Conjoncture : l’inquiétante dégradation du niveau de vie des ménages

Dégradation du niveau de vie, hausse du taux de chômage, hausse des prix des produits alimentaires, faible capacité à épargner…, autant de constats relevés par le Haut-commissariat au plan (HCP) dans sa dernière enquête de conjoncture auprès des ménages portant sur le premier trimestre 2025. Décryptage.
À première vue, les derniers résultats de l’enquête permanente de conjoncture sur le moral des ménages, menée par le Haut-commissariat au plan (HCP) rassurent.
L’institution dirigée par Chakib Benmoussa révèle une légère amélioration de l’indice de confiance des ménages (ICM) au cours du premier trimestre 2025, lequel s’est établi à 46,6 pts contre 46,5 pts lors du trimestre précédent, et 45,3 pts à la même période de l’année dernière.
L’ICM mesure la perception par les ménages de l’évolution de leur niveau de vie, du chômage, de l’opportunité à effectuer des achats de biens durables et de leur situation financière.
53% des ménages s’attendent à une dégradation du niveau de vie
En analysant en profondeur, on découvre des chiffres inquiétants. À commencer par le sentiment de dégradation du niveau de vie au cours des douze derniers mois, exprimé par 80,9% des ménages sondés. Seuls 14,7% indiquent un maintien au même niveau et 4,4% une amélioration. Et, visiblement, la situation ne devrait pas s’améliorer, puisque 53% des ménages s’attendent à une dégradation du niveau de vie durant les douze prochains mois, 40,3% prévoient un statu quo, tandis que 6,7% restent optimistes.
Une situation financière peu reluisante
Interrogés sur l’évolution du chômage, plus de la moitié des ménages affichent leur pessimisme. En effet, 80,6% d’entre eux estiment que le taux va grimper d’ici un an, contre 7,2% qui anticipent une baisse et 12,2% une stagnation.
L’étude révèle également une situation financière peu reluisante pour 42% des ménages, qui déclarent s’endettent ou puiser dans leur épargne pour gérer leurs dépenses. Un sentiment qui tranche avec les 55,8% qui estiment que leurs revenus couvrent leurs dépenses. Bien évidemment, cette baisse du pouvoir d’achat contraint les consommateurs à surseoir à certaines dépenses, comme l’acquisition de biens durables. 80,1% considèrent que le moment n’est pas opportun pour effectuer ces achats, très loin des 8,1% qui pensent le contraire.
L’enquête s’est également penchée sur la capacité des ménages à épargner durant les douze prochains mois. On y apprend que seuls 11,2% envisagent d’épargner, contre 88,8% qui ne le prévoient pas. La hausse des prix des produits alimentaires a aussi été fortement ressentie : 97,6% des ménages s’attendent à une augmentation au cours des douze derniers mois. Un phénomène qui, d’après 81,6% d’entre eux, devrait perdurer d’ici l’année prochaine
Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO