Climat. La société civile sonne le tocsin !
À quelques semaines de la COP24, l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable a réuni ses troupes à Casablanca pour préparer sa feuille de route pour cet événement. Elle a également saisi l’occasion pour intimer le gouvernement d’accélérer le processus pour la mise en œuvre de la NDC parce que cela ne peut plus attendre.
Les acteurs de la société civile environnementale étaient en conclave ce week-end à Casablanca. Profitant de leur 5e forum de préparation de leur participation à la COP24, qui aura lieu en décembre prochain en Pologne (Voir encadré), ils ont tiré la sonnette d’alarme en intimant le gouvernement d’accélérer le processus pour la mise en œuvre de la NDC (Contribution nationale déterminée).
Selon le président de l’AMCDD (Alliance marocaine pour le climat et le développement durable), Abderrahim Ksiri, «il faut une continuité dans l’action pour pouvoir résoudre les problèmes climatiques. Or, depuis quelques temps, on assiste à un relâchement qui risque d’être préjudiciable au Maroc en qui presque tout le monde place un espoir en matière de lutte contre le changement climatique». À commencer par la CCNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique) elle-même, organisatrice des COP, dont la patronne Patricia Espinosa ne manque jamais l’occasion de citer l’exemple marocain, illustré par l’organisation réussie de la COP22 et surtout par l’élaboration de l’un des meilleurs dossiers NDC…au monde ! «Eh bien, il ne suffit pas d’avoir un bon dossier NDC. Il faut travailler rapidement à sa mise en œuvre parce qu’il n’y a plus une minute à perdre», ajoute le président de l’AMCDD qui explique que les enjeux sont énormes.
Pour rappel, la NDC du Maroc mise sur la réduction de 42% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, soit une réduction cumulée de 523,4 millions de tonnes équivalent pétrole entre 2020 et 2030, ce qui exige la mise en œuvre de 55 projets pour un investissement global de 50 milliards de dollars (environ 500 MMDH). À Katowice, la ville polonaise qui abritera les travaux de la COP24 en décembre prochain, il sera question de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Rien d’autre ! La situation actuelle de la planète est jugée alarmante. Les trois dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées et la température de la planète a augmenté de plus d’1°C depuis l’ère pré-industrielle. C’est pourquoi, à la COP24 tous les acteurs et négociateurs doivent établir en perspective de cette conférence planétaire, un manuel de procédure «Rulebook», avec des règles claires, applicables et détaillées expliquant qui va s’occuper de leur NDC, à quel moment doivent-ils agir et par quel moyen.
Pour le moment, selon des sources proches du Secrétariat d’État chargé du développement durable, le «Rulebook» du Maroc n’est pas encore prêt. «Certes toutes les entités publiques chargées des projets d’adaptation et d’atténuation ont été déjà consultées. Reste que les deux plus importantes, en l’occurrence, le ministère de l’Économie et des finances et celui chargé des Affaires générales du gouvernement ne se sont pas encore prononcés». Par conséquent, on ne sait pas encore comment l’État va financer ses projets NDC. Suivant quel calendrier ? Quelle structure va se charger de la gouvernance de la mise en œuvre des projets NDC du Maroc ? Quelles sont les réformes juridiques et réglementaires à introduire pour assurer un bon fonctionnement de ce dispositif ? Toutes ces questions méritent une réponse au plus vite. En effet, si la CCNUCC demande aux États signataires de l’Accord de Paris de venir à la prochaine COP 24 munis de leur «Rulebook» respectif sur leur NDC, c’est parce que la mise en œuvre des projets NDC débutera dans deux ans à partir de 2020. Espérons que le Maroc sera au rendez-vous !
La COP24 avancée d’une journée
La COP24, 24e conférence des parties signataires de la Convention-cadre de l’ONU sur le changement climatique (CCNUCC) prévue en décembre en Pologne, a été avancée d’une journée pour permettre aux participants de travailler plus, selon la CCNUCC. Initialement prévue pour le 3 décembre, la conférence de Katowice (sud de la Pologne) s’ouvrira donc le 2 décembre et prendra fin le 14 décembre comme prévu, explique la CCNUCC. «Il a été convenu d’avancer la date d’ouverture de la conférence afin d’employer au mieux le temps disponible pour finaliser les négociations sur le programme de travail relatif à l’Accord de Paris», a fait savoir l’organe onusien dans un communiqué. L’objectif est de parvenir à des règles précises d’application de l’Accord de Paris sur le climat, qui doit entrer en vigueur en 2020. Négocié en 2015 dans le cadre de la COP21, ce texte prévoit de contenir d’ici à 2100 le réchauffement climatique «bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels» et de viser à «poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C».