Carlos Ghosn : « Nous avons vu bien avant tout le monde le potentiel du Maroc »
Dans l’agenda de sa visite au Maroc, Carlos Ghosn a participé aux travaux de la World Policy Conference, avant de rencontrer quelques médias triés sur le volet, dont Les Inspirations ÉCO. Un échange intéressant même en l’absence de toute grande annonce.
En marge de son intervention dans la World Policy Conference (WPC) qui se poursuit actuellement à Rabat, Carlos Ghosn a tenu une table ronde restreinte en présence des représentants d’une demi-douzaine de médias, dont Les Inspirations ÉCO. Le grand patron du Groupe Renault (et de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi) a notamment commenté la grande annonce faite à l’occasion de son déplacement à savoir, le doublement capacitaire de la Somaca qui produira 160.000 véhicules à l’horizon 2022.
«Somaca a fait tous les efforts nécessaire pour être compétitif et le Gouvernement Marocain a facilité cette compétitivité. Le Gouvernement qui était inquiet que le développement de l’usine de Tanger se fasse au détriment de la Somaca et qui nous a souvent dit qu’il fallait à tout prix maintenir les deux sites et c’est ce que nous avons fait de bonne foi», a expliqué M. Ghosn.
Carlos Ghosn a profité de cet échange pour souligner l’importance du travail fait par les Pouvoirs Publics et en particulier le ministère de l’Industrie. «Ce qui me paraît très important et fondamental, c’est que ce partenariat où le Gouvernement Marocain s’assure de la compétitivité de son industrie et nous, en tant qu’industriel, nous nous assurons de la compétitivité de nos usines, constitue la condition de base du succès de nos deux usines (…) c’est un partenariat gagnant-gagnant», dixit Ghosn.
Répondant à une question sur le taux d’intégration locale, Carlos Ghosn a rappelé que son groupe était engagé dans cet effort. «Puisque nous voulons une industrie pérenne au Maroc, nous avons tout intérêt à localiser au Maroc et tirer profit de tout ce que le royaume peut offrir», a-t-il dit dans ce sens, martelant «notre taux d’intégration va augmenter».
Tanger, une usine moderne
S’agissant de l’usine tangéroise de son groupe, le président de Renault est tout aussi ambitieux et visionnaire. «Pour ce qui est de Tanger, la capacité est de 340.000 voitures et nous allons l’utiliser», a-t-il déclaré, ajoutant «n’importe quel bruissement supplémentaire sur les marchés internationaux, va poser la question de l’expansion de l’usine de Tanger».
À la question de savoir si cette usine produira un jour autre chose que des Dacia, la réponse est plutôt équivoque : «Tanger est une usine moderne et dans laquelle nous avons beaucoup investi (…) Tanger fera des produits modernes et ces produits modernes, nous les définissons, mais c’est le client qui les appelle».
M. Ghosn entretient également le flou (et le mystère) en disant : «Tanger est d’abord un site Renault, donc il y a une priorité à ses marques Dacia et Renault, mais c’est aussi un site qui est tout à fait capable de servir à n’importe qu’elle marque de l’Alliance». L’allusion est ici faite à Nissan, mais aussi à Mitsubishi, mais il ne s’agit que là d’une hypothèse.
La concurrence arrive…
S’agissant de l’arrivée d’autres constructeurs automobile concurrents, le président de Renault s’est dit «favorable», n’ayant «aucune objection que d’autres constructeurs viennent s’installer (…) car plus il y a de constructeurs, plus il y aura des fournisseurs qui viennent».
Interpellé plus d’une fois sur les projets de PSA (usine, moteurs…), Ghosn déclare et rappelle : «nous sommes contents que la concurrence arrive, mais nous, nous avons vu bien avant tout le monde le potentiel du Maroc». En même temps, «le Maroc est une base industrielle très importante pour Renault (…) c’est une base qui va être moderne, compétitive et nous allons dans le sens de la localisation ensemble».
Enfin, s’exprimant sur la conjoncture mondiale et une éventuelle baisse des ventes, le même homme ne remet pas en cause la globalisation, mais estime «qu’elle doit être assise sur des accords équilibrés et qui soient mieux acceptés par les différentes parties». Dans ce contexte actuel de la mondialisation, le groupe n’est pas appelé à changer de stratégie selon Ghosn qui a formulé : «on ne change pas de plan de marche, mais on s’adapte et on se prépare à s’adapter».