Crise du Covid-19: Oxford Business Group tâte le pouls de l’Afrique
Une nouvelle édition du CEO Survey sur l’Afrique, menée par le cabinet de recherche et de conseil, Oxford Business Group (OBG), en partenariat avec BASF, examine en détail comment les pays de la région réagissent à la Covid-19, quels secteurs de l’économie ont été les plus touchés et sous quelle forme la reprise pourrait-elle se dessiner ?
Pour évaluer l’impact de la pandémie du coronavirus sur la confiance des entreprises, OBG a posé une série de questions à près de 300 cadres dirigeants africains. Les résultats de l’enquête numérique, intitulée «A la loupe : Comment réagissent les P-DG aux perturbations liées à la Covid-19 ?», peuvent être consultés dans leur intégralité sur le site du cabinet.
OBG a demandé aux chefs d’entreprise de s’exprimer sur une série de questions économiques, couvrant notamment les secteurs suivants : la santé, l’industrie locale, l’agriculture et la sécurité alimentaire, et la technologie et l’innovation. En complément de l’enquête, la directrice éditoriale pour l’Afrique d’OBG, Souhir Mzali, livre une analyse approfondie des réponses et du climat économique global dans lequel elles ont été obtenues.
L’enquête d’OBG a été menée la dernière semaine d’avril, alors que de nombreux pays africains avaient déjà pris des mesures rapides pour restreindre la circulation des personnes, des biens et des services, et pour fermer les entreprises non essentielles en raison de la propagation de la Covid-19, comme en témoignent les réponses à une question sur la capacité opérationnelle à cette période. La majorité (61%) des personnes interrogées ont déclaré que leurs entreprises fonctionnaient à 1-60% de leur capacité à l’heure de l’enquête, avec seulement 32% fonctionnant à 61-100% et 7% en fermeture totale. Le tourisme et la construction ont été particulièrement touchés, avec 80% et 78% respectivement des entreprises de ces deux secteurs fonctionnant à 0-20% de leur capacité.
Signe que le virus a révélé à quel point l’Afrique était mal préparée pour faire face à une pandémie de l’ampleur du coronavirus après des années de sous-investissement dans les systèmes de santé, une grande majorité (82%) des dirigeants ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que la pandémie de la Covid-19 entraîne une augmentation des dépenses publiques dans le secteur à plus long terme.
La Covid-19 a également révélé les faiblesses de longue date des chaînes de valeur et d’approvisionnement, soulignant la forte dépendance de plusieurs nations du continent en matière de produits manufacturés importés pour répondre à la demande intérieure. Sans surprise, étant donné les circonstances, 66% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles jugeaient la pandémie susceptible ou très susceptible de stimuler l’industrie et la fabrication dans leur pays. Les matières premières, le transport et la logistique ont été cités respectivement par 28% et 22% des dirigeants, comme étant la plus grande menace potentielle pour les chaînes d’approvisionnement industrielles.
«La crise apportera des changements importants, et compte tenu des perturbations au niveau des chaînes d’approvisionnement surtout celles associées à la Chine, beaucoup de pays opteront pour l’industrie locale au lieu d’importer», déclare Khaldoun Bouacida, P-DG de BASF au Maghreb et en Afrique de l’Ouest.
Le coronavirus devrait aussi avoir un impact ralentisseur sur le secteur agricole africain, avec des retombées attendues sur la sécurité alimentaire. Pour 44% des sondés, l’industrie agricole locale serait affectée de manière importante ou très importante. Les trois-quarts d’entre eux ont également répondu qu’ils s’attendaient à ce que les prix des denrées alimentaires augmentent quelque peu dans les deux ou trois mois à venir. Ces deux questions ont soulevé plus d’inquiétudes dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Alors que la numérisation apparaît comme déterminante pour aider les entreprises à se relever après la pandémie, plusieurs économies de la région misent déjà sur les technologies innovantes. Près de la moitié (48%) des personnes interrogées ont indiqué que leur entreprise investissait actuellement de manière significative ou très significative dans des solutions technologiques innovantes pour faciliter leurs opérations. Un nombre encore plus important (53%) a déclaré que la crise entraînerait des transformations numériques majeures, de manière significative ou très significative.
Selon Bouacida, l’Afrique était déjà un continent pionnier dans le domaine digital. «Cette tendance n’en est pas une nouvelle pour l’Afrique. Ceci dit, les autorités par le passé étaient réticentes face à ces outils, mais la crise offre désormais la possibilité à la jeunesse africaine et aux startups de prouver l’inverse. Ceci est une opportunité pour adopter davantage de solutions technologiques et d’outils numériques à l’avenir».
Selon Mzali, si l’Afrique occupe une place de choix dans les portefeuilles des entreprises et des investisseurs du monde entier et compte aujourd’hui certaines des économies à la croissance la plus rapide, l’arrivée de la pandémie Covid-19 a assombri les perspectives prometteuses de l’année. «Selon le FMI, l’Afrique devrait connaître en 2020 sa première récession en 25 ans et perdre des milliards de dollars en production», a-t-elle déclaré.
Souhir Mzali a ajouté que si les solutions numériques répondent à certains besoins immédiats de l’Afrique, l’ampleur du défi à venir et les problèmes urgents que la Covid-19 a mis en lumière ne peuvent être sous-estimés. «Au vu de la transformation digitale observée pendant la pandémie, l’accès à Internet apparaît comme un facteur déterminant de la prospérité socio-économique du continent et de sa capacité à créer des emplois et des opportunités dont l’Afrique a tant besoin pour aller de l’avant», a-t-elle noté.
L’analyse de Souhir Mzali est disponible dans son intégralité sur le blog d’OBG intitulé ‘Editors’ Blog’. Sont également disponibles, des analyses supplémentaires des quatre rédacteurs régionaux d’OBG sur leurs marchés respectifs. Intitulé «Next Frontier», le blog sert de plateforme aux experts d’OBG pour partager leurs réflexions sur les derniers développements concernant les différents secteurs des marchés à forte croissance (plus de 30) couverts par l’activité de recherche du cabinet.