Conjoncture: Le CMC appelle à plus de gouvernance pour de meilleurs résultats
En dépit de tous les efforts consentis par le secteur public, des insuffisances persistent. Elles concernent l’organisation, les performances et la gestion des établissements et entreprises publiques. De plus, l’investissement national reste peu efficace, d’où l’urgence d’améliorer la gouvernance de l’investissement public.
Le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) vient d’annoncer la parution de sa dernière publication mensuelle sur la conjoncture du Maroc. Il s’agit d’un spécial portant sur les mécanismes et la productivité du Partenariat public-privé (PPP).
Dans ce numéro, les analystes du CMC ont essayé de mettre l’accent sur le rôle du secteur public dans le processus de croissance endogène du pays. Ils considèrent que le Maroc a gagné son pari, consistant à préparer les conditions favorables pour enclencher une reprise économique énergique, ce qui lui a permis aujourd’hui de procéder à une compensation significative des pertes de production et d’emploi causées par le Covid-19. Cependant, on ne peut occulter l’effondrement inexorable des composantes du PIB, qui a eu lieu en 2020, dans une forte détérioration des échanges extérieurs et de la FBCF et, dans une moindre mesure, de la consommation privée et de celle des administrations. La reprise énergique, constatée en 2021, a été fortement bloquée par le conflit russo-ukrainien.
Ce sursaut borne, désormais, les perspectives de moyen terme, dans une croissance potentielle en déclin. L’inflation a retrouvé son niveau modéré de 1,4% en moyenne annuelle, tout en restant candidat à une hausse qui atteindrait 4,7 % en 2022. En dépit de tous les efforts consentis par le secteur public, des insuffisances persistent.
«Ces insuffisances concernent l’organisation, les performances et la gestion de l’ensemble de ses composantes, plus particulièrement les Établissements et les Entreprises publics», précisent les analystes du CMC.
En effet, ces entités opèrent dans des activités stratégiques de l’économie nationale ayant en général pour but ultime la satisfaction des attentes du public en matière d’efficacité des services et de transparence. Les efforts accomplis dans ce sens n’ont pas produit tous les effets escomptés. Leurs structures de gouvernance ne sont pas suffisamment intégrées, mal préparées pour répondre aux besoins sans cesse changeants des citoyens et leurs performances restent en deçà des attentes.
L’investissement public au PLF
Les documents accompagnant le PLF font état de l’investissement public consolidé émanant des trois entités publiques de l’État, les entreprises publiques à caractère industriel et commercial (EPC), les entreprises et les collectivités territoriales. La démarche adoptée par le PLF consiste à faire ressortir l’importance du volume de l’investissement de tout le secteur public. Selon les membres du CMC, «cette démarche doit s’accompagner d’une présentation de l’investissement privé pour faire ressortir la contribution de chacune des deux composantes – publique et privée – à la formation du capital au Maroc». Par ailleurs, une étude récente du HCP a montré que le ratio de capital incrémental (ICOR) au Maroc est particulièrement élevé comparativement à un échantillon de référence signifiant que l’investissement national est peu efficace, d’où l’urgence d’améliorer la gouvernance de l’investissement public.
Dépendance au budget de l’État
Le secteur des établissements et entreprises publics compte actuellement 269 établissements. Il a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires global estimé à 275 milliards de DH, générant une valeur ajoutée de 94 milliards de DH. «On estime à 297 milliards de DH l’encours des dettes de financement accumulé au terme de l’exercice 2020, en léger accroissement par rapport à l’année précédente», précise le CMC. Le portefeuille public relevant des activités à gestion stratégique est le principal bénéficiaire de ces dettes avec un encours représentant 95 % du total de la dette. Globalement, la dette consolidée des établissements et entreprises publics qui bénéficient de la garantie de l’État représente 25 % du PIB nominal. Le secteur des établissements et entreprises publics marque par ailleurs, en tant qu’instrument d’exécution des politiques publiques, une forte dépendance au budget de l’État.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO