Commerce bilatéral : la Finlande veut muscler sa présence au Maroc

Une délégation d’entreprises finlandaises, conduite par le ministre du Commerce extérieur, effectue actuellement une visite de prospection au Maroc. Objectif : décrocher de nouveaux marchés, particulièrement ceux liés au déploiement de la 5G, dans un contexte marqué par le lancement de grands projets en prélude à l’organisation du Mondial 2030.

Helsinki souhaite renforcer sa coopération économique avec Rabat. Une délégation d’entreprises de ce pays scandinave, conduite par Ville Tavio, ministre finlandais du Commerce extérieur et du Développement, effectue depuis le 28 avril une visite de prospection dans le Royaume.

Au cours de cette mission commerciale, qui s’achèvera le 30 avril, il sera accompagné par des représentants de plusieurs entreprises, telles que AMG Technologies, Confoot, Ecosir Group, Kalmar, Metso, Nokia, Vaisala, Wirepas et Wärtsilä.

Un forum d’affaires Finlande-Maroc à Casablanca
L’un des moments clés de cette visite coordonnée par Business Finland, l’agence officielle du gouvernement finlandais pour la promotion du commerce et des investissements et le financement de l’innovation, consiste en l’organisation, conjointement avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), d’un forum d’affaires Finlande-Maroc, à Casablanca.

Ce rendez-vous se tiendra deux mois après le séminaire «Doing Business avec la Finlande», organisé en février dernier par la CGEM, en collaboration avec FinnPartership, un programme financé par le ministère finlandais des affaires étrangères, qui vise à renforcer les relations commerciales avec les pays partenaires.

Un évènement qui avait, notamment, été marqué par la présence de Marjaana Sall, l’ambassadrice de Finlande au Maroc. Un dynamisme qui confirme la volonté des deux pays d’accélérer leur coopération économique.

De gros marchés gérés à Tanger Med
Une visite au port Tanger Med figure également dans l’agenda de la délégation. Plusieurs entreprises finlandaises opèrent au sein du plus grand complexe portuaire de la Méditerranée. Il s’agit, en particulier, de Kalmar, spécialisée dans les équipements et les services de manutention lourde.

Elle a annoncé, le 21 novembre 2024, la réception d’une commande de 20 chariots cavaliers hybrides de la part de APM Terminals, gestionnaire néerlandais du terminal à conteneurs TC4 du port Tanger Med II.

Ces équipements, dont la livraison est prévue entre les deuxième et troisième trimestre 2025, s’ajouteront à la flotte de 65 chariots cavaliers Kalmar déjà exploités dans ce port. Wärtsilä, spécialisée dans la fabrication industrielle de générateurs électriques et de moteurs de bateaux, présente depuis plus de 40 ans au Maroc, est également active dans le port de la ville du détroit.

Elle a noué, le 1er juillet 2021, un partenariat avec Tanger Med pour co-développer un système d’information de pointe pour la gestion portuaire (PMIS). Des outils modernes dédiés aux opérations portuaires et à la digitalisation, y compris la mise en œuvre des solutions just-InTime (JIT), machine learning, IA ainsi que d’autres solutions innovantes.

Fin juin 2024, l’entreprise a renouvelé son accord de maintenance de cinq ans avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) couvrant 169,5 MW de production d’électricité pour les deux centrales électriques de Tan Tan et de Dakhla. Cet accord comprend la fourniture de pièces de rechange, les révisions majeures et un support technique complet.

Nokia entend se positionner sur les infrastructures de la 5G
L’objectif de Helsinki, c’est, au-delà de ces prestations, de décrocher de nouveaux marchés. D’ailleurs, le timing de la visite de la délégation finlandaise est tout sauf anodin. Celle-ci intervient dans un contexte marqué par le lancement de grands projets en prélude à l’organisation du Mondial 2030.

«Le Maroc représente un marché attractif pour les entreprises finlandaises et une porte d’entrée stratégique vers l’Afrique», a souligné Ville Tavio.

Et d’ajouter : «Le pays se prépare à co-organiser la Coupe du monde de la FIFA 2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal. Cela implique plusieurs projets d’infrastructures pour lesquels les entreprises finlandaises ont d’excellentes solutions à proposer.»

À noter que lors de la visite, le 6 août 2024 à Helsinki, de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et des Marocains résidant à l’étranger, le Maroc et la Finlande ont identifié quatre secteurs prioritaires pour renforcer leur partenariat : les technologies liées à l’eau et aux énergies renouvelables, l’hydrogène vert, la cybersécurité et les télécommunications.

Le chantier de la 5G, actuellement dans le pipe, intéresse aussi la Finlande. D’où la présence du géant mondial des télécoms, Nokia, dans la délégation. Le Royaume compte d’ailleurs s’inspirer de l’expérience finlandaise dans le développement de ce chantier technologique.

Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, avait rencontré le top management de l’entreprise, lors de son déplacement fin janvier dernier à Helsinki. L’entretien avait porté sur la possibilité de conclure des partenariats pour le déploiement de la 5G et de la fibre optique au Maroc.

Commerce bilatéral : un excédent de 134 M$ en faveur de la Finlande

Les échanges commerciaux maroco-finlandais sont marqués par un excédent commercial en faveur d’Helsinki. En 2023, le Maroc a exporté 54,9 millions de dollars (M$) vers la Finlande, selon l’Observatoire de la complexité économique (OEC), qui fournit des données détaillées sur le commerce mondial.

Les principaux produits exportés étaient le minerai de cuivre (25,6 M$), les tomates (2,91 M$), et les voitures (2,83 M$), Quant aux importations, elles s’élevaient à 189 M$. Principaux produits achetés : le bois scié (47,5 M$), le pétrole raffiné (39,6 M$) et le papier couché au kaolin (16,8 M$).

La même source précise qu’entre 2018 et 2023, les exportations marocaines ont augmenté à un taux annuel de 7,61%, tandis que celles en provenance de la Finlande ont chuté de 16,7%, très loin des 471 M$ de 2018.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO