Croissance économique. Gros nuages à l’horizon

Une année mitigée. C’est la principale conclusion des analyses de CDG Capital au sujet de l’évolution de l’économie marocaine en 2019. Le pari de la relance de la croissance est-il compromis ? Réponses.
«Les perspectives relatives à l’année 2019 s’affichent mitigées », constatent les analystes de CDG Capital dans une note sur les perspectives économiques et financières pour l’année en cours. Une ambivalence marquée d’un côté par une amélioration de l’équilibre des finances publiques, grâce aux efforts menés pour l’élargissement de l’assiette fiscale et la maîtrise des charges et de l’autre, le recul de l’inflation pour osciller en dessous de 1%, bénéficiant de la régression des prix de l’alimentation frais en glissement annuel. La maîtrise des charges et une campagne agricole ordinaire contribueront à une baisse de régime de la croissance économique. A la lumière des derniers indicateurs présentés par Bank Al-Maghrib (BAM), CDG Capital revoit ses prévisions pour l’année.
En attendant la sortie du Trésor
«La croissance économique devrait ralentir d’avantage, sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne autour de 60 millions de quintaux, selon les dernières estimations de BAM, et le déficit du compte courant devrait se creuser sous l’effet d’une accentuation du déséquilibre commercial associée à une poursuite de la morosité des flux financiers», analyse la filiale du groupe public. Le ralentissement devra toucher les crédits bancaires en liaison avec le dynamisme limité de l’économie réelle. Les déséquilibres financiers du pays devront être contrebalancés par la sortie prévue du Trésor à l’international pour un montant de 11 milliards de DH et l’importance des prêts bilatéraux, notamment en provenance des pays du Golfe.
L’agriculture toujours déterminante
«Le comportement de la croissance économique et de l’inflation dépend, dans une large mesure, de la performance de la saison agricole, qui s’affiche fortement corrélée à la production céréalière (voir graphique n°1) et ce en dépit des efforts de diversification entrepris dans le cadre du Plan Maroc Vert», rappelle CDG Capital. Bien que la part du secteur agricole dans le PIB figure limitée dans une fourchette de 13% à 15%, selon la performance de la campagne, l’impact sur la volatilité du PIB demeure important en raison de la prépondérance du secteur dans l’emploi, avec environ 40% de la population totale, soit l’équivalent de la population employée dans le secteur tertiaire, ce qui affecte la demande des ménages étant l’une des locomotives de la croissance.
Une inflation maîtrisée
Pour ce qui est de l’inflation, l’année 2018 a connu un cycle particulier marqué en début d’année par une montée en puissance de l’inflation, particulièrement alimentaire en liaison avec l’apparition des signes de sécheresse, avant le redressement de la saison agricole. Ce cycle, clôturé par une inflation moyenne annuelle de 1,9% en 2018 contre 0,7% une année auparavant, devrait fortement impacter le comportement de l’IPC en 2019 avec une faible évolution en début d’année compte tenu de l’effet de base. Dans ce contexte, l’inflation en 2019 est prévue à la baisse pour évoluer en dessous de 1%. Après une année 2018 marqué par la poursuite du creusement des déficits jumeaux avec un accroissement du déficit public de 0,2% du PIB et une aggravation du déficit commercial, l’année en cours devrait connaitre une même tendance. «Pour l’année 2019, la Loi des finances prévoit une persistance du déséquilibre entre les recettes ordinaires prévues en hausse de 6,8%, avec 5,8% pour les recettes fiscales, contre une augmentation de 7,2% pour les dépenses ordinaires. Ainsi, le déficit public, hors privatisation, devrait s’établir à 3,7% du PIB avec un recul des investissements du budget général de 9,6% en glissement annuel», observe CDG Capital.