COP22 : Quid du financement ?
On aura beau pris des décisions courageuses pour lutter contre le changement climatique, si l’argent n’est pas au rendez vous, l’ambition est compromise. Le Maroc n’est pas suffisamment récompensé par les institutions internationales pour ses efforts en matière d’énergies renouvelables.
«L’argent : nerf de la guerre contre le changement climatique», c’est le thème du sixième séminaire pré-COP22, organisé mercredi dernier à Rabat par l’association Ribat Al Fath. La thématique est importante puisque le financement des objectifs et recommandations qui sortiront de la COP22 de Marrakech se heurteront à la problématique de l’engagement financier des pays signataires. La question se pose aussi pour chaque pays à part.
Par exemple, le Maroc s’est engagé à investir 45 MMDH d’ici 2030 dans le cadre de son programme d’énergies renouvelables pour réduire de 32% les émissions de gaz à effet de serre. Mais est-ce que le royaume est suffisamment récompensé à l’international pour sa politique ambitieuse et volontariste en matière de climat ? Non, pas assez. Pour Abdelhadi Bennis, modérateur de cette sixième session, la politique des prix à la production et à la consommation ainsi que l’incitation financière et fiscale en matière d’environnement sont autant d’éléments à prendre en compte. L’ensemble de ces mécanismes doit converger pour la protection du climat. Dans ce registre, il y a une pléthore de concepts importés dont l’économie verte ou capitalisme vert, comme qualifiée par les associations, circuit vert pour les entreprises, économie sociale et solidaire. Les ONG, explique Bennis, militent pour un modèle économique durable, assurant la pérennité des ressources et profitant aux plus démunis.
Pour Faouzi Lakjaa, responsable du pôle financier dans le comité de pilotage de la COP22, il faut surtout avoir les moyens de financer et la capacité technique de mettre en œuvre les bons concepts. Ainsi, pour pérenniser le développement durable dans les pays du Sud, un fonds de financement s’impose. Ensuite, il faut avoir des projets concrets et pouvoir les mettre en œuvre. Les institutions financières ont un rôle à jouer, à l’image de la BAD qui essaie de mobiliser des fonds en Afrique. Il faut donc agir sans attendre puisque l’impact des changements climatiques pourraient engendrer des catastrophes et des situations irréversibles. Chaque année, on peut avoir des baisses du PIB mondial de 5 à 20% si rien n’est fait. Au Maroc, une hausse d’un degré pourrait impacter de 30% la baisse des précipitations et le PIB par conséquent.
L’enjeu, selon Lakjaa, c’est d’avoir la capacité de faire les arbitrages nécessaires et se fixer les priorités du développement du pays. Le transport urbain, par exemple, est un chantier de grande importance. Dans cette configuration, il existe une bonne marge de manœuvre pour les associations, notamment dans le domaine du plaidoyer législatif.