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Coopération Maroc-Israël : les écueils à éviter

La normalisation des liens entre le Maroc et Israël se concrétise au fil des mois. En août dernier, Yair Lapid, chef de la diplomatie Israélienne, s’est rendu au Maroc, dans le cadre de sa première visite officielle, huit mois après la normalisation des relations entre Rabat et Tel-Aviv. À quoi vont ressembler les futures coopérations entre les deux pays. Daniel Rouach, premier vice-président de la Chambre de commerce Israël-Maroc, fait des confidences et des recommandations.

Les réchauffements de rapports ont horreur de l’excès de zèle ! La normalisation des liens entre le Maroc et Israël se concrétise au fil des mois. Neuf mois après le réchauffement des rapports bilatéraux, un nombre important d’accords ont été signés, autour, principalement, des vols commerciaux directs, de l’ouverture d’ambassades potentielles… Mais selon Daniel Rouach, premier vice-président de la Chambre de commerce Israël-Maroc (CCIM), s’il y a un point sur lequel la partie israélienne devrait «se calmer» dans le cadre de la relation entre les deux pays, ce serait l’excès de zèle, voir la condescendance.

«Les Israéliens peuvent être très brutaux dans leur coopération, trop directs, voire maladroits, notamment dans les domaines de la cyber-défense, cyber-intelligence… Ils peuvent avoir le sentiment de tellement bien connaître qu’ils en oublient qu’ils ont en face d’eux des lauréats de Polytechnique, de l’École centrale, des grandes universités américaines et mondiales», a soutenu Daniel Rouach, hier, 20 septembre sur le plateau de Radio J, en France, dans le cadre d’une émission-bilan après neuf mois de normalisation des relations entre les deux pays.

Selon lui, un des éléments fondamentaux de cette coopération réside dans le fait que les deux pays ont signé des accords dans le domaine universitaire, permettant à des écoles d’ingénieurs basées à Casablanca, Ifrane, Rabat et d’autres villes du Maroc de se lier à de grands instituts israéliens, comme l’Université hébraïque de Jérusalem (ouverte en 1925), le Technion de Haïfa (école d’ingénieurs fondée dès 1912), connu pour son savoir-faire unique en matière de coopération technologique, soit les deux premières institutions d’enseignement supérieur israélien. Ce qui démontre une bonne volonté de part et d’autre.

«Le jour où il va y avoir un maillage entre les universités, on arrivera à quelque chose de très sérieux». Cependant, ce rapprochement n’est pas à l’abri de phases délicates et de moments de frilosité. La dernière en date a eu lieu lors de la guerre de Gaza. Soulignant qu’il y a toujours eu des relations officieuses entre les deux pays, Daniel Rouach trouve qu’elles ont souvent été exagérées. Les échanges directs opérationnels entre le Maroc et Israël partent d’une valeur oscillant entre 50 millions et 100 millions de dollars pour se voir déjà multipliés par deux. «Dans quelques années, si les choses continuent sur cette lancée, les échanges atteindront au moins un milliard de dollars», table-t-il. Cependant, beaucoup reste encore à faire des deux côtés pour tirer le maximum de ce rapprochement.

«Sur le plan touristique, les Israéliens connaissent le Maroc, mais pas grand-chose concernant le tissu industriel. Ils sont très loin de s’imaginer que les Marocains ont, depuis longtemps, tissé des liens avec le groupe Thales, avec les principaux acteurs mondiaux dans des secteurs de l’automobile, et qu’il y des valley (vallée) marocaines dans le secteur du high-tech», indique le représentant de la chambre de commerce.

Une phase de découverte s’impose donc, et elle va prendre du temps. Au dire de l’intervenant, la chambre de commerce Israël-Maroc rassemble, pour l’heure, à peu près 60 hommes d’affaires, principalement basés à Tel Aviv. Mais plusieurs demandes parviennent à la CCIM, directement du Maroc, avec une volonté d’organiser un certain nombre de missions conjointes.

Le Maroc serait très demandeur en matière de cyber-défense
Jusqu’à maintenant, les domaines qui ont fait l’objet d’accords, sont la coopération politique, l’aviation, la culture et le sport. «Le véritable accord à venir concerne la cyber-défense. Depuis longtemps, Israéliens et Marocains en discutent. D’autant plus qu’en matière de cyber-défense, le Maroc est très demandeur», explique Daniel Rouach. Pour ce qui est de l’affaire Pegasus, le vice-président de la CCIM souligne qu’«en ce qui concerne le Maroc, rien n’a été affirmé en public.

Beaucoup de choses ont été dites. Beaucoup sont totalement fausses. Mais, en matière de cyber-sécurité, le plus intéressant est que le Maroc regorge maintenant d’ingénieurs de très haut niveau, souvent formés en France et ailleurs. Des ressources humaines qui sont prêtes à accepter, avec une très grande aisance, la coopération avec Israël». Rappelant les résultats du dernier sondage disponible, il a relevé le fait que 40% des Marocains soutiennent l’accord entre les deux pays et son optimisme dans l’amélioration de ces indicateurs. «Ce qui me surprend toujours derrière ces mots de coopération, cyber-coopération et autres, est qu’il y a une relation solide entre Israéliens et Marocains.

Plus de 700.000 israéliens sont reliés directement au Maroc, à un titre ou à un autre. La communauté juive marocaine est la plus importante d’Afrique du Nord, avec un élément fondamental, à savoir que certaines personnalités sont directement reliées au Palais royal, et savent exactement comment il faut travailler », souligne le représentant de la Chambre de commerce Israël-Maroc.

La météo diplomatique est scrutée
«L’ambassade du Maroc à Tel-Aviv est d’ores et déjà prête. On attend la nomination de l’ambassadeur du Maroc, sachant qu’actuellement une personne occupe cette fonction, provisoirement. Également, du côté israélien, on attend un élément fondamental qui n’a pas encore eu lieu. C’est la venue du roi Mohammed VI en Israël, avec un discours à la Knesset. C’est un élément absolument fondamental, et qui montrera jusqu’à quel point Israël et le Maroc sont engagés dans cette coopération», a soutenu Daniel Rouach.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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