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Changement climatique : Nicholas Hulot s’interroge sur le financement

Dans un saisissant plaidoyer pour les pays pauvres, le fameux défenseur e l’environnement a mis les pays riches devant leurs responsabilités. François Fillon défend un nucléaire modernisé dans lequel les pays en développement ne pourront jamais atteindre les objectifs climatiques.

C’est un débat passionnant autour de l’opportunité pour la croissance et le développement que représentent les défis climatiques. Hier à Rabat, dans la continuité des Entretiens de Rayaumont sur le climat, cette thématique est revenue en force dans les propos des intervenants. Nicholas Hulot que tout le monde connaît pour son engagement climatique et qui a été chargé, il y a plus d’un an, par le président Hollande de sillonner le monde pour présenter la COP21 de Paris, a parlé d’un moment critique dans lequel l’humanité est sur la corde raide. Tantôt optimiste, tantôt pessimiste, Hulot a tenu un discours fort rythmé d’interrogations lancinantes. «Comment voulez-vous qu’il y ait changement si l’on continue à subventionner l’extraction des énergies fossiles à raison de 500 milliards de dollars par an?», lance-t-il. Ce sera, en effet, difficile si le même financement n’est pas accordé aux énergies renouvelables.

À plus forte raison que les pays signataires de l’Accord de Paris n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la manière dont les 100 milliards de dollars consacrés à l’adaptation des pays pauvres à l’impact climatique doivent être déployés. Serait-ce sous forme de dons ou de prêts ? Pour Hulot, la question ne doit même pas être posée, s’agissant de pays qui n’ont pas les moyens pour faire face aux changements climatiques. L’exemple des pays insulaires qui sont menacés de disparition suite à la montée des eaux est à ce niveau fort éloquent. La question du financement reste donc la grande inconnue de l’Accord de Paris et promet des débats houleux à la COP de Marrakech. Du fond de son pessimisme, Hulot considère qu’il n’est pas encore trop tard de bien faire. Il propose des solutions comme la réhabilitation chaque année de 4 millions d’hectares de terres arables dans le monde d’ici 2050. En plus de garantir l’alimentation des générations futures, ces terres seront un réceptacle pour le surplus de CO2 émis par la machine industrielle.

Autre exemple, l’économie circulaire qu’Hulot affirme avoir vu à l’œuvre dans plusieurs pays dont la Chine. Et de conclure que la COP22 de Marrakech, en plus qu’elle soit celle de l’Afrique, sera aussi celle de la transparence, de la cohérence et surtout de l’exigence afin de différencier les climato-compatibles de ceux qui ne le sont pas. François Fillon, ex-premier ministre de France a mis les choses dans leur contexte en évoquant une année 2016 des plus chaudes depuis que la température de la terre est scientifiquement mesurée. Pour lui, il est aujourd’hui plus qu’une nécessité de combiner progrès économique et progrès environnemental, l’un n’allant pas sans l’autre. «Ce sont deux objectifs qui doivent aujourd’hui coexister car il s’agit d’autant d’opportunités pour l’emploi et la croissance. Je récuse aussi la productivité aveugle tout autant que les idéologies creuses à propos des problématiques énergétiques», a-t-il tonné.

Pour Fillon, la bataille du climat doit être considérée sur deux fronts. Primo, accélérer les processus de développement des énergies alternatives. Secundo, aller vers une énergie nucléaire modernisée. Car, explique-t-il, sans nucléaire «beaucoup de pays n’atteindront jamais leurs objectifs environnementaux». Il faut savoir qu’en France, le débat sur l’atome est assez représentatif des tiraillements mondiaux sur le nucléaire. Fillon a également mis en avant l’importance d’une fiscalité intelligente et non punitive pour encourager les entreprises à investir dans l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique. Toute cette dynamique doit s’inscrire dans le partage des technologies et non de rétention. Le responsable français a donné l’exemple de l’automobile de demain qui devra faire l’objet d’un mixage entre les logiciels américains, l’architecture asiatique et surtout une connexion via Google ou Apple. Il y a aujourd’hui un mouvement mondial où les bonnes idées florissantes comme cet ingénieux procédé qui consiste à donner une recharge de téléphone sur toute poubelle triée. Les banques s’y mettent aussi en introduisant l’aspect RSE dans les critères d’octroi de crédits. Dans cette perspective, Jean-Jaques Santini, conseiller de BNP-Paribas, a parlé des crédits à taux zéro en faveur des constructions de maisons à basse consommation d’énergie. Déjà 500.000 prêts ont été octroyés dans cette dynamique qui s’est avérée porteuse de profit de part et d’autre. «Nous ne finançons plus les centrales à charbon dans les pays développés», affirme-t-il. Voilà un exemple parmi d’autres qui montre que le monde de la finance n’est pas forcément dénué d’éthique.


C’est quoi les Entretiens de Rabat
Dans la continuité des Entretiens de Royaumont et suite aux éditions tenues à Madrid, Varsovie, et Abu Dhabi, c’est au Maroc qu’ont eu lieu les Entretiens de Rabat. Organisé par la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) et les Entretiens de Royaumont, l’évènement a été l’occasion de créer un environnement propice à l’échange et au débat. Labellisés COP22, les Entretiens de Rabat s’inscrivent dans une dynamique d’échanges, de débats et d’ouverture d’esprit. À signaler que depuis 2003, les Entretiens de Royaumont rassemblent personnalités et décideurs des mondes politique, économique et culturel afin de construire un espace de débat ouvert et libre. L’objectif visé par les organisateurs des Entretiens de Rabat est de donner l’opportunité aux hommes et aux femmes de divers horizons, de débattre, en toute liberté de parole, toutes opinions confondues. C’est ainsi que naissent des inspirations réciproques et que des idées nouvelles se transforment en actions politiques.



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