Compétitivité logistique : encore du potentiel à explorer
La mise en place des plateformes logistiques demeure la panacée pour gagner en compétitivité logistique et, par ricochet, industrielle. Avec des coûts logistiques revus à la baisse, les industriels seront débarrassés d’un poids qui fait obstacle à leur valeur concurrentielle. Le département de tutelle s’est ainsi fixé des priorités pour accompagner l’émergence industrielle.
Une compétitivité logistique au ralenti ne favorise aucunement le tissu productif, et encore moins le tissu industriel. Considéré comme vital, ce secteur demeure le noyau de toute activité. Ainsi, le renforcer davantage ne peut que se répercuter positivement sur le tissu productif. Mais avec un coût logistique à hauteur de 19% du PIB, la compétitivité n’est toujours pas au rendez-vous, car il était prévu, parmi les grands axes de la stratégie nationale de logistique dont le Maroc s’est doté il y a une dizaine d’années, de réduire le coût logistique à 15%, ce qui permettrait d’accélérer la croissance économique de 0,5 point de PIB par an. Une avancée qui pourrait éventuellement alléger le fardeau des industriels quant aux frais de transport qui impactent lourdement la compétitivité des opérateurs aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
Optimiser les coûts
Aujourd’hui, pour développer ce levier de croissance, les maîtres mots restent la mobilité, le transport de marchandises et la gouvernance, pour parvenir à réussir la stratégie logistique. En effet, pour accompagner le développement industriel sur lequel mise le pays, aujourd’hui plus que jamais, la logistique devrait gagner davantage en compétitivité. C’est ainsi que la stratégie nationale de la logistique avait prévu la mise en place de plateforme logistique pour optimiser et massifier la marchandise, mais surtout éviter le retour à vide et, par ricochet, de faire baisser le coût logistique.
Avec ce mécanisme, l’expéditeur ne paierait que la partie occupée, contrairement au système actuel où ce sont les frais de tout le voyage qui sont assumés. «Peu importe le mode de transport ou la quantité, le groupage ou la massification sert à optimiser le coût, lequel représente une entrave à notre compétitivité. Et l’implantation de plateformes logistiques remédie considérablement au problème, puisqu’elles permettent de consolider les marchandises en fonction de leurs destinations et de leur nature. Par ailleurs, l’expéditeur ne prend en charge que la partie qu’occupe sa marchandise», précise un professionnel en transport et logistique.
À noter que ces plateformes demeurent un levier important pour la compétitivité. Si jadis le fonctionnement de ces zones n’a pas abouti à l’effet escompté, aujourd’hui, le ministère de tutelle mise tout sur leur déploiement. En effet, l’objectif d’ici la fin du mandat est de disposer des 5 plateformes logistiques préalablement définies. Un premier chantier est d’ores et déjà lancé. Il s’agit de celui d’Aït-Melloul. Les travaux sont lancés pour mobiliser du foncier au niveau de Kénitra, Zenata et Casablanca, selon le ministère de Mohamed Abdeljalil. D’ailleurs, le foncier est une autre paire de manches, car il demeure un obstacle, vu les prix trop élevés. Une entrave qui emboîte le pas également aux industriels. Des problématiques auxquelles le gouvernement s’attelle à trouver les solutions appropriées.
Une vision s’impose
L’infrastructure et l’équipement ne sont pas en reste. Ces derniers représentent également un levier de compétitivité. D’ailleurs, le Maroc a réussi à devenir une plateforme logistique mondiale à l’échelle méditerranéenne et continentale, grâce à son infrastructure moderne et à son vaste réseau de ports et de gares ferroviaires. Il en est de même pour le transport maritime dont le pays a pu améliorer les capacités et les services. Ceci lui a permis de devenir une destination logistique internationale et d’intégrer la région dans l’économie mondiale. Et le travail se poursuit pour mettre en place les chantiers relatifs à la modernisation des infrastructures. Il s’agit notamment du Plan Rail 2040, des schémas directeurs autoroutiers, du programme de modernisation des voies express, des routes rurales, de la Stratégie portuaire 2030 et de la Stratégie de développement de la compétitivité logistique 2030. Les dernières données indiquent qu’en matière d’investissements, ce sont près de 400 milliards de dirhams qui ont été déployés au cours des 20 dernières années au Maroc. Un effort qui a permis de développer un réseau d’infrastructures de transport parmi les plus avancés en Afrique. Un chantier auquel s’adosse la transition énergétique.
Cependant, le ministère ambitionne de renforcer le rôle du secteur comme levier de compétitivité, ce qui a nécessité une nouvelle configuration du système logistique à travers le renforcement des infrastructures, de la connectivité, et le soutien des opérateurs pour plus d’efficience. La gouvernance revêt également une importance capitale. Il s’agit d’améliorer la coordination entre les acteurs, d’où la nécessité d’instaurer un cadre institutionnel et réglementaire mieux adapté. Côté mobilité, le ministre a insisté sur le besoin de disposer d’une vision de la mobilité, partagée entre les différents départements.
À cet effet, le département de tutelle travaille sur la réalisation d’une étude pour aboutir à une réflexion commune, laquelle permettrait à toutes les parties de faire émerger cette vision dans l’objectif d’asseoir une mobilité durable et inclusive. Par ailleurs, une structuration d’un mécanisme de transport s’impose en adoptant en l’occurrence la bourse de fret. Ce dispositif apporterait un nouveau souffle à un secteur submergé par l’informel. D’ailleurs, l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) avait mené, en 2021, une étude sur la faisabilité de la bourse de fret dont les conclusions étaient déterminantes. Il s’est avéré que la réduction des coûts logistiques — grâce au groupage des flux et la diminution du retour à vide — est estimée entre 10% et 30%. Cependant, la simplification des procédures et la mise en commun des moyens contribueraient à une amélioration à hauteur de 20%.
Maryam Ouazani / Les Inspirations ÉCO