Éco-Business

Conjoncture : Tous les voyants au vert… ou presque

Agriculture, phosphates, tourisme, industrie…pratiquement l’ensemble des secteurs d’activité économique affichent bonne mine au cours du premier semestre de l’année 2017. Une situation qui ne devrait toutefois pas occulter l’existence de problèmes structurels liés au chômage, au déficit commercial et à l’irrégularité de l’activité agricole. Décryptage.

2017 serait finalement une année prolifique pour l’économie marocaine. C’est en tout cas ce que démontre l’analyse de la conjoncture économique au premier semestre. Pratiquement tous les indicateurs sont au vert, ce qui est assez rare pour être souligné. Selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), «La situation conjoncturelle s’oriente favorablement au premier semestre 2017, en ligne avec la bonne tenue des activités sectorielles dans l’ensemble, augurant d’un redressement significatif de l’activité économique nationale par rapport à l’année dernière». Dans sa récente note de conjoncture, la DEPF affirme que les principaux baromètres conjoncturels, tant au niveau de l’offre que de la demande, se seraient favorablement comportés au premier semestre 2017, reflétant une bonne tenue de l’activité économique nationale. Toutefois, les prévisions pour l’année 2018 ne sont pas totalement rassurantes. Le Haut-commissariat au Plan (HCP) s’attend à un tassement de l’activité économique sous l’effet d’une campagne agricole moyenne sinon faible.

Agriculture : L’irrigation en priorité
La valeur ajoutée agricole se serait nettement redressée en 2017, contribuant significativement à la croissance économique nationale après une contribution négative l’année précédente. Toutefois, le spectre des années de sécheresse ne s’est toujours pas dissipé devant le manque de résilience de l’agriculture marocaine. Dans ce sens, les efforts ont été principalement menés dans le secteur de l’économie d’eau et de l’irrigation, notamment grâce à la récente signature de deux accords de prêt. Le premier avec la Banque africaine de développement (BAD) d’un montant de 855 MDH, signé le 20 juin, vise le financement de la seconde tranche du Projet d’appui au Programme national d’économie d’eau et d’irrigation (PAPNEEI 2) 2017-2021. Le second accord, de l’ordre de 1,26 MMDH, a été signé entre le Maroc et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), le 29 juin 2017, pour le financement du projet de sauvegarde de la plaine irriguée du Saïss. Ces promesses ne devraient toutefois pas occulter le mauvais présage du HCP pour l’année 2018 qui augure d’une baisse de la valeur ajoutée agricole de 0,3% au lieu d’une hausse de 13,9% en 2017, ce qui devrait se traduire par une baisse de la croissance économique à 2,9% au lieu de 4% en 2017.

Dynamique manufacturière
Le secteur manufacturier a débuté l’année 2017 sur les chapeaux de roues, en ligne avec l’amélioration de son indice de production, hors raffinage de pétrole, de 2,3%, en une année (1er trimestre 2017), après une hausse de 2,1% un an plus tôt. Toutefois, d’après les derniers résultats de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib auprès du secteur manufacturier, la production du secteur a stagné, entre les mois d’avril et mai 2017, recouvrant une augmentation dans les industries chimiques et parachimiques et celles mécaniques et métallurgiques, compensée par des reculs dans les branches de «textile et cuir» et «électriques et électroniques». De même, le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) est resté inchangé, comparativement au mois précédent, à 60% en mai 2017. De même, au terme des cinq premiers mois de 2017, le TUC s’est replié, en glissement annuel, de 1,4 point, après un recul de 0,7 point à fin mars 2017. Pas de panique pour autant, pour les trois prochains mois (juin, juillet et août 2017), les industriels enquêtés s’expriment en faveur d’une évolution, globalement, favorable de leurs activités.

109.000 emplois créés, mais le chômage résiste
Entre les premiers trimestres 2016 et 2017, le marché de l’emploi a affiché un comportement favorable en termes de création d’emploi rémunéré dans les zones urbaines et rurales. En effet, le nombre de postes rémunérés, nouvellement créés dans l’économie marocaine, s’est élevé à 86.000 postes dont 57.000 postes profitant au milieu urbain et 29.000 postes au milieu rural. Ces emplois demeurent principalement portés par les secteurs des «services», de l’«agriculture, forêt et pêche», du «BTP» et de l’«industrie y compris l’artisanat». Ces secteurs ont créé respectivement 45.000, 28.000, 20.000 et 16.000 emplois supplémentaires. Toutefois, cette hausse n’a pas permis d’endiguer le taux de chômage qui s’est accru de 0,3 point pour se situer à 10,7% contre 10,4% au titre du premier trimestre 2016. Une situation qui résulte d’une hausse du taux de chômage de 0,7 point dans les villes, atténuée par une baisse de 0,1 point au milieu rural. Le chômage continue de frapper de plein fouet les catégories des jeunes diplômés. Les hausses les plus importantes du taux de chômage ont concerné les jeunes âgés de 15 à 24 ans (+0,6 point) et les adultes âgés de 25 à 34 ans (+0,5 point).

Le BTP rebondit
La DEPF relève un tassement de l’activité du BTP durant le mois de Ramadan et le maintien de l’évolution favorable des crédits immobiliers. Au terme du premier semestre 2017, les ventes de ciment ont reculé, en glissement annuel, de 9,2%, après un retrait de 5,8% à fin mai 2017 et une hausse de 1,7% il y a une année. Ce repli recouvre le retrait exceptionnel de 30,6% durant le mois de juin 2017 qui a coïncidé avec le mois de ramadan, lequel enregistre habituellement un ralentissement de l’activité dans le secteur. Toutefois, il est prévu une reprise de l’activité du secteur sous l’effet notamment de l’encours des crédits bancaires alloués au secteur immobilier. Celui-ci s’est accru de 3,7% à fin mai 2017 à plus de 252 MMDH, après une augmentation de 1,8% un an plus tôt, tiré par le comportement toujours favorable des crédits accordés à l’habitat (+4,8%) et la hausse des crédits attribués à la promotion immobilière de 0,5%, après un repli de 7,3% à fin mai 2016.

Le tourisme résilient
Machine promotionnelle grippée, risques sécuritaires, faiblesse de l’aérien…ce n’était pas gagné d’avance pour le secteur touristique marocain en cette année 2017. Pourtant, le secteur semble tirer son épingle du jeu. Il a enregistré un bon comportement durant les deux premiers mois du deuxième trimestre 2017. Au terme des cinq premiers mois de 2017, le nombre des arrivées touristiques s’est amélioré de 8,6%, après un repli de 1,4% un an auparavant. Cette évolution recouvre la hausse des arrivées des touristes étrangers de 12,3% après un repli de 4,5% à fin mai 2016, ainsi que l’augmentation de celles des MRE de 3,4%, soit le même taux enregistré l’année dernière. Cette bonne tenue a concerné l’ensemble des principaux marchés. La dynamique des marchés émergents notamment la Chine et la Russie a largement participé à alimenter le dynamisme du secteur. Au terme de cette période, le volume cumulé des nuitées s’est apprécié de 16,7%, après une baisse de 1,4% un an plus tôt. Cette amélioration a été impulsée par la bonne tenue des nuitées des non-résidents (+21,9%, après -5,5%), recouvrant une hausse des nuitées des touristes français de 18,1%, allemands de 46%, anglais de 6,5%, espagnols de 13,1%, italiens de 22,4% et hollandais de 17,2%. De leur côté, les nuitées du marché intérieur se sont renforcées de 5,9% à fin mai 2017, pour canaliser environ 29% du total des nuitées réalisées, après 32% il y a une année.

Reprise confirmée des phosphates
Les composantes du secteur secondaire, particulièrement les secteurs de l’OCP auraient fait preuve d’un dynamisme tangible au niveau de leurs échanges extérieurs. Le secteur minier a clôturé le premier trimestre 2017 sur une bonne performance, affichant une progression de la production de phosphate roche de 7%, en glissement annuel, après une hausse de 10,2% un an plus tôt. Quant à la production des dérivés de phosphates, composante importante de l’industrie chimique, elle s’est accrue de 35,3% au titre de la même période, poursuivant la bonne dynamique du quatrième trimestre 2016 (+62,7%). Le secteur revient de loin après une année 2012 où la production avait enregistré des déficits à tous les niveaux et des années 2013 et 2014 où la stagnation était le maître-mot. Du côté des exportations du secteur, ils poursuivent leur évolution favorable au terme des cinq premiers mois de 2017. En effet, le volume des expéditions de phosphate roche s’est renforcé de 44,1% à fin mai 2017, après +35,1% un mois plus tôt. Celui des dérivés de phosphate s’est amélioré de 17,8%. 



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page