Carburants : les baisses internationales profitent-elles réellement aux consommateurs ?
Malgré une hausse de 10,8% des volumes d’importation, les valeurs chutent de 9,75%. C’est en substance ce qui ressort du 4e rapport trimestriel 2024 du Conseil de la Concurrence sur le marché du gasoil et de l’essence. Les neuf sociétés dominent 84% du marché, avec des marges brutes stables malgré la baisse des cours internationaux.
Trois aspects majeurs ressortent d’emblée du 4e rapport trimestriel 2024 du Conseil de la Concurrence sur le marché du gasoil et de l’essence. Outre l’évolution des principaux indicateurs économiques, le document fait une analyse de la corrélation entre les cours internationaux des carburants et les prix nationaux, et examine les marges brutes dégagées par les sociétés concernées.
+10,8% en volume face à -9,75% en valeur
Au cours du troisième trimestre de 2024, le marché marocain du gasoil et de l’essence a enregistré une augmentation significative des volumes d’importation. Les importations totales ont atteint 1,7 million de tonnes, soit une hausse de 10,8% par rapport au même trimestre de l’année précédente.
Cependant, en valeur, ces importations ont diminué de 9,75%, s’établissant à 12,9 MMDH. Cette baisse s’explique en partie par la chute des prix internationaux des carburants. Les neuf sociétés concernées par le rapport ont réalisé près de 84% du volume et de la valeur des importations totales.
En termes de répartition par type de carburant, le gasoil a représenté 88% des importations, tandis que l’essence a constitué 12%. Les importations de gasoil ont augmenté de 3,6% en volume, mais ont chuté de 15,4% en valeur. En revanche, les importations d’essence ont augmenté de 18,4% en volume, tout en enregistrant une légère baisse de 3,6% en valeur.
+6,6% de recettes fiscales
Les recettes fiscales générées par les importations de gasoil et d’essence ont également augmenté, atteignant 7,21 MMDH au troisième trimestre de 2024, contre 6,76 MMDH un an auparavant, soit une hausse de 6,6%.
Cette augmentation est principalement due à la hausse des volumes d’importation, qui ont entraîné une augmentation des recettes de la Taxe intérieure de consommation (TIC). La TIC a ainsi généré 5,35 MMDH, en hausse de 10,6% par rapport à l’année précédente.
En ce qui concerne le stockage, la capacité totale disponible au Maroc s’élève à 1,56 million de tonnes, dont 88% est dédiée au gasoil, en augmentation de 4,2% par rapport à T2. Les neuf sociétés concernées par le rapport détiennent 81,7% de cette capacité, soit 1,27 million de tonnes.
Les ventes de gasoil et d’essence en hausse de 4,8%
Le segment de la distribution n’a pas connu de nouveaux entrants au cours du troisième trimestre de 2024, notant que le dernier agrément ayant été octroyé en octobre 2023. Ainsi, le nombre d’opérateurs disposant d’un agrément provisoire pour la distribution de produits pétroliers liquides reste stable à 35.
Les ventes totales de gasoil et d’essence ont atteint 2,33 milliards de litres, en hausse de 4,8% par rapport à l’année précédente. Les neuf sociétés concernées ont réalisé 1,9 milliard de litres de ventes, soit 82% du marché. Le gasoil représente 83,8% des ventes totales, avec 1,59 milliard de litres écoulés.
Une baisse des cotations internationales partiellement répercutée sur les prix
Le rapport analyse également la corrélation entre les cotations internationales des carburants et les prix de vente au niveau national. Les cotations CIF (coût, assurance, fret) des produits raffinés, basées sur les prix du marché de Rotterdam, ont enregistré une baisse significative au cours du trimestre.
Pour le gasoil, la baisse des cotations CIF a été de 0,68 DH/l, tandis que les prix de vente à la pompe ont diminué de 0,48 DH/l. Pour l’essence, la baisse des cotations CIF a été de 1,05 DH/l, contre une baisse de 0,74 DH/l pour les prix de vente.
Cette analyse réalisée par le Conseil de la Concurrence montre que les opérateurs ont répercuté une partie de la baisse des coûts d’achat sur les prix de vente, mais avec un décalage. Les coûts d’achat moyens ont baissé de 0,69 DH/l pour le gasoil et de 0,78 DH/l pour l’essence, tandis que les prix de cession ont diminué de 0,42 DH/l pour le gasoil et de 0,72 DH/l pour l’essence.
Concernant les marges brutes réalisées par les neuf sociétés concernées, elles s’élèvent à 1,46 DH/l pour le gasoil, tandis que celles pour l’essence atteignent 2 DH/l. Ces marges sont en hausse par rapport au deuxième trimestre de 2024, mais restent dans la moyenne observée au cours du premier semestre de l’année. A titre de comparaison, les niveaux de marges brutes dégagées en ce 3e trimestre de l’année 2024 sont relativement au-dessus des niveaux relevés au 2e trimestre (1,21 DH/l pour le gasoil et 1,79 DH/l pour l’essence), mais demeurent dans les mêmes proportions de tout le 1er semestre de l’année 2024 (1,34 DH/l pour le gasoil et 1,93 DH/l pour l’essence).
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO