Éco-Business

Comment le digital peut booster le secteur

En permettant de réduire les coûts tout en diminuant les risques, la digitalisation de la microfinance devient nécessaire pour requinquer le secteur. Bientôt de nouveaux produits entreront en scène portés par le digital comme vecteur de développement.

Mohamed Horani a plaidé, jeudi à Rabat,  pour un programme national de digitalisation du secteur de la microfinance. L’ancien patron de la CGEM et président de HPS intervenait à l’occasion d’un premier forum organisé conjointement par HPS et la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM) sous le thème «la digitalisation : quels opportunités et défis pour les structures de microfinance». Le responsable veut de cette manière lancer un débat sérieux sur le sujet et pourquoi pas pousser d’autres secteurs de l’économie à faire de même. Le recours au digital qui n’est plus un luxe mais une nécessité permettra au secteur de la microfinance de faire des économies sur les coûts, mieux connaître la clientèle et surtout maîtriser les risques financiers pour une expansion encore plus forte. D’autant plus que le microcrédit au Maroc, comme l’a dit fort à propos Ahmed El Ghazali, président de la FNAM, est aujourd’hui à la croisée des chemins.

Entre les exigences de répondre à un besoin réel, allant crescendo, de financement des activités génératrices de revenus et les perspectives de modernisation et d’évolution des associations notamment en banques commerciales. D’ores et déjà, les agences de microcrédit peuvent jouer l’intermédiation bancaire en permettant à leurs clients d’y ouvrir des comptes gérés par les banques classiques. En termes de pénétration bancaire, ce rôle est de premier plan puisque 40% des 1.650 agences de microcrédit se trouvent dans le monde rural et les zones enclavées. La diversification des métiers touche aussi à la micro-assurance qui, selon El Ghazali, totalise aujourd’hui 750.000 contrats au profit de 1,7 million de personnes. Il n’en reste pas moins vrai que le secteur ne marche pas à plein régime, loin de là. «Il est en deçà des opportunités qui lui sont offertes et des besoins d’inclusion financière pour aller au-devant des objectifs de développement humain», a expliqué El Ghazali.

Deux défis émergent alors à savoir la nécessaire évolution institutionnelle pour exploiter le potentiel existant et saisir les opportunités que les nouvelles technologies de l’information et le digital sont à même d’offrir. À travers ce premier forum, la FNAM compte bien assumer sa part de responsabilité pour améliorer la capacité de ses associations membres grâce au conseil et à la formation ainsi qu’à la facilitation à la gouvernance et l’accès au mécanisme de financement. Dans ce sens, la solution digitale doit être adaptée aux spécificités des associations de microcrédit au Maroc pour en faire un levier de développement. En effet, dans un modèle économique qui a montré ses limites, la microfinance combinée à une digitalisation appropriée sont susceptibles d’ouvrir des horizons nouveaux à la création de richesse grâce à l’auto-emploi comme cela se fait dans plusieurs pays africains.

Dans un pays comme le Kenya, souligne Jamal Rahal, fondateur de CETA spécialisée dans le scoring et la finance digitale, 25 millions de personnes utilisent le système M-PESA de micro-financement et de transfert d’argent. Grâce à cette plateforme de mobile banking, l’expérience a essaimé dans plusieurs pays africains. C’est aussi le cas de la réussite fulgurante du système M-Shwari, toujours en Afrique, qui permet d’octroyer 40.000 microcrédits par jour avec une réponse instantanée. Rahal estime que l’institution d’émission et de régulation (Bank Al-Maghrib) peut être une force de proposition pour la promotion de produits digitaux au Maroc. Disposant d’une centrale des risques des plus performantes dans le monde, BAM offre cette assurance dont les acteurs de la microfinance ont besoin pour faire le pas. Réduire la manipulation du cash tout en ayant toutes les garanties institutionnelles en rapport avec la prévalence du risque, tel est aujourd’hui l’objectif du secteur de la microfinance au Maroc. Conscients du fait qu’Internet est un outil collaboratif de création de valeur, les associations de microcrédit se sentent aujourd’hui prêtes à s’investir dans la digitalisation. Il faut savoir que l’économie collaborative pèse aujourd’hui 300 milliards de dollars dans le monde après n’avoir été que de 20 milliards en 2013. C’est une évolution fulgurante qui renseigne sur tout le potentiel que l’usage des NTIC est à même d’apporter pour un secteur qui promet. En effet, en 20 ans seulement d’existence, le secteur pèse 6,7 MMDH avec 938.000 bénéficiaires. Les professionnels du secteur évitent le mot client puisqu’ils considèrent aussi la forte composante sociale que le microcrédit recèle. 



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