Éco-Business

Climat : changer de paradigme pour l’agriculture

Sur le continent, les initiatives s’enchaînent pour parvenir à mettre l’agriculture africaine sur les rails. L’objectif est de contribuer à l’autosuffisance alimentaire, qui peine à être réalisée malgré les ambitions des États et les objectifs qu’ils se sont assignés.

Importations de denrées alimentaires : facture salée pour l’Afrique

L’Afrique dépend encore des importations de denrées alimentaires, dépensant chaque année quelque 75 milliards de dollars pour importer plus de 100 millions de tonnes de denrées alimentaires. « L’Afrique ne devrait pas importer de la nourriture. Elle devrait devenir une grande région productrice de denrées alimentaires et fournir ses excédents au reste du monde. S’il y a une chose que l’Afrique peut faire pour le monde, c’est de l’aider à se nourrir», s’insurge le président de la BAD. Et pourtant, la guerre russo-ukrainienne a affecté la sécurité alimentaire du continent. Elle a engendré une flambée des prix du blé et du maïs importés de Russie et d’Ukraine. Pour rappel, l’Ukraine fournit 31% du maïs importé par l’Afrique. En raison de la guerre, le continent n’est pas en mesure d’importer quelque 30 millions de tonnes de denrées alimentaires. Le continent, qui dépend également de la Russie et de l’Ukraine pour ses importations massives d’engrais, est aussi confronté à une crise à ce niveau, car les prix des engrais ont été multipliés par 2 à 4 depuis 2020, limitant fortement les capacités des gouvernements et le pouvoir d’achat des acheteurs privés.

Favoriser l’autosuffisance et s’adapter au climat

Les progrès réalisés dans le domaine de l’agriculture en Afrique sont assez encourageants, malgré les défis actuels. Le programme «Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine» (TAAT) de la BAD, soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique et d’autres, commence à donner des résultats sur le terrain, dans des exploitations agricoles à travers le continent. Depuis son lancement en 2018, le TAAT a contribué à fournir des technologies agricoles améliorées à près de 12 millions d’agriculteurs et a aidé à produire 25 millions de tonnes de nourriture. Les résultats obtenus au Soudan et en Éthiopie font date. En Éthiopie, les variétés de blé résistantes à la chaleur ont permis au pays de devenir autosuffisant en matière de production de blé. Selon la BAD, en seulement trois ans, les surfaces cultivées sont passées de 5.000 hectares en 2018-2019 à 645.000 hectares en 2021-2022. Ce pays prévoit de devenir un exportateur net de blé vers Djibouti et le Kenya. Le Soudan a également eu recours aux variétés de blé résistantes à la chaleur sur 317.000 hectares, réduisant de moitié ses importations de blé en seulement deux ans.

«Mission 1 pour 200» et «Sustain Africa»

La BAD, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, le Sustainable Trade Initiative (IDH), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et Sustain Africa ont lancé la «Mission 1 pour 200», qui vise à assurer la sécurité alimentaire à long terme. L’objectif est de mobiliser un milliard de dollars pour développer à grande échelle des technologies agricoles résilientes au climat, doubler la productivité alimentaire pour 40 millions de petits exploitants agricoles, produire 100 millions de tonnes de denrées alimentaires et nourrir 200 millions de personnes. «Songez à ce que cela signifie : cela veut dire que nous serons en mesure de réduire la faim en Afrique de plus de 80%», s’enthousiasme le président de la BAD. Pour sa part, l’initiative Sustain Africa vise à aider l’Afrique à produire des denrées alimentaires sur 7 millions d’acres, à soutenir 1,6 million d’agriculteurs, à produire des cultures vivrières de base et à lutter contre certaines répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur la sécurité alimentaire en Afrique.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO


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