs niveaux pré-pandémie qu’après la fin 2022 dans de nombreux pays, les tensions sur les ressources devraient rester modestes au cours des 18 mois à venir. Voilà, en substance, les arguments avancés pour expliquer ces prévisions de croissance à la hausse en 2021 et 2022. Cependant, nuancent les experts, ces perspectives rassurantes sont entourées de deux importants risques de révision des projections, à la hausse comme à la baisse.

L’évolution néfaste de la pandémie, une sérieuse menace
D’un côté, il y a le risque lié à l’évolution de la pandémie. De l’avis de l’OCDE, d’importantes incertitudes subsistent concernant l’évolution de la pandémie. De nouveaux variants, plus contagieux et mortels et plus résistants aux vaccins existants, pourraient apparaître, à moins que des campagnes de vaccination efficaces et généralisées ne soient rapidement menées partout dans le monde. Il faudrait alors réintroduire des mesures de freinage strictes, entraînant des coûts économiques liés à la baisse de la confiance et à la réduction des dépenses.

À l’inverse, des campagnes de vaccination plus rapides que prévu et des actions efficaces visant à éradiquer le virus avant la fin des campagnes de vaccination renforceraient la reprise dans toutes les économies. De l’autre côté, le risque identifié par les experts de l’OCDE est lié à l’évolution de l’épargne des ménages.

Selon eux, l’évolution de l’épargne des ménages pourrait constituer un risque de révision à la hausse, indépendamment de l’évolution du virus, en particulier dans les économies avancées. Les actifs financiers acquis grâce à l’augmentation de l’épargne des ménages l’année dernière pourraient être utilisés pour libérer la demande non satisfaite au lieu d’être thésaurisés, ainsi que le prévoient ces projections, ou encore utilisés pour rembourser des dettes.

Compte tenu des montants en jeu, la transformation en dépenses d’une fraction seulement de cet «excès» d’épargne accumulée accélèrerait sensiblement la croissance du PIB, provoquant des tensions sur les prix parallèlement à la résorption des capacités inutilisées. Le retour à la normale du taux d’épargne des ménages en 2021 et 2022 pourrait aussi être plus rapide que prévu.

Dans les économies avancées, la concrétisation de ce risque pourrait faire monter l’inflation et, par ricochet, mettre en difficulté financière les pays en développement et les économies de marché émergentes vulnérables. Des sorties de capitaux et un réajustement marqué des prix de certains actifs, notamment des monnaies, pourraient imposer un resserrement des politiques économiques visant à regagner la confiance des investisseurs. 

Cinq recommandations pour maintenir le cap

Face à cette situation incertaine et inédite, l’OCDE recommande aux décideurs de continuer à faire preuve de souplesse et de moduler les politiques publiques en fonction des évolutions économiques. Les experts de l’organisation intergouvernementale citent plus précisément cinq recommandations. Il faut mobiliser toutes les ressources nécessaires pour mener des campagnes de vaccination dans le monde entier, aussi rapidement que possible.

Les économies avancées doivent également maintenir l’orientation très accommodante de leurs politiques monétaires. Il faut continuer à soutenir les revenus des ménages et des entreprises, jusqu’à ce que la vaccination permette d’assouplir nettement les restrictions des activités se prêtant mal à la distanciation physique. Les aides budgétaires devraient être modulées en fonction de la situation de l’économie. Le soutien macroéconomique doit, lui, s’accompagner de réformes structurelles permettant de renforcer la résilience et le dynamisme des économies et d’atténuer le changement climatique.

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco


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