Éco-Business

Ciment : l’inflation fait stagner les ventes

Au cumul, à fin mars 2022, les livraisons de ciment des membres de l’APC ont atteint 3.428.178 tonnes, soit +1% par rapport à la même période de l’année précédente. Décryptage.

Les effets combinés de la pluviométrie, le durcissement des conditions d’octroi de crédit à la promotion immobilière et la hausse des prix de la plupart des matériaux de construction tirent vers le bas la courbe de croissance des ventes de ciment.

Les ventes cumulées de ciment, principal indicateur du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), se sont renforcées de seulement 1% au terme des trois premiers mois de 2022, par rapport à la même période de l’année précédente, pour atteindre 3.428.178 tonnes. Ce qui pourrait être interprété comme une stagnation, vu le contexte actuel marqué par la hausse des prix des matériaux de construction.

Selon les résultats d’une enquête de terrain, menée par les services extérieurs du ministère de l’Industrie et du commerce, les briques, le ciment, le béton et la céramique, ont connu une légère hausse, alors que certains produits ont connu une stabilité des prix, voire même une légère baisse, notamment la peinture (-4%). Dans le détail, les livraisons des membres de l’APC ont enregistré une baisse de 6,96% au mois de mars 2022, comparées à celles de mars 2021.

Dans Les Inspirations Eco n°3052 du 8 mars, nous expliquions que la sécheresse avait dynamisé les ventes de février. Comme le disait David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC), «la sécheresse a fait que les chantiers ne se sont pas arrêtés comme c’était le cas l’année dernière».

Il va sans dire que depuis la reprise des pluies, ceux-ci connaissent un léger ralentissement, qui se répercute sur la consommation de ciment. Cette évolution se fait dans un contexte où les crédits aux ménages enregistrent une hausse annuelle de 3,7% à fin février 2022, résultant essentiellement d’une augmentation de 4,3% des prêts à l’habitat. Le financement participatif destiné à l’habitat, sous forme de Mourabaha immobilière, a lui aussi poursuivi sa progression et s’est établi à 16,4 MMDH, contre 12 MMDH une année auparavant.

Soulignons qu’au quatrième trimestre 2021, les banques déclarent des critères d’octroi inchangés tant pour les prêts à l’habitat que pour les crédits à la consommation. Concernant la demande, elle aurait progressé aussi bien pour les prêts à la consommation que pour ceux à l’habitat. Pour ce qui est des taux appliqués aux nouveaux crédits aux ménages, ils sont ressortis, au quatrième trimestre 2021, en stagnation à 4,24% pour les crédits à l’habitat et en baisse de 4 pbs à 6,47% pour ceux à la consommation.

Les conditions d’octroi de crédit à la promotion immobilière se durcissent
En revanche, les crédits à la promotion immobilière ont accusé une baisse de 4,8%, après -5% à fin janvier 2022 et -7% à fin décembre 2021. Selon les résultats de l’enquête sur les conditions d’octroi de crédit au titre du quatrième trimestre 2021, les critères auraient été assouplis pour les crédits de trésorerie, maintenus inchangés pour ceux à l’équipement et durcis pour les prêts à la promotion immobilière.

Pendant ce temps, les promoteurs immobiliers broient du noir
Comme expliqué dans Les Inspirations Eco n°3067 du 29 mars 2022, les prix de la plupart des matériaux de construction ainsi que de ceux utilisés dans le secteur des bâtiments et travaux publics «BTP» ont connu une tendance haussière, selon les résultats d’une enquête de terrain, menée par les services extérieurs du ministère de l’Industrie et du commerce.

Certains produits ont connu une augmentation plus importante que d’autres, à savoir le verre (+189%), le cuivre (+61%), l’aluminium (+51%), l’inox (+39%), les câbles électriques (+32%), le bois (+25%) et le fer à béton (+19%). Cette flambée se justifie principalement par la combinaison de plusieurs facteurs qui se sont répercutés sur les prix des matériaux de construction, explique la tutelle.

Parmi ces derniers, on peut citer l’envolée des prix de la matière première à l’échelle internationale, la croissance exorbitante du coût du transport et du carburant, le renchérissement des coûts de production et l’impact des tensions régionales. Quant à la baisse des prix de la peinture, elle est justifiée par l’effet induit par l’interdiction des jetons.

À cela s’ajoutent également d’autres facteurs comme «la sortie mondiale de la pandémie de Covid-19, la reprise économique vigoureuse accentuée par la forte demande sur le marché en matériaux de construction, alors que de nombreuses usines et mines ont été fermées au plus fort de la pandémie pour limiter la propagation du virus, expliqueraient cette tension sur les prix des matières premières, de l’énergie et du transport», si l’on croit David Toledano, président de la Fédération des industriels des matériaux de construction.

Au rythme où vont les choses, les promoteurs ne pourront pas tenir au-delà de deux mois, alerte Karim Amor, vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). «Nous sommes condamnés», s’alarme ce dernier pour qui 300.000 emplois sont en jeu.

«Nous nous sommes engagés dans plusieurs projets sur des prix fixes alors qu’aujourd’hui nous sommes face à des hausses de 50% en moyenne sur les prix des matériaux de construction. Ce qui affecte gravement nos marges», souligne Karim Amor, avant d’ajouter que leurs fournisseurs quittent les chantiers, confrontés à une double peine, à savoir la rareté des matériaux de construction et la hausse des prix sur le marché.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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