Conjoncture : le Maroc aura la plus forte croissance d’Afrique en 2021
C’est ce qui ressort du dernier rapport de GlobalData Plc, cabinet britannique de conseil et analyse de données. Selon ses analystes, le Maroc, «qui progresse à pas de géant», figure en tête des cinq économies appelées à connaître, en 2021, les taux de croissance les plus rapides en Afrique. Il s’agit, outre le Maroc, du Kenya, du Ghana, de l’Egypte et de l’Afrique du Sud. Curieusement, le Nigéria, première économie du continent, ne figure pas sur la liste des cinq majors en 2021, sa croissance devant connaître un fort ralentissement, avec une progression de l’ordre de 2,3%, seulement. Les détails.
Le royaume du Maroc affichera la plus forte croissance parmi les dix plus grandes économies africaines, en 2021. L’information a été diffusée par le cabinet britannique de conseil et d’analyse de données, GlobalData Plc, basé à Londres, qui table sur une croissance du PIB marocain de 5,19%, contre 5,8% précédemment annoncé par le Haut commissariat au plan (HCP). Malgré ce léger recul, le Maroc caracolera en tête des économies africaines à la fin de l’année, et sera suivi, dans l’ordre décroissant, par le Kenya, le Ghana, l’Égypte et l’Afrique du Sud, des pays qui devraient afficher des taux de croissance réels supérieurs à 4%. Une croissance qui sera globalement dopée par la reprise de la demande mondiale, l’assouplissement des restrictions liées à la Covid-19, la hausse des cours des matières premières exportées par ces pays, la relance de la consommation intérieure et enfin l’afflux des investissements directs étrangers, détaille le cabinet GlobalData Plc, dans ses projections. Ainsi, après une année 2020 chaotique, du fait, notamment, des impacts économiques de la pandémie, à l’origine de la récession de la quasi-totalité des grandes économies africaines, à l’exception de l’Egypte, le continent devrait, globalement, afficher une croissance de son PIB d’environ 3,8% en 2021. Une reprise qui sera donc tirée par les cinq économies majeures, évoquées précédemment.
Une croissance de 5,19% attendue au Maroc
Concernant le Maroc, les analystes de GlobalData expliquent, principalement, ses performances par la très bonne campagne agricole, qui générera une production céréalière estimée à près de 103,2 millions de quintaux en 2020-2021, contre 32,1 millions l’année précédente, soit une hausse de 221%. Ce n’est pas tout, la croissance de l’économie marocaine étant également tirée par les mesures adoptées par les autorités pour faire face à la propagation de la pandémie, via une campagne de vaccination efficace, des politiques monétaires accommodantes et une politique de relance qui a fortement contribué à la résilience et à la reprise de l’économie marocaine, selon le rapport. Rappelons, à cet effet, que le Maroc a mis en place un plan de relance de 120 MM DH, soit plus de 13,5 MM USD, pour faire face aux effets, tant directs que collatéraux, de la crise sanitaire. Le pays a rapidement obtenu des fonds d’urgence de la part des donateurs, dont trois MM USD du Fonds monétaire international et 460 M USD de la Banque africaine de développement, pour atténuer l’impact de la pandémie. En septembre 2020, le Maroc a également émis une obligation d’un MM Euros. Ces apports financiers ont permis de renforcer les réserves de change, qui représentent environ 8,1 mois d’importations et trois fois la dette due à court terme. En 2019, la dette totale du trésor s’élevait à 650 MM DH (environ 73,1 MM USD) et la dette publique extérieure, à 346 MM DH (environ 39 MM USD). La dette des administrations publiques se caractérise par une maturité supérieure à six ans, et plus de la moitié de la dette extérieure du pays est due à des institutions multilatérales. En conséquence, le risque de refinancement du royaume est minime, et à partir de 2021, le ratio dette-PIB devrait diminuer régulièrement pour se stabiliser à 70% en 2025.
