COP22 : Problématiques financements en faveur de l’adaptation !
À la veille de la COP 22, le Maroc entend donner un coup de fouet au financement de l’adaptation qui se heurte encore à quelques difficultés comme l’absence d’indicateurs quantitatifs uniques et universels pour pouvoir mesurer les résultats concrets des projets.
La lutte contre le réchauffement climatique passe par des projets aussi bien d’atténuation que d’adaptation qui sont deux approches complémentaires. Or, jusque-là, les bailleurs de fonds internationaux ont généralement tendance à financer plus de projets relevant de la première catégorie sur de la deuxième. Cette situation s’explique en premier lieu par la difficulté de mesurer la rentabilité des projets dédiés à l’adaptation. C’est en tout cas ce que précisent des experts de certains bailleurs de fonds internationaux invités, hier, par le comité scientifique de la COP22 à Skhirat pour débattre cette thématique. Le sujet est de la plus haute importance surtout pour les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, lesquels ont besoin de bénéficier, dans le cadre des engagements internationaux, de projets d’adaptation.
D’ailleurs, le Maroc accorde un intérêt particulier à cette question, la considérant comme étant la seule réponse possible aux impacts subis par les pays en voie de développement. En dépit de son importance, «l’adaptation reste le parent pauvre en termes de financements, principalement pour des raisons premièrement de définition de projets et ensuite de rentabilité. L’approche doit aujourd’hui changer dans le sens où il faut mobiliser projets et financements en faveur de l’adaptation», tient à préciser Nizar Baraka, président du comité scientifique de la COP22.
Pour atteindre les objectifs escomptés, il est essentiel de se pencher sur la simplification des indicateurs quantitatifs et de mesure d’impact. Jusque-là, il n’existait aucun indicateur unique ni universel pour l’adaptation contrairement à l’atténuation. Une grande responsabilité incombe aux experts internationaux afin d’arriver à un consensus sur les critères et pouvoir ainsi soutenir les pays vulnérables avec à leur tête ceux du continent noir, lequel a besoin de mettre sur les rails plusieurs projets d’adaptation pour faire face aux changements climatiques.
Nicolas Rossin
Expert de l’adaptation et du climat à l’AFD
Les ÉCO : Pourquoi est-il difficile pour les bailleurs de fond internationaux de financer des projets d’adaptation ?
Nicolas Rossin : La première difficulté a trait à la définition des projets d’adaptation. Il n’existe pas de métrique incontestable. Le financement des projets d’adaptation nécessite des moyens en matière de recherche d’information climatique. C’est plus compliqué de faire un projet d’adaptation dont les bénéfices sont difficiles à mesurer qu’un projet d’atténuation. On essaie de financer des projets d’adaptation dans des pays vulnérables ayant souvent moins de capacités institutionnelles pour prendre en compte cette dimension. Il faut donc un accompagnement institutionnel et de renforcement des capacités pour mieux prendre en compte les questions de vulnérabilité au changement climatique. Le processus est plus long que l’élaboration d’un projet de développement classique ou un projet rentable.
Comment différencier projets de développement financés par les bailleurs de fonds internationaux et projets d’adaptation ?
Il est illusoire de vouloir séparer les projets de développement et ceux d’adaptation. La plupart des bailleurs de fonds considèrent qu’un projet «climat» est un bon projet de développement qui a pris en compte les enjeux climatiques.
Comment faire l’équilibre en matière de financement entre les projets d’atténuation et ceux d’adaptation ?
C’est très compliqué. Chez tous les bailleurs de fonds, on note un déséquilibre entre les projets d’atténuation et les projets d’adaptation en raison justement de la difficulté à définir et mesurer l’impact de l’adaptation.