Éco-Business

Coup de torchon sur le Masi

En manque de catalyseurs, le Masi se maintient dans le rouge depuis plusieurs semaines. La saison estivale réputée pour être une période creuse n’arrange pas les choses.

L’on est loin des performances des années précédentes. Le Masi qui se complaît dans le rouge depuis environ deux mois, enregistre une contreperformance de 7%. À la même période de l’année dernière, l’indice phare de la place affichait des gains de plus de 6%. Mieux encore, la performance annuelle du Masi avait atteint 9% en 2016. Le marché demeure sous pression depuis le passage sous 12.000 points. Les volumes échangés quant à eux sont tout aussi faméliques, dépassant à peine les 50 MDH. Même les opérations de window dressing qui s’opèrent traditionnellement en juin n’ont pas eu de grands effets sur la volumétrie du marché. De son côté, la capitalisation boursière s’est effritée de plus de 44 MMDH depuis le début de l’année pour se limiter à 584 MMDH. Pour l’heure, les professionnels de la place s’attendent au pire. Pour eux, la reprise du marché reste très peu probable. «L’évolution chartiste du Masi fait ressortir une configuration graphique qui plaide en faveur d’une tendance baissière sur les prochaines semaines». Une situation qui est semble-t-il nourrie par un climat d’attentisme persistant, lequel devrait s’accentuer durant cette période estivale. Période réputée pour son calme plat. Aussi, cette année, Ramadan est intervenu à un moment où les transactions sur le marché casablancais étaient au plus bas.

Pourtant, les transactions au cours du mois de Ramadan ont été particulièrement dynamiques durant les trois dernières années – 2015 à 2017 – dépassant nettement la moyenne quotidienne sur l’ensemble de l’année. Ramadan n’est pas toujours associé à une période creuse sur les marchés financiers dans plusieurs pays de tradition musulmane. Au contraire, il stimulerait même la prise de risque et pousserait les investisseurs à se positionner davantage sur les marchés d’actions. C’est l’une des conclusions étonnantes d’une étude sur le trio risque/rendement/liquidité sur les marchés indonésiens et malaisiens. Selon cette étude, une augmentation de la volatilité et de la liquidité est observée sur les marchés durant le mois «sacré» et les jours suivants et ceci même si les gains attendus ne sont pas forcément au rendez-vous. Au Maroc, «les épargnants durant cette période préfèrent garder leur cash et observer le marché», souligne un analyste.

Il faut dire que durant cette période allant du Ramadan jusqu’au retour des grandes vacances, les annonces déterminantes sont inexistantes. Par conséquent, les investisseurs se réfugient dans des valeurs réputées pour leur profil de risque modéré et sur lesquelles ils disposent de plus de visibilité. «Il est clair qu’en l’absence d’opérations de taille, les investisseurs ne vont pas s’aventurer sur le marché», souligne cet analyste. Même la seule introduction en Bourse de l’année ne semble plus motiver autant d’investisseurs. L’arrivée d’Immorente Invest en avril dernier – cette société qui propose un nouveau type d’actifs et qui offre à ses actionnaires un rendement immobilier régulier issu des loyers perçus – suscite encore peu d’engouement. Certes, ce sont plus de 1.300 épargnants et investisseurs qui ont souscrit à l’opération d’IPO, dont notamment 9 sociétés de gestion et 8 compagnies d’assurances et caisses de retraite, mais les transactions sur l’action aujourd’hui restent assez timides. «De toute façon, pratiquement l’ensemble des immobilières sont boudées ces derniers jours», commente un analyste soulignant le manque d’informations qui plane sur le secteur. Les investisseurs étrangers quittent les émergents et les marchés frontaliers pour des raisons évidentes de couple rendement/risque plus avantageux sur les produits de taux aux États-Unis.

En effet, le comportement des indices boursiers reste partiellement tributaire des variations du taux de change, sous le contrôle de la réserve fédérale américaine. Une telle mesure a son impact, principalement sur le dollar qui, in fine, se répercute sur l’allocation d’actifs gérés par les fonds de placement au Maroc. Du coup, la remontée des taux dans les pays développés produit un effet de fuite du cash vers ces pays au détriment des pays émergents. L’on recense Addoha, Alliances, Attijariwafa bank, BCP, BMCE, Cosumar, LafargeHolcim, Maroc Telecom ou encore Marsa Maroc comme étant les valeurs les plus vendues par ces opérateurs. Comme le martèlent les professionnels, la loi du marché est claire : «Le cash va là où il peut obtenir le plus de rendement avec une prise de risque minimale». Pour l’heure, les analystes misent sur le prochain reclassement de l’Argentine (et le reclassement probable du Koweït) du Frontier Markets vers l’Emering Markets. Ceci pourrait être une bonne nouvelle pour le Maroc dont la pondération devrait augmenter dans l’indice MSCI Frontier Markets. Ce qui se traduirait par une meilleure visibilité du Maroc à l’étranger et concrètement par l’augmentation des parts des investisseurs internationaux sur le marché casablancais sauf que le reclassement ne sera effectif qu’en 2019. Espérons que le marché marocain reprendra des forces d’ici là pour faire bonne impression.


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