5% au Kenya
Pour ce qui est du Kenya, ses perspectives de croissance sont également positives. Son économie devrait croître de 5,0 % en 2021 et 5,9 % en 2022. Cette reprise devrait s’appuyer sur le retour de l’activité économique à la normale, grâce à une réouverture totale de l’économie, la mise en œuvre de la stratégie de relance économique, l’amélioration attendue des liquidités extérieures et enfin les mesures visant à répondre à ses besoins de financement extérieur. Les initiatives extérieures pourraient inclure le refinancement de la dette, sa restructuration et l’allégement de son service, ainsi que l’octroi de prêts supplémentaires, à des taux préférentiels. L’inflation devrait être cantonnée dans la fourchette cible de 2,5 à 7,5 %, fixée par la Banque centrale du Kenya, et les déficits budgétaires et du compte courant devraient se réduire grâce à l’amélioration du recouvrement des recettes ainsi que des exportations. Ces perspectives pourraient, cependant, être compromises par des retards éventuels dans la reprise complète de l’économie, du fait d’un manque de financement extérieur pour l’exécution du budget, un ralentissement de la croissance mondiale ou des troubles sociaux, à l’approche des élections de 2022.
4,7% au Ghana
Concernant le Ghana, les perspectives économiques, à court et moyen termes, sont tout aussi prometteuses, sous réserve d’une augmentation des exportations, une amélioration de la confiance des entreprises et la mise en œuvre réussie du programme d’atténuation du coronavirus, et de revitalisation des entreprises (Ghana COVID-19 Alleviation and Revitalization of Enterprise Support). La croissance devrait enregistrer un taux de 4,7 % en 2021 et 4,1 % en 2022. L’inflation devrait diminuer à 8,2 % en 2021 et 8 % en 2022, soit le point médian de la fourchette cible de 6 à 10 %, fixée par la Banque du Ghana. Le déficit budgétaire devrait se réduire à 7,2 % en 2021 et 5,7 % en 2022, grâce à l’augmentation attendue des recettes, dans une économie en reprise. Toutefois, le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre 2,8 % du PIB en 2021 et 3,2 % en 2022, et les volumes d’importation retrouver leurs niveaux d’avant la pandémie. Des risques de détérioration des perspectives persistent, en relation avec une éventuelle deuxième vague de la pandémie, et une augmentation des pressions budgétaires et de la dette.
4,2% en Egypte
L’Egypte, l’une des rares économies du continent à avoir échappé à la récession l’année dernière, devrait, également, tirer son épingle du jeu en 2021. En effet, après 3,7% en 2020, la croissance du PIB réel devrait remonter, légèrement, à 4,2% en 2021,du fait d’une reprise des exportations. Il faudra, cependant, surveiller la baisse des recettes touristiques. En effet, les gains du tourisme qui, en 2019, représentaient 25% des exportations, ont baissé en 2020, en raison de la fermeture des aéroports internationaux et des restrictions concernant les déplacements locaux. À court terme, les perspectives du tourisme restent médiocres. D’une manière générale, les exportations, qui avaient baissé en 2020, devraient rester modérées en 2021 suite à la détérioration de la conjoncture internationale, et, notamment, celle de l’Europe qui représente 35 % des exportations égyptiennes et la principale pourvoyeuse de touristes. De même, les investissements privés pourraient rester à un niveau modeste en 2021, mais bénéficier de l’amélioration du climat d’investissement à moyen terme. La consommation privée devrait toujours constituer le principal moteur de la croissance. L’Égypte doit conserver son élan de réformes pour dynamiser le secteur privé et améliorer la croissance inclusive. La politique monétaire devrait rester accommodante en 2021 car l’inflation ne devrait croître que modérément.
4,09% en Afrique du Sud
Pour ce qui est de l’Afrique du Sud, l’économie la plus industrialisée du continent devrait afficher une croissance de l’ordre de 4,09% en 2021, grâce, notamment, à une forte hausse de la demande extérieure de matières premières et aux fondamentaux solides de son système financier.Toutefois, les récentes manifestations dans le pays pourraient avoir des conséquences néfastes sur la dynamique de la croissance du pays arc-en-ciel.
2,3% au Nigéria
Quant au Nigeria, sa croissance sera plus lente en 2021 avec une progression d’environ 2,3%. La dynamique de la croissance de la première économie africaine est minée par l’insécurité accrue, une inflation à deux chiffres, le niveau du service de la dette et l’arrêt des réformes structurelles. Concernant les perspectives, la croissance des grandes économies africaines devrait, selon GlobalData, être stimulée par les investissements directs étrangers, les investissements dans les infrastructures et dans l’énergie, les effets positifs attendus de la mise en œuvre effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)… Au-delà, les dirigeants africains devraient accélérer la transformation structurelle du continent, via la numérisation, l’industrialisation et la diversification, afin d’assurer au continent africain une croissance économique plus soutenue et durable, soulignent les auteurs du rapport.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO