Éco-Business

Crise du Tourisme: deux scénarios se profilent pour le Maroc

La cellule de crise de la Confédération nationale du tourisme (CNT) a préconisé deux scénarios pour le secteur. La non-assistance de l’activité est synonyme d’une perte de 138 MMDH de recettes en devises sur 3 ans. Par contre, s’il y a un plan de relance, l’impact serait réduit de 46 MMDH, soit 92 MMDH de recettes en devises d’ici 2022.

Sans un plan de relance, le secteur touristique perdra l’équivalent de 138 MMDH de recettes en devises sur 3 ans (de 2020 à 2022). Cette estimation est faite sur la base des recettes en devises générées en 2019, soit 78,6 MMDH. C’est en filigrane les estimations faites par la cellule de crise de la Confédération nationale du tourisme dans le cadre de la post-crise Covid-19. Dans le détail, il s’agit de moins de 57,8 MMDH en 2020, 51,1 MMDH en 2021 et 29,7 MMDH en 2022, soit au total un cumul de 138 MMDH.

Selon la cellule de crise relevant de la CNT, ce premier scénario de la non-assistance du secteur est synonyme «d’une destruction du tissu économique et l’incapacité à recréer sa chaîne de valeur pour l’emploi en plus de la balance des paiements et les réserves en devises». Par contre, avec un scénario d’accompagnement du secteur à travers un plan de relance, l’impact sur les recettes en devise sera atténué avec un écart de 46 MMDH, soit -92 MMDH avec assistance d’ici 2022. Il s’agit de -51,3 MMDH en 2020, -33,4 MMDH en 2021 et -7,9 MMDH en 2022.

Un gain cumulé de 46 MMDH
Le redressement de la situation avec un plan de relance permettra un gain de cumulé estimé à 46 MMDH. Toujours selon la cellule de crise du CNT, la reprise de l’activité sera très lente et elle ne réatteindra le niveau de 2019 qu’en 2023 avec une hypothèse de déconfinement graduel à partir de fin mai 2020 et une ouverture progressive des frontières en septembre 2020. «Tous les acteurs du secteur devront affronter une période très difficile jusqu’à décembre 2020 (9 mois) et une reprise timide et graduelle à partir d’avril 2021», indique la note élaborée par la cellule de crise relevant de la CNT. Pour le tourisme local, la récupération post crise sera timide durant la période estivale compte tenu de la suppression des congés annuels dans certaines entreprises et des évènements Grand public en plus de l’affaiblissement du pouvoir d’achat et du report des dates d’examens et concours universitaires. Par la suite, le marché international serait de retour dans un second temps avec les Marocains résidents à l’étranger (MRE) et les touristes immunisés. Toutefois, la pandémie serait peut-être de retour selon la cellule du CNT à l’automne 2020/hiver 2021. S’agissant de la clientèle Affaires et séminaires (MICE), le retour est lié à la santé économique des entreprises, la durée de la récession économique et la disponibilité du vaccin pour les rassemblements.

Le dispositif de sauvegarde nécessitera 1,7 MMDH
Dans ce sens, la CNT estime que la sauvegarde de l’outil de production passe par la limite du nombre de faillite des entreprises. À cela s’ajoutent la sauvegarde des emplois en particulier les plus vulnérables tout en sauvegardant les compétences du secteur et en préservant le pouvoir d’achat de la classe moyenne en plus de la préservation de la compétitivité de la destination via une sauvegarde des parts de marchés de la destination Maroc. Le dispositif de sauvegarde du secteur devrait être articulé autour de trois points précités, notamment le maintien de l’outil de production, à savoir les entreprises touristiques, le maintien des emplois et la sauvegarde de la compétitivité du secteur à travers le Plan de relance via la mobilisation d’un budget de relance. La quantification des mesures préconisées nécessitera un investissement supplémentaire dans le secteur estimé à 1,7 MMDH dont 1,2 MMDH pour la sauvegarde du secteur et 500 MDH pour le plan de relance.

Maintien de l’outil de production
La CNT propose, entre autres, de reporter dans le cadre des mesures bancaires et d’assurance préconisées toutes les échéances de crédit pour les entreprises de 12 mois minimum (3 mois seulement accordés par le CVE). Il s’agit aussi de la suppression des frais et majorations liées au report des crédits ainsi que l’octroi de facilités de caisse avec l’adaptation des conditions du produit Daman Oxygène. De surcroît, la CNT propose aussi la mise à contribution des compagnies d’assurances pour le réajustement des polices et le report des échéances pour les travailleurs du secteur en perte de revenus et ceux des échéances d’eau et électricité à 2021 (étalement sur 12 mois) avec la suppression des ATD dans le cadre des mesures fiscales. À cela s’ajoutent le report des déclarations et des paiements de toutes les obligations fiscales en particulier la TVA et les acomptes IS pour l’exercice 2020 dont l’activité sera largement inférieure à l’exercice précédent.

Mesures pour le maintien de l’emploi
Elles consistent en l’exonération des charges sociales et fiscales (IR, CNSS…) pour 12 mois pour les entreprises en activité qui maintiennent 80% des effectifs. Actuellement, seulement 3 mois sont accordés dans le pack du Comité de veille économique pour les entreprises à l’arrêt. Parmi les mesures proposées aussi pour le maintien des emplois figure la mise en place d’un dispositif spécifique pour la préservation des revenus des salariés estimé à 120.000 employés dans le secteur. Pour la CNT, il s’agit également d’autoriser aux entreprises qui conservent 80% des emplois le paiement de leurs salariés sur la base du net en plus de la défiscalisation des départs en retraites anticipées.

Sauvegarde de la compétitivité
Ce volet concerne trois segments. Pour le marché national, il s’agit de mobiliser un budget de promotion pour stimuler la demande locale et la mise en place d’une plateforme collaborative de distribution à destination du tourisme local, en plus de redynamiser la RAM en mettant en place des lignes intérieures cet été et revoir le calendrier des vacances scolaires pour étaler la saison avec des crédits vacances et chèques vacances défiscalisées. S’agissant du marché international, l’objectif est de mettre aussi un budget additionnel de promotion pour stimuler la demande internationale avec un budget co-marketing pour lancer des négociations auprès des compagnies aériennes pour reconnecter la destination. En outre, la CNT avance la mise en place de process sur toute la chaîne de valeur pour rassurer sur les conditions sanitaires pour les touristes et l’accélération du Plan digital pour la promotion de la destination. Concernant l’offre produit, il s’agit de la mise en place d’un fonds de soutien spécifique pour accompagner le secteur durant les trois prochaines années permettant notamment le déploiement d’un plan d’investissement dans le tourisme rural et le tourisme durable avec la mise en place d’accompagnement pour les hôtels souhaitant réaliser des travaux de rénovation et la mise en place de la plateforme E-learning pour accompagner des entreprises vers la montée
en compétence des ressources humaines.



